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Question écrite concernant le "routeplanner" lancé en test par la STIB.

de
David Weytsman
à
Elke Van den Brandt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de la Mobilité, des Travaux publics et de la Sécurité routière (question n°333)

 
Date de réception: 02/03/2020 Date de publication: 19/05/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 19/05/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
13/03/2020 Recevable Bureau élargi du Parlement
 
Question    La presse nous apprenait le lundi 2 mars dernier que la STIB lançait en test une nouvelle application de type routeplanner. A cet égard, la STIB entamerait le recrutement de 2.000 testeurs de l’application en beta test. Tant les Bruxellois que les navetteurs constitueraient la cible de cette campagne de recrutement. Cette application qui permettra à terme de créer un référentiel unique de l’offre de transport est pour nous une bonne chose et rejoint une proposition d’ordonnance que nous avons déposée en 2015.

En effet, vous le savez, la nécessité d’un système d’information multimodal découle d’un état de fait : la majorité des Bruxellois – et plus encore dans les quartiers centraux – sont devenus, par choix ou par nécessité, multimodaux, surtout pour leurs déplacements internes à la Région1. 82,2 % des Bruxellois ont un profil multimodal2. Cependant, près d’un tiers des résidents bruxellois déclarent ne pas utiliser de source d’information particulière pour réaliser leurs déplacements, cette part croît avec l’éloignement de la Région. De ce fait, nous avons besoin davantage de services de mobilité, appuyés par le développement de nouvelles technologies et d’applications3. En outre, le développement et l’amélioration de l’offre de transport en termes d’exploitation et d’infrastructure ont une valeur limitée lorsque l’usager en a une connaissance nulle ou incomplète4.

Comme le signale le CEO de la STIB dans la presse, la condition de réussite de cette application passera par l’intégration tarifaire de l’ensemble des opérateurs présents sur l’application. Si cette intégration ne se fait pas, l’application de la STIB ne serait qu’une pâle copie d’autres applications qui fonctionnent déjà telles que Citymapper ou encore Whim. En outre, un système de paiement en direct reste la clé de réussite de ce projet, ce qui ne semble pas être le cas dans la version actuellement en test. Madame la Ministre, ce type d’application n’a rien de nouveau et était déjà utilisé, notamment dans l’agglomération lyonnaise au travers du projet « OPTIMOD’LYON» en 2012 soit il y a plus de 8 ans. Au niveau européen, un projet dénommé « OPTICITIES », déclinaison du projet lyonnais a été mis en œuvre dans différentes villes européennes pour la période 2013-2016. Ce projet s’inscrivait dans la ligne droite du programme européen « Framework 7th Transport »
5. Le chef de file du projet était l’agglomération lyonnaise et les villes partenaires étaient Birmingham, Göteborg, Turin, Madrid et Wroclaw.

Madame la Ministre, je souhaiterais vous poser les questions suivantes :

· Quel est l’agenda de ce projet pour la STIB ? Combien de temps va durer la phase pilote ? Est-ce que la back end et le front end de l’application ont été conçus par la STIB ?

· Où en sommes-nous dans le recrutement de candidats participant à l’utilisation de l’application en beta test ? Quelle est la part de Bruxellois, de navetteurs, d’hommes et de femmes ? Y-a-t-il une représentativité au niveau des âges et du niveau d’études ?

· Quels sont les critères retenus quant à l’intégration d’opérateurs privés dans l’application ? Pourquoi ne pas avoir intégré tous les opérateurs de trottinettes et de ridesharing qui opèrent en Région bruxelloise ? 

· Disposez-vous des résultats du projet européen Opticities ? En quoi ce retour d’expériences a été utile pour la STIB dans la conception de l’application ?



1 MACHARIS C. et al., Cahiers urbains : Mobilité et logistique à Bruxelles, Bruxelles, 2014, p. 46.
2 LEBRUN K. et al., Cahiers de l’Observatoire de la mobilité de la Région de Bruxelles-Capitale : Les pratiques de déplacements à Bruxelles, analyses approfondies, 2014, p. 35.
3 Idem, p. 43
4 ROCCI R., « Changer les comportements de mobilité, exploration d’outils de management de la mobilité : les programmes d’incitation au changement de comportements volontaire », Paris, 2009, p. 3.
5 Decision 1982/2006/EC of the European Parliament and of the Council of 18 December 2006 concerning the Seventh Framework Programme of the European Community for research, technological development and demonstration activities (2007-2013)
 
 
Réponse    L’appel à trouver 2.000 testeurs a été lancé début mars. Le lancement de la phase de test du pilote avec les 2.000 testeurs qui auront été sélectionnés débutera fin juin 2020 pour une période de minimum 6 mois. Le lancement de l’application pour le grand public est prévu fin 2021. Initialement prévue fin avril, les mesures de confinement ont retardé le lancement de la phase test.

Le développement de la plateforme (le front-end et le back-end) pour le projet pilote a été confié par la STIB à un partenaire tiers (Instant System) à la suite d’un appel d’offres en 2019.

Le recrutement des 2.000 testeurs est toujours en cours. La STIB peut déjà indiquer qu’à la date du 8/3, sur les 3.210 personnes qui s’étaient inscrites, 62% étaient Bruxelloises. On dénombrait 62% d’hommes pour 38% de femmes (le cap des 1.000 femmes inscrites avait tout de même déjà été franchi).

L’objectif, dans ce cadre-ci, n’est pas d’avoir un échantillon représentatif de la population belge et/ou bruxelloise : en effet, en raison de la taille réduite de l’échantillon (2.000 testeurs recherchés), il n’est pas possible, statistiquement parlant, de représenter l’ensemble de la population de manière scientifique.

L’objectif est d’avoir un groupe de testeurs le plus hétérogène possible afin de tester ces hypothèses en matière d’habitudes de mobilité. Les critères de sélection tiendront notamment compte de l’importance d’avoir des testeurs de genre, âge, domicile, composition familiale, activités, niveau de formation, facilité de déplacement (personnes à mobilité réduite), disposant ou non d’un ou plusieurs abonnements à des offres de mobilité etc. différents.

Dans le cadre du projet pilote la STIB intègre au moins 1 opérateur par mode de transport. Au niveau technique, l’intégration de chaque opérateur requiert un effort qui doit se marier avec le temps de développement – court - avant le lancement du test pilote.

Le pilote intègre aujourd’hui les 2 opérateurs privés de trottinettes partagées actuellement actifs à Bruxelles, 2 opérateurs pour les vélos partagés (station based et free floating), une société de car sharing ainsi que Taxi vert et Collecto.
Ces opérateurs privés ont été sélectionnés sur base de différents critères : qualité de service, impact environnemental, couverture géographique, volonté de collaborer, support bilingue etc.

La STIB suit plusieurs projets européens et en analyse les résultats. Dans le cadre du projet européen Opticities, dirigé par le Grand Lyon, la STIB suit les évolutions des solutions MaaS que les principaux partenaires d’Opticities y ont développé. À titre d’exemple, la STIB a pris connaissance des solutions MaaS proposées par Cityway et Hacon dans le cadre d’Opticities et d’autres. La STIB analyse également régulièrement les services, et, si disponible, les résultats des MaaS de Madrid et de Gothenburg, qui ont fait partie intégrante du projet Opticities.