Sur base des données de l’ONSS, il est possible d’identifier l’évolution trimestrielle du nombre de postes de travail dans le secteur Horeca en Région bruxelloise entre 2018 et 2020.

Partant de ces données, nous ne pouvons pas observer une variation saisonnière significative durant les deux années pré-crise covid. En effet, ces variations d’un trimestre à l’autre oscillent généralement entre 0,3% et 1,9% et ne constituent pas une tendance.

En 2020, ces variations sont davantage prononcées mais dépendent très certainement de la décision des autorités politiques de fermer une bonne partie des activités du secteur en mars 2020 et en octobre 2020.

Le tableau ci-dessous vous donne l’évolution du nombre de postes de travail dans le secteur Horeca en Région bruxelloise de 2018 à 2020.

Source : ONSS, calculs view.brussels / Bron: RSZ, berekeningen: View.brussels

Les données concernant le chômage temporaire issues de l’ONEM ne permettent pas d’observer le nombre de travailleurs issus de l’Horeca qui bénéficient actuellement de cette mesure. En effet, les données (provisoires) disponibles s’arrêtent au mois de mars de l’année 2021. Au cours de ce mois, 12.718 travailleurs issus de l’Horeca bénéficiaient du chômage temporaire, soit 30% de l’ensemble des travailleurs en Région bruxelloise qui en bénéficiaient en mars.

Le tableau ci-dessous montre l’évolution du nombre de salariés au chômage temporaire dans le secteur de l’Horeca et l’ensemble des secteurs selon le lieu de travail (mars 2020 à mars 2021). On constate qu’avec la réouverture des cafés et restaurants en juin 2020, le nombre de travailleurs de l’Horeca en chômage temporaire a connu une légère diminution. Le nombre de chômeurs temporaires de l’Horeca diminue plus fortement en juillet et se stabilise durant les congés d’été avant de connaitre une nouvelle augmentation significative du nombre de chômeurs temporaire en octobre, moment où une bonne partie des activités Horeca ont à nouveau été contraintes de fermer leur porte.

L’analyse de view.brussels sur les impacts potentiels de la crise Covid-19 sur l’Horeca en Région bruxelloise, réalisée en décembre 2020, montrait par ailleurs que les vacances d’été 2020 n’ont pas été aussi profitables pour l’Horeca de la Capitale que pour l’Horeca des Régions wallonne et flamande. A titre d’illustration, 44,3% des travailleurs de l'Horeca en Région bruxelloise étaient en chômage temporaire contre 20,9% en Région Flamande et 18,9% en Région Wallonne en août 2020. Cette situation différentiée s’explique notamment par le fait que le tourisme en Région bruxelloise dépend davantage du tourisme d’affaires et des touristes internationaux. Le potentiel maintien de restrictions plus drastiques pour ces derniers pourrait à nouveau impacter négativement la reprise de l’Horeca en RBC comparativement aux deux autres Régions.

                                        Source : ONEM, calculs view et IBSA / Bron: RVA, berekeningen View en BISA

Concernant les pertes d’emploi, elles sont inévitablement et directement liées aux faillites et peuvent être analysées sur base du ratio de pertes d’emploi par faillites dans le secteur Horeca.

En 2018, les faillites dans l’Horeca représentaient ainsi environ 20% du total des faillites comptabilisées en Région bruxelloise. Si cette proportion est plus basse en 2019 (17,1% du total), elle repart ensuite à la hausse en 2020 (17,8%).

Le tableau ci-dessous vous donne le nombre de faillites dans l’Horeca et pour l’ensemble des activités dans notre Région de 2018 à 2020.

Source : Statbel, calculs view.brussels / Bron: Statbel, berekeningen View.brussels

Il est constaté par ailleurs que le secteur Horeca concentrait 17,5% des pertes d’emploi en 2019, contre 22,9% en 2018. Ces pertes d’emplois sont directement imputables aux faillites évoquées ci-dessus. Les données pour 2020 font état de 550 pertes d’emploi dans le secteur Horeca.

