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Question écrite concernant la mise en place d'une politique de tarification au sein de Parking Brussels.

de
David Weytsman
à
Elke Van den Brandt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de la Mobilité, des Travaux publics et de la Sécurité routière (question n°444)

 
Date de réception: 17/06/2020 Date de publication: 16/09/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 15/09/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
29/06/2020 Recevable p.m.
 
Question    Une stratégie de tarification consistant à ajuster les prix des places de parking en fonction de la demande a été étudiée dans plusieurs villes à travers le monde, c’est notamment le cas de la Ville de Montréal et de Nîmes.

L’objectif de la tarification dynamique consiste à faire varier le coût du stationnement selon l’offre et la demande. Ce système permet de combiner les horaires d'ouverture des parkings avec différents tarifs afin de définir des tarifs variables, puis de maximiser à la fois les revenus et l'utilisation des places.

Ceci est donc intéressant pour les opérateurs pendant les périodes de pointe. En effet, ils peuvent différencier le tarif journalier du tarif événementiel, comme les jeux sportifs et les pièces de théâtre. Par exemple, une place de stationnement dans un quartier de spectacles pourrait varier selon l’heure et coûter moins cher le matin et plus cher le soir quand les places libres se font plus rares.

Par ailleurs, les tarifs seraient ajustés à la hausse ou à la baisse pendant l’année pour essayer d’atteindre un taux de remplissage. L’objectif est de toujours avoir une case de stationnement disponible de chaque côté d’un tronçon de rue.

C’est le cas à Nîmes, Interparking France a choisi le parking
Nemausus Gare pour lancer la tarification dynamique appliquée au stationnement horaire. Le but est de faire bénéficier aux clients de courte durée, des tarifs avantageux pendant les périodes creuses. Interparking France a basé sa réflexion sur un simple constat: les tarifs horaires appliqués dans un parking devraient évoluer en fonction du taux de remplissage de celui-ci.

Or, aujourd’hui, ces tarifs sont les mêmes quel que soit le jour, l’heure et la durée du séjour, ou le niveau de fréquentation.

C’est la raison pour laquelle, je souhaiterais vous poser les questions suivantes :

- Afin d’améliorer la disponibilité des places tout en améliorant le bilan environnemental, est-ce qu’une politique de tarification dynamique au sein de
Parking Brussels a déjà été étudiée ?

o Si oui, quelles ont été les conclusions tirées de cette étude ?
o Si non, pourriez-vous étudier la faisabilité technique et financière de la tarification dynamique au sein de
Parking Brussels et de nous informer des résultats ?
 
 
Réponse    C’est le gouvernement régional qui détermine la tarification du stationnement. Les principes de la tarification et les fourchettes tarifaires sont repris dans l’ordonnance Stationnement de 2009. Les tarifs sont ensuite détaillés par type de réglementation ou zone, dans les arrêtés d’exécution de l’ordonnance.

Sur base de ces arrêtés, les communes adoptent un règlement redevance dans lequel elles choisissent le type de réglementation qu’elles veulent appliquer en fonction de leurs connaissances du terrain (zone payante ou non, 2h maximum, 4h30 maximum, journée entière, soirée, période liée à des évènements comme des spectacles ou des matchs de football, …). Le type de réglementation choisi impose de facto un tarif spécifique.

Parking.brussels, en tant qu’opérateur régional, contrôle le stationnement des communes qui lui ont délégué cette tâche et se conforme au règlement en vigueur.

Dans le cadre des réflexions actuelles sur les modifications à apporter à l’ordonnance Stationnement de 2009, la question que vous soulevez est bien sûr débattue.

Comme vous le soulignez, actuellement les tarifs des zones payantes sont identiques que la demande soit élevée ou non.

