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Question écrite concernant la baisse du trafic par la voie d'eau enregistrée par le Port en 2019.

de
Gaëtan Van Goidsenhoven
à
Alain Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Démocratie participative (question n°197)

 
Date de réception: 04/02/2020 Date de publication: 11/05/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 07/05/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
13/03/2020 Recevable Bureau élargi du Parlement
 
Question    Suivant une tradition bien rodée, le port de Bruxelles a publié à fin janvier 2020 les données de trafic au Port de Bruxelles au cours de l’année 2019.

Ce n’est pas la première fois que le souhait fut exprimé de pouvoir disposer d’une telle information soit à fin décembre soit aux tout premiers jours de l’année.

Inutile de répéter que le port d’Anvers a publié en date du 27 décembre 2019 ses données de trafic pour l’année qui se termine.

Est-ce la baisse du trafic qui est à l’origine de cette réserve dans la publication des chiffres ? Toujours est-il que l’année 2019 ne sera pas à inscrire parmi les meilleures performances car le trafic de transit s’est effondré de 31,8 % sur les marchandises qui transitent par Bruxelles sans être chargées ni déchargées.

Cette diminution assez lourde se répercute dans l’ensemble du trafic du Port de Bruxelles qui accuse une diminution générale de son trafic en 2019 de 9 %.

Il n’est sans doute pas inutile de rechercher les causes justifiant cette diminution de performances du trafic par la voie d’eau, alors que le Port d’Anvers affiche une nouvelle progression de 1,3 %.

Le trafic conteneurs a augmenté de 6,2 % en nombre de tonnes, alors qu’à Bruxelles, la progression est plus limitée.

Le Port de Bruxelles réalise toutefois un bon score pour les matériaux de construction et pour les conteneurs qui représentent grosso modo 10 % du trafic propre du Port de Bruxelles.

Celui-ci fait état de travaux d’infrastructures importants qui ont eu lieu en 2019 au sud de la capitale.

L’argumentation avancée semble un peu faible et manque de justifications plus détaillées afin de se rendre compte si le phénomène est réversible ou pas.

Le trafic de transit qui a « échappé » au port de Bruxelles serait -il dû à une modification du parcours par les bateliers préférant prendre la direction de l’Escaut ?

En conséquence, Monsieur le Ministre voudra-t-il apporter les précisions suivantes :

· La perte de trafic de transit au port de Bruxelles est-elle due à une modification du parcours choisi par les bateliers et empruntant de préférence la voie via l’Escaut ?

· Les restrictions aux heures d’ouverture de l’ascenseur de Strépy en soirée et le dimanche est-elle une explication dans la diminution du trafic de transit à Bruxelles ?

· Des interdictions plus particulières seraient - elles d’application dans le sud du pays amenant les bateliers à choisir un autre parcours ?

· Pendant la période de sécheresse connue dans le courant de l’année 2019, le tirant d’eau est-il tombé à un niveau assez bas au point de dissuader certains bateliers de transiter par les installations portuaires bruxelloises ?

· Alors que le port s’est vanté d’obtenir de nouveaux trafics avec le transport des terres prélevées dans des chantiers bruxellois, cet enthousiasme ne semble pas se retrouver dans les chiffres. En effet, le trafic des matériaux de construction n’a affiché qu’une timide évolution de 2 %.
 
 
Réponse    Vous comprendrez que le Port attend, pour publier ses statistiques de trafic, que l’année soit terminée, tout comme vous comprendrez que celles-ci doivent être traitées, agrégées et mises en forme. Enfin vous comprendrez que le CA du Port puisse en prendre connaissance avant publication.

Ce qui nous mène en effet à une publication des résultats fin janvier, soit un mois après leur production. Je pense que cela reste un délai tout à fait raisonnable et compatible avec des règles de transparence et de bonne gouvernance.

Permettez-moi également de noter que les résultats obtenus par le Port d’Anvers - 13ème port maritime le plus important au monde – sont certes intéressants, mais peu comparables avec le Port de Bruxelles. Ce dernier est un port intérieur, certes capable d’accueillir à l’avant-port des navires jusqu’à 4.500 tonnes, mais disposant d’infrastructures est de moyens autrement moins conséquents.

Un changement de parcours via le Haut Escaut peut être privilégié par les bateliers dans certaines circonstances. En effet, les ouvrages d’art de l’axe ABC, nombreux, vétustes et parfois peu adaptés au trafic de gros tonnage peuvent s’avérer dissuasifs. Les 14 km de canal bruxellois ne représentent cependant que 10% du parcours entre Anvers et Charleroi.

L’horaire d’activité de l’ascenseur de Strépy est peut-être une de ces causes qu’il conviendrait d’approfondir.

C’est une question à laquelle nous ne sommes pas en mesure de répondre sans enquête préalable auprès des bateliers.

La sécheresse, la diminution du tirant d’eau, et les problèmes significatifs de navigabilité qui en résultent, sont également des éléments d’explications, objectivés par le rapport 2019 d’observation du marché intérieur européen, publié par la Commission centrale pour la navigation du Rhin (CCNR).

En dépit de ces constats alarmants, les 14 km du canal de la Région n’ont connu aucun problème de navigabilité, comme en témoigne le trafic propre (entrant, sortant et local), qui a connu une hausse significative (+25%) ces deux dernières années.

Le Port de Bruxelles s’efforce en effet de maintenir en permanence un niveau d’eau adéquat grâce à ses deux écluses équipées de dispositifs permettant de pomper l’eau d’un bief sur l’autre. Ce n’est hélas pas le cas des quatre écluses en amont de la Région bruxelloise.


Concernant les faibles performances du trafic de terres de chantiers, il ne faut pas se laisser abuser par les chiffres. Tout est une affaire de proportion : le transport de matériaux de construction représente 62,2% du volume total de trafic. Une augmentation de 2% du trafic sur cette catégorie représente donc un tonnage significatif.

On peut donc dire que le canal rempli pleinement son rôle au profit de la Région bruxelloise. Je préfère donc me focaliser sur ces évolutions positives et prendre la mesure du potentiel existant en matière trafic propre, sur lequel nous avons quelques prises.

Mais nous devons néanmoins également rester attentifs aux évolutions du trafic de transit. C’est pourquoi le CA du Port a décidé en date du 31 janvier 2020 d’écrire aux deux régions voisines pour les sensibiliser à la problématique du trafic de transit et attend la publication des statistiques des voies navigables flamandes et wallonnes.