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Question écrite concernant la mise en place d'un safe space pour les femmes à Bruxelles.

de
Latifa Aït Baala
à
Nawal Ben Hamou, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale en charge du Logement et de l'Égalité des Chances (question n°360)

 
Date de réception: 12/10/2020 Date de publication: 07/01/2021
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 25/11/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
22/10/2020 Recevable p.m.
 
Question    En Belgique, 98% des femmes sont victimes de harcèlement dans les rues. Plus d'1 femmes sur 3 (36%) ont subi des violences physiques et/ou sexuelles depuis l'âge de 15 ans. 1 femme sur 4 (24%) a subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de son partenaire ou ex-partenaire. Et les habitantes de notre capitale n’en sont pas épargnées.

« Safe space pour femmes », c’est le projet qui a été lancé par une jeune bruxelloise. Il consiste en un espace de rencontre permettant aux femmes de partager les discriminations liées à leur condition féminine, dans un cadre bienveillant car d’après la créatrice « (…) Les récits ont des points communs, comme le sentiment d'isolement que ressentent les femmes. (…) On parle de harcèlement de rue, de micro-agressions racistes, de conflits familiaux, etc. (…) »

Ce concept de safe space n’est pas neuf. En effet, le safe space, également appelé espace sécurisé/positif, désigne un endroit permettant aux personnes habituellement marginalisées, à cause d'une ou plusieurs appartenances à certains groupes sociaux, de se réunir afin de communiquer autour de leurs expériences de marginalisation.

L'objectif de la créatrice : favoriser une santé mentale positive pour les femmes. 
« Arriver quelque part et dire qu'on va mal n'est pas accepté dans notre société. Ici, elles peuvent parler de tout en sachant qu'elles seront écoutées et respectées. »

Ce projet a été lancé juste après le confinement et les séances se déroule à Molenbeek, dans les locaux de We love Bxl.  

Vous n’êtes pas sans savoir que de nos jours, la socieìteì n’eìchappe pas aux conseìquences deìsastreuses des discriminations. Les mouvements féministes ont d’ailleurs mis aÌ l’avant plan la reìaliteì crue de la discrimination, de la haine et des violences lieìes aux femmes.

Pour rappel, dans son accord de majorité, le gouvernement bruxellois s’est engagé à renforcer son dispositif de lutte contre les violences sexuelles ou le harcèlement. À cela s’ajoute le souhait du gouvernement de garantir aux femmes un emploi durable et de qualité. C’est d’ailleurs dans ce contexte, que la situation de l’emploi des femmes demeure un point d’attention critique du gouvernement.

Dès lors, je souhaiterais vous poser les questions suivantes :

- Aviez-vous déjà entendu parler de ce projet ? Dans l’affirmative, pourriez-vous nous donner la position du gouvernement bruxellois sur le sujet ? Cette réflexion a-t-elle déjà été soulevée au sein de votre cabinet ? Si oui, quels ont été les principaux points abordés et les conclusions tirées ?

- Actuellement, comment la Région aide-t-elle les Bruxelloises victimes d’agression, de discrimination salariale, de violence intrafamiliale, etc. ? Comment la Région peut-elle les soutenir ?

- Qu’en-est-il de la possibilité d’élargir cette initiative au niveau régional et d’en faire un réel projet du gouvernement bruxellois ? Cette piste a-t-elle déjà fait l’objet d’une étude ? Quelles dispositions pourraient être prises en ce sens afin de garantir aux Bruxelloises une écoute attentive à leurs témoignages ?

À Bruxelles, ces problèmes sont récurrents et il me semble donc primordiale que les femmes puissent bénéficier d’une zone neutre dans laquelle, elles pourraient faire part de leur témoignage, de leur vécu et de leur histoire sans avoir à réfléchir à ce qu’il faut dire ou à avoir peur de certaines répercussions.
 
 
Réponse    Votre question permet de souligner l'importance d'un accueil adéquat et d’équipements pour les femmes et autres groupes cibles, dans le cadre de la violence familiale, de la discrimination ou des crimes de haine.

L'initiative "safe space pour femmes" que vous mentionnez dans votre question, est un projet qui va dans ce sens. Il s’agit de la création d'un espace physique ou symbolique où les victimes peuvent se rencontrer, échanger leurs expériences et travailler collectivement à leur bien-être et est une bonne pratique qui peut se décliner autour de plusieurs thèmes.

En effet, les personnes qui subissent des violences ou des discriminations, manquent souvent d'un soutien ou d'un lieu d'écoute adapté à leur situation spécifique, que l'aide classique et uniforme ne peut pas toujours leur offrir. En ces temps particulièrement difficiles pour bon nombre de personnes, il est important de soutenir toute initiative qui encourage l'échange et la solidarité.

Une des autres initiatives à mettre en avant, est le projet de création d'un centre d'accueil pour les femmes (avec ou sans enfants) victimes de violence, en attente d'une solution de logement durable. Cette initiative fait partie du Plan régional de lutte contre les violences faites aux femmes (Action 49), et sera précédée d'un état des lieux de l'offre existante et des besoins, afin de créer un lieu adapté et flexible qui répond aux différentes situations possibles. Cette action est coordonnée par Bruxelles Logement, la Cocom et la Société du Logement de la Région bruxelloise.

Il est à préciser toutefois que les safe spaces peuvent être de nature plus symbolique et holistique: il suffit de penser aux projets "Mothers & Daughters": des lieux de rencontre pour les femmes LBTQ, qui ont été mis en place à plusieurs reprises ces dernières années en tant que projets pop-up et avec le soutien d'equal.brussels.


Enfin, en ce qui concerne l'inégalité salariale entre les femmes et les hommes, je voudrais mentionner le projet "Génération W" de l'ASBL Womenpreneur, qui est financé par les subventions de projet d'equal.brussels. Ce projet utilise des moyens divers mais concrets pour soutenir les femmes sur le marché du travail : par des formations sur les digital skills, des formations sur le leadership et la confiance en soi, des ateliers sur le développement des talents, etc.