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Question écrite concernant la mise sur pied d’un fonds interrégional pour le cinéma et la façon dont la Région de Bruxelles-Capitale pourrait contribuer à encourager la production de certains films de niche

de
Bianca Debaets
à
Rudi Vervoort, Ministre-Président du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé du Développement territorial et de la Rénovation urbaine, du Tourisme, de la Promotion de l'Image de Bruxelles et du Biculturel d'intérêt régional (question n°243)

 
Date de réception: 13/05/2020 Date de publication: 24/06/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 22/06/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
19/05/2020 Recevable p.m.
 
Question    J’ai récemment interrogé le secrétaire d’État Smet au sujet du secteur audiovisuel à Bruxelles et de la campagne de promotion de screen.brussels (question écrite n° 135). Dans ce cadre, nous avons entre autres abordé l’attractivité de notre Région pour les projets de tournage belges et étrangers.

Souvent, on attire de tels projets au moyen de fonds pour le cinéma, grâce auxquels les cinéastes peuvent obtenir le petit coup de pouce financier nécessaire et les investisseurs peuvent également avoir leur part du gâteau après un certain temps. À cet égard, il convient par exemple de noter la création du nouveau Media Capital Flanders, un projet du producteur Daniel Maze qui souhaite, d’ici l’automne, lever 7 millions d’euros à investir dans trois films internationaux et commerciaux. Ce nouveau fonds pour le cinéma se concentre principalement sur les films d’horreur et de science-fiction ; deux genres qui, selon M. Maze, rapportent davantage en raison de leurs budgets de production limités et qui peuvent en outre compter sur un public fidèle. Dans le cas précis de Media Capital Flanders, les investisseurs se voient promettre un rendement de base de 12%, plus un cinquième du « box-office » ou du produit net de l’exploitation des droits cinématographiques (billets de cinéma, vente aux services de streaming, etc.).

Dans tous les cas, Bruxelles constitue un décor populaire et apprécié pour de nombreux films, séries, documentaires et autres productions audiovisuelles. Le tax shelter existant contribue également à stimuler le secteur audiovisuel belge, en ce compris dans notre Région. De plus, l’un des plus grands festivals de films de genre, à savoir le Festival international du film fantastique de Bruxelles (BIFFF), se tient chaque année dans notre capitale depuis 1983.

Je voudrais dès lors vous poser les questions suivantes :

- Comment encourage-t-on déjà le tournage, la réalisation ou la production de tels films de niche (films au budget limité ou d’un genre qui n’est pas considéré comme « grand public ») à Bruxelles ? Pouvez-vous donner un relevé des films en question qui ont déjà bénéficié d’une aide de screen.brussels ? Pouvez-vous indiquer comment on collabore avec finance.brussels à cet égard ?

- En dehors du BIFFF, y a-t-il encore d’autres festivals de cinéma ou initiatives similaires (ayant donc un contenu plus large qu’un simple projet audiovisuel en soi) qui bénéficient d’une aide structurelle de screen.brussels ? Dans l’affirmative, quelles sont ces initiatives et de quelle aide bénéficient-elles (ventilée par initiative) ?

- Comment la Région de Bruxelles-Capitale envisage-t-elle la possibilité de participer également à de tels fonds pour le cinéma ? Screen.brussels fait-il déjà partie de tels fonds pour le cinéma ? Dans l’affirmative, de quels fonds s’agit-il et quels investissements y sont-ils liés ? Pouvez-vous indiquer de quelle discussion et concertation avec vos collègues ayant des compétences y afférentes (comme le secrétaire d’État Smet pour le commerce extérieur, le ministre Gatz et le ministre-président Vervoort pour l’image de Bruxelles) cette question fait l’objet au sein du gouvernement bruxellois ?

- Comment la Région de Bruxelles-Capitale envisage-t-elle la possibilité de lancer elle-même un tel fonds pour le cinéma ? Envisage-t-on de se concentrer sur certains (sous-)genres, afin de pouvoir encourager la production de films de niche à Bruxelles ? Quel est le lien avec le « screen.brussels fund » existant ? Pouvez-vous donner un relevé (ventilé par type d’aide et par projet) des projets concrets qui ont déjà bénéficié d’une aide de ce fonds depuis le début de la législature actuelle ?