Dans le cadre du chantier de modifications de l’ordonnance, des réflexions sont en cours sur la suppression du lien entre tarif et type de zone. Ainsi, les tarifs pourraient être différents en fonction de certains critères pour assurer une meilleure mobilité et un meilleur bilan environnemental. L’idée d’un tarif différencié en fonction de la densité (par exemple 1ière et 2ième Couronne) a déjà été émise. Un paiement différencié en fonction des revenus est également analysé afin de ne pas précariser certaines tranches de la population.

Dans les réflexions, une attention toute particulière est portée à la mise en place d’une tarification différenciée entre la voirie et le hors voirie afin d’encourager, par des tarifs attrayants, les automobilistes à utiliser les parkings hors voirie. Ainsi, ce basculement vers le hors voirie permettra une amélioration considérable de l’espace public : terrasses, pleines de jeux, pistes cyclables, voies propres de transports publics, parking pour vélos et trottinettes, larges trottoirs, verdurisation....

Lorsque le gouvernement aura approuvé les propositions de modifications de l’ordonnance, notamment en séparant le tarif du type de zone, il devra, dans la foulée, adapter les arrêtés d’exécution et être attentif à choisir la meilleure politique tarifaire en matière de mobilité et d’environnement.

Dans le cadre de la réalisation d’un nouveau Plan régional de Politique de Stationnement (PRPS) en 2022, ces choix seront étudiés de manière plus fine, en fonction des quartiers et de leurs spécificités.

En complément et en parallèle, Parking.brussels sera effectivement chargé d’étudier la faisabilité technique du contrôle des tarifications décidées.

Le Plan régional de politique du stationnement (PRPS) propose déjà un outil permettant d’opérer une tarification différentielle en journée et le soir, via la « Zone évènement ». Caractérisée par une tarification dissuasive (10€/h), celle-ci peut être implémentée à n’importe quel moment de la journée ou en soirée, afin de faire face à des problèmes de congestion ciblés et récurrents. Un tel système s’apprête à être lancé autour de Forest National (et aurait normalement déjà dû l’être si la pandémie de Covid-19 n’avait pas bouleversé le planning), avec suivi et évaluation par parking.brussels. Il ne s’agit toutefois pas d’un système de tarification dynamique visant à moduler le prix selon l’occupation mesurée.  


Par ailleurs, parking.brussels applique déjà une tarification différenciée pour les parkings P+R, qui n’est certes pas dynamique. Pour le Ceria, qui est le seul P+R en gestion payante, parking.brussels essaie d’optimiser son remplissage en appliquant des réductions notamment en dehors des plages horaires de stationnement du public-cible : tarif soirée et (à venir) tarif weekend.

Cela étant, un projet de tarification dynamique n’a pas encore été étudié au sein de parking.brussels. La tarification dynamique en voirie est en plein essor, notamment dans une série de villes américaines où les expériences pilotes menées à San Francisco (surtout) sont en train de faire tache d’huile (y compris hors des USA). Bien que devant être consolidés, les premiers retours de ces expériences pilotes semblent montrer un bilan plutôt positif – effet mesuré de l’accroissement dynamique du prix sur la diminution de l’occupation enregistrée –, quoique parfois mitigés (par exemple, il a été observé qu’une hausse du tarifs en certains lieux pousserait certains automobilistes à sillonner les abords en quête d’une place libre dans une rue moins occupée et donc tarifée à un prix moindre, ce qui tendrait à accroître le trafic et donc à avoir des effets contre-productifs).
La récente adoption du plan Good Move, et le rôle de premier plan qu’y occupe le MaaS, ouvrent théoriquement la voie vers une telle avancée, qui pourrait être confirmée lors de la réalisation du PRPS2. Cette avancée devra à l’évidence passer par le lancement d’un projet pilote (par exemple en collaboration entre parking.brussels, Bruxelles Mobilité et l’une ou l’autre commune partenaire) ; ce qui exigerait l’élaboration préalable d’une analyse de faisabilité (aspects juridiques, planologiques, techniques, budgétaires, …).