Une analyse a été faite sur l’évolution du ratio de pertes d’emploi par faillites dans le secteur Horeca et dans l’ensemble des activités en Région bruxelloise au cours de la même période. On constate que les pertes d’emploi par faillite pour l’ensemble des activités de la Région sont 48,1% plus élevées en 2020 que l’année précédente. Cette hausse est encore plus importante au niveau de l’Horeca (61,8%).

Evolution du ratio pertes d’emploi par faillites dans l’Horeca et pour l’ensemble des activités en RBC (2018-2020)

Source : Statbel, calculs view.brussels / Bron: Statbel, berekeningen View.brussels

Concernant les réorientations des travailleurs de l’Horeca ayant perdu leur emploi, les calculs permettent, sur la période allant de mars à décembre 2020, de déterminer que 1.384 chercheurs d’emploi sont venus s’inscrire auprès d’Actiris après avoir perdu leur emploi dans l’Horeca.

Sur ces 1.384 chercheurs d’emploi, 487 chercheurs d’emploi ont pu par la suite retrouver un emploi (entre le moment de leur inscription et avril 2021), ce qui représente un taux d’insertion dans l’emploi de 35,2%  pour ces chercheurs d’emploi. En examinant le secteur d’activité de leur nouvel emploi, on peut déterminer que 46% ont retrouvé un emploi dans l’Horeca et 54% ont retrouvé un emploi dans un autre secteur d’activité.

Le tableau ci-dessous détaille les résultats par sexe.

Tableau 6 : Nombre de CE venus s'inscrire auprès d'Actiris comme DEI entre mars et décembre 2020 après avoir perdu leur emploi dans l'Horeca - analyse de taux de réinsertion dans l'emploi par sexe et secteur d’activité (Horeca/autre secteur)

Source : Actiris, Calculs viewbrussels.

Ce constat rejoint celui ressorti des consultations menées au cours du focus sectoriel de view.brussels auprès des partenaires sociaux pour qui cette question était effectivement l’un de leur majeur sujet d’inquiétude.

Plusieurs d’entre eux partageaient en ce sens leur crainte de voir s’en aller une partie de la main-d'œuvre qualifiée du secteur, et notamment les personnes avec un haut degré de compétences.

Je ne dispose pas des données permettant d’analyser l’évolution du nombre d’étudiants qui travaillaient dans le secteur Horeca en Région bruxelloise. Il est uniquement possible d’analyser l’évolution entre 2018 et 2020 du nombre d’emplois étudiants dans le secteur Horeca au niveau national.

Ainsi, au niveau national, le nombre d’étudiants travaillant dans le secteur Horeca a connu une augmentation de 10,4% entre le quatrième trimestre de 2018 et celui de 2019 (+ 7.381).

La crise du coronavirus a par contre eu un impact négatif sur l'emploi des étudiants puisque l’emploi étudiant a diminué de 33,8% entre 2019 et 2020 (- 26.604). Cette diminution importante du nombre de travailleurs étudiants concerne tous les secteurs puisqu’au quatrième trimestre 2020, en variation annuelle, celui-ci a diminué de 13% (-43.250) dont plus de la moitié (61,5%) est attribuable au secteur Horeca (-26.600).

Au niveau régional, les données concernant le travail étudiant sont uniquement disponibles pour l’année 2019. En Région bruxelloise, le secteur Horeca était celui qui concentrait la plus grande proportion de travail étudiant[1] (25,9%, soit 17.746 jobs étudiants Horeca en RBC), suivi par le secteur du commerce (22,8%).

Á titre de comparaison, en Région flamande, la prégnance de l’Horeca dans l’emploi étudiant était encore plus forte (33,7%, contre 23,5% pour le commerce). En Wallonie par contre, le travail étudiant était légèrement plus concentré dans le commerce (26,5%) que dans l’Horeca (26,1%). La diminution du nombre d’emplois étudiants en 2020 concerne donc inévitablement et fortement ce type d’emploi en RBC.