- Comment envisage-t-on la possibilité, pour ce fonds pour le cinéma, de fonctionner au niveau interrégional ? Quelle concertation a-t-elle déjà eu lieu avec les autres Régions du pays à cet égard ?
 
 
Réponse    Production de films de niche.

Comme vous le savez, depuis 2016, la Région de Bruxelles-Capitale a mis en place la marque screen.brussels afin de positionner notre Région comme un des territoires européens leader dans la création, production, post-production et diffusion de contenus audiovisuels.

Les deux principaux mécanismes de soutien de la production cinématographique sont le screen.brussels fund qui a comme objectif de générer des retombées structurantes en matière d’emploi et de carnet de commande des entreprises et la screen.brussels film commission (pilotée par visit.brussels) qui vise à organiser et faciliter les tournages en Région de Bruxelles-Capitale.
https://screen.brussels/nl/over-ons

Avant le succès commercial du projet, c’est avant tout sa capacité à générer des effets structurants en matière d’emplois artistiques et techniques bruxellois ainsi qu’à remplir le carnet de commande des entreprises audiovisuelles bruxelloises qui retient l’attention du screen.brussels fund.

Les investissements du fonds se retrouvent donc aussi bien dans des films dits « main stream » tels que
Do You Saint Tropez, Patser, Lucky, Kursk, La promesse de l’Aube, Le Fidèle, Dode Hoek ou Niet Schieten, pour n’en citer que quelques-uns, que dans des films dits de « genre » (fantastique, horreur..) comme par exemple I kill Giants (notamment diffusé dans le cadre du BIFFF) Mon Ange, Sprite Sisters, Le Calendrier ou Cub. Pour des infos détaillées sur toutes les productions soutenues par screen.brussels fund, je vous invite à consulter leur site internet :

Cfr. films d’horreur soutenus par screen.brussels
https://tinyurl.com/y96efsny

Cfr. films fantastiques soutenus par screen.brussels
https://tinyurl.com/y8lkgcmt

Pour rappel, finance.brussels a comme mission de financer les entreprises et non pas les contenus. Son attention particulière pour les entreprises audiovisuelles s’exprime via la marque screen.brussels business.

La dernière composante de screen.brussels est screen.brussels cluster, (pilotée par hub.brussels) dont la mission est d’accompagner les entrepreneurs audiovisuels dans le développement et la croissance de leur entreprise.


Soutien aux festivals de cinéma.

screen.brussels n’a pas pour mission de soutenir de manière structurelle les évènements cinématographiques et audiovisuels en Région de Bruxelles-Capitale. Par contre, il arrive que l’une ou plusieurs composantes de la marque screen.brussels s’associent de manière tactique et concertée à des évènements professionnels lorsque ceux-ci sont de nature à les aider à atteindre leurs objectifs : encourager les tournages à Bruxelles pour screen.brussels film commission, favoriser les co-productions et les inscriptions dans la base de données pour screen.brussels fund, informer et accompagner les entrepreneurs pour screen.brussels cluster. Plusieurs organisateurs s’adressent également à screen.brussels afin que leurs événements soient relayés auprès des professionnels via son site et/ou ses réseaux sociaux. En 2019, les événements suivants ont noué un partenariat tactique avec une ou plusieurs composantes de screen.brussels :

- BIFFF et BIFFF Market : présentation studios d’effets spéciaux, jury VR (screen.brussels cluster) ; partenariat visibilité/promotion et locaux au BIP (screen.brussels film commission), achat d’accréditation (screen.brussels fund).

- Brussels International Film Festival : participation au forum de co-production, relais de la communication des jobs days (screen.brussels fund et screen.brussels cluster).

- Festival Anima : participation au forum de co-production, présentation des studios d’animation bruxellois (screen.brussels fund et screen.brussels cluster).


Intervention dans les fonds audiovisuels

Des fonds tels que Media Capital Flanders (lié aux Studios AED de Lint) sont des fonds privés qui cherchent avant tout à investir dans des projets susceptibles d’offrir un rendement direct auprès des investisseurs (eux aussi privés) tandis que les fonds régionaux tels que screen.brussels cherchent avant tout à investir dans des projets qui génèrent des emplois structurants en Région de Bruxelles-Capitale et/ou qui remplissent le carnet de commandes des entreprises audiovisuelles bruxelloises. Les recettes générées par les projets sont un bonus (puisque nous avons droit à un prorata des bénéfices en fonction des montants investis- en moyenne 1 à 5% du projet) mais ne constituent pas un critère de décision prioritaire. A contrario, les projets recherchés par les fonds privés comme Media Capital Flanders sont ceux qui sont susceptibles de générer les meilleures recettes indépendamment du nombre d’emplois créés. À noter que les fonds privés sont rares en Belgique dans la mesure où les entreprises privilégient en général le mécanisme du tax-shelter plutôt que des investissements directs et à risque dans des projets.

À ce jour, aucune discussion n’a été menée pour monter un fonds audiovisuel public-privé à Bruxelles.


Comment soutient-on les films de niche ou de genre ?

Comme exposé supra, screen.brussels cherche avant tout à investir dans des projets qui génèrent des emplois structurants en Région de Bruxelles-Capitale et/ou qui remplissent le carnet de commandes des entreprises audiovisuelles bruxelloises. Les recettes générées par les projets sont un bonus. À ce jour, aucune discussion n’a été menée pour monter un fonds audiovisuel public-privé à Bruxelles.

La production de films de niche mais aussi de séries et de formats de niche sont déjà soutenus par screen.brussels fund puisque la Région de Bruxelles-Capitale a investi dernièrement dans :

· des films longs métrages à très petits budgets (dont le budget total varie entre 300.000 € à 400.000 €»)
o
Losers Revolution 35.000 € https://screen.brussels/nl/project/losers-revolution
o
Une vie démente 30.000 € https://screen.brussels/nl/project/une-vie-demente

· Webséries
o
Brak 12.000 € https://screen.brussels/nl/project/brak
o La Théorie du Y S2 25.000 €
https://screen.brussels/nl/project/la-theorie-du-y-saison-2
o Detox 20.000 €
https://screen.brussels/nl/project/detox

· Collections de courts-métrages
o La belge collection 25.000 €
https://screen.brussels/nl/project/la-belge-collection-vol1

· Réalités virtuelles
o
11.11.18 10.500 € https://screen.brussels/nl/project/111118

Projets soutenus en 2019
https ://tinyurl.com/y7f92dg2

Projets soutenus en 2020 à ce jour (mai 2020)
https://tinyurl.com/yasxq9xn


Fonctionnement d’un fonds audiovisuel à un niveau interrégional

Tous les producteurs belges, qu’ils soient basés en Flandre, en Wallonie ou en Région de Bruxelles-Capitale, ont la possibilité d’introduire des demandes de financement auprès du screen.brussels fund. Tous les producteurs belges ont également la possibilité d’introduire le même projet auprès de 1 ou 2 ou même 3 fonds régionaux existant. Chaque fonds analyse toutefois le projet de manière indépendante en fonction de la qualité des dépenses structurantes générées dans sa propre région.

Les projets suivants ont par exemple bénéficié d’investissements de screen.brusssels fund, de Screen Flanders et de Wallimage.

L’Opéra https://screen.brussels/nl/project/lopera
Kursk https://screen.brussels/nl/project/kursk

Les projets suivants ont par exemple bénéficié d’investissements de screen.brusssels fund et de Screen Flanders

The Window https://screen.brussels/nl/project/window
Les Misérables https://screen.brussels/nl/project/les-miserables
Where is Anne Frank https://screen.brussels/nl/project/where-anne-frank

Les projets suivants ont par exemple bénéficié d’investissements de screen.brusssels fund et de Wallimage.

Ennemi Public https://screen.brussels/nl/project/ennemi-public-saison-2
Le Jeune Ahmed https://screen.brussels/nl/project/le-jeune-ahmed

Les 3 fonds régionaux belges font partie de CinéRegio, le réseau des fonds régionaux qui regroupe plus de 50 fonds européens et organisent ensemble, la prochaine réunion annuelle de ce réseau qui se tiendra à Bruxelles du 16 au 18 novembre 2020.

En matière de collaboration avec des studios de tournage, screen.brussels fund privilégie les relations avec les infrastructures de tournage qui sont situées en périphérie directe de la Région de Bruxelles-Capitale. Bien que territorialement situés en Flandres, les projets qui s’y déroulent génèrent du travail pour les techniciens et artistes bruxellois qui peuvent très facilement s’y rendre. La location de ces studios n’est par contre pas éligible à screen.brussels fund.