Logo Parlement Buxellois

Question écrite concernant les métiers en pénurie en Région bruxelloise.

de
David Weytsman
à
Bernard Clerfayt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de l'Emploi et de la Formation professionnelle, de la Transition numérique, des Pouvoirs locaux et du Bien-Être animal (question n°786)

 
Date de réception: 25/08/2021 Date de publication: 28/09/2021
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 28/09/2021
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
02/09/2021 Recevable p.m.
 
Question   

 

Actiris a dressé la liste complète des fonctions critiques pour la période 2020-2021. Ce sont près de 100 métiers qui sont concernés, aussi bien avec une formation qualifiante qu’avec une formation universitaire. Les bouchers, les cuisiniers, les puériculteurs, les enseignants dans le secondaire inférieur et supérieur, les infirmiers, les informaticiens, sont autant d’exemples de métiers listés.

  1. Sachant que cette étude d’Actiris fut menée avant le confinement, quelle est la réalité aujourd’hui ?

  2. Dans le cadre de vos compétences, que faites-vous pour stimuler les Bruxelloises et Bruxellois à se tourner vers ces métiers et vers les formations donnant accès à ces métiers ?

  3. Qu’est-il prévu de faire avec les fonds de relance européens dans ce cadre ?

  4. Quel taux de formations d’Actiris forment à un métier en pénurie en 2018, 2019, 2020 et début 2021 ?

  5. Combien de demandeurs d’emploi ont suivi une formation à un métier en pénurie en 2018, 2019, 2020 et début 2021 ? Ce chiffre est-il suffisant à vos yeux ?

  6. Quel est le nombre de demandeurs d’emploi ayant suivi une formation destinée à un métier en pénurie à décrocher un emploi après leur formation, sur les mêmes périodes ?

 

 

 
 
Réponse    Si la crise a eu pour effet de réduire globalement les recrutements, de nombreux secteurs ont toutefois continué à recruter tout au long de la crise sanitaire et les difficultés de recrutement pour ces professions ont persisté, voire ont pu s’amplifier dans certains cas. Les métiers de la santé, de l’enseignement ou encore de l’informatique sont particulièrement concernés.
Par ailleurs, certains secteurs d’activité mis à l’arrêt partiel ou total (Horeca, culture, agences de voyage...) ont vu leurs recrutements stoppés ou ralentis avec la crise. Actiris a pu constater en corollaire une chute du nombre d’offres d’emploi reçues par Actiris plus importante pour ces secteurs. Pour les fonctions structurellement critiques, on peut s’attendre à ce que les difficultés de recrutement se manifestent à nouveau à mesure que la situation sanitaire s’éclaircit.

En outre, certaines fonctions, dans l’Horeca notamment ainsi que dans les soins de santé, peuvent être impactées par un phénomène de mobilité intersectorielle. Les travailleurs ont pu ou peuvent se recycler temporairement, voire quitter le secteur pour se reconvertir, souvent avec des conditions salariales identiques voire meilleures.


Il y a donc un risque que les difficultés de recrutement pour ces secteurs soient amplifiées. Spécifiquement pour l’Horeca, il faut également tenir compte du fait que le redémarrage sera progressif. Dès lors, la main-d’œuvre pourrait s’y avérer suffisante dans un premier temps et les difficultés apparaître, voire s’intensifier, une fois que la reprise totale des activités aura eu lieu, du fait notamment de cette mobilité de la main-d’œuvre vers d'autres secteurs.

Aussi bien Actiris que Bruxelles Formation mettent en œuvre des mesures spécifiques pour orienter les chercheurs d’emploi vers les métiers en pénurie et vers les formations qui y mènent.
L’orientation des chercheurs d’emploi vers ces formations s’opère prioritairement via la Cité des métiers. Sur son site internet, les chercheurs d’emploi sont invités à en apprendre davantage sur les « métiers qui recrutent », les « métiers d’avenir » et les études qui y mènent via l’onglet « Découvrir les métiers ».
La Cité des métiers organise par ailleurs des séances d’information focalisées sur les métiers en pénurie. De manière plus générale, la Cité des métiers propose depuis 2019 des screenings hébergés sur une plateforme en ligne qui permet d’identifier des compétences professionnelles et de créer des parcours d’orientation, de validation des compétences et/ ou de formation, ou de mener vers l’emploi.

La promotion des métiers en pénurie et de l’offre de formation et/ou de validation des compétences qui leur est associée relève également des missions des Pôles Formation Emploi (PFE). A titre d’exemple, le PFE Construcity.brussels vient de lancer sa dernière campagne de communication. Orientée vers les jeunes bruxellois en recherche d’une (ré)orientation, cette campagne se déroule principalement sur les réseaux sociaux.


Il est à rappeler que pour un certain nombre des métiers que l’on retrouve dans la liste de ces métiers, nous retrouvons également les métiers qui nécessitent la reprise d’études de plein exercice, je pense par exemple aux instituteurs, aux infirmiers…
Afin d’encourager les chercheurs d’emploi bruxellois à reprendre ce type d’études, Bruxelles Formation soutient des étudiants infirmiers et instituteurs via le contrat de Formation professionnelle en établissement d’enseignement. Grâce à ce dispositif, ces chercheurs d’emploi obtiennent une dispense de disponibilité sur le marché du travail ainsi que les avantages financiers octroyés aux stagiaires en formation (prime de formation et remboursement des frais de déplacement).

En parallèle de ces différentes mesures et actions, je travaille à identifier les leviers efficaces pour motiver les chercheurs à s’orienter vers les métiers en pénurie. Pour cela, je souhaite travailler en pleine collaboration avec les secteurs pour que chaque partie prenante puisse se responsabiliser vis-à-vis de cette problématique connue de longue date. En effet, il ne faut pas oublier que la pénurie ne s’explique pas uniquement par un manque de qualifications mais aussi en raison des conditions de travail difficiles et des conditions salariales à améliorer. Mais ces deux derniers éléments ne sont pas de mon ressort mais de la compétence du Ministre fédéral du Travail. C’est pourquoi, nous travaillons en collaboration pour identifier les leviers des uns et des autres qui combinés apporteraient une réponse positive à cette situation.

Les projets bruxellois relevant de mes compétences ‘Emploi-Formation’ repris dans le plan de relance et de résilience sont de deux types :
- la « Stratégie de (re)qualification » qui a pour objectif d’intégrer les chercheurs d’emploi les plus vulnérables et de favoriser une insertion durable sur le marché du travail. S’ils ne sont pas explicitement tournés vers les métiers en pénurie, ils doivent néanmoins participer à la formation des publics les plus vulnérables, de base en développant leurs compétences, notamment linguistiques et numériques.

-la « Stratégie de relance du marché de l'emploi» concerne plus directement les métiers porteurs et/ou en pénurie. L’objectif est de déployer une stratégie de relance du marché de l’emploi axée sur l’efficience et l’optimisation des politiques d’activation et de formation ainsi que l’accompagnement des chercheurs d’emploi et des travailleurs vers les métiers porteurs et/ou en pénurie pour soutenir la relance économique des entreprises et des secteurs.

Cette dernière porte un projet dédié aux dispositifs de soutien à reconversion ou la réorientation vers les métiers en pénurie.
Le déploiement de ce dispositif vise à développer des mécanismes permettant de reconvertir et (ré)orienter vers les métiers et secteurs porteurs (métiers en pénurie ou porteurs, métiers d’avenir), les chercheurs d’emploi et/ou travailleurs en chômage temporaire.
Cela passera également par le développement et/ou l’actualisation d’une plateforme dynamique d’information sur le marché du travail.

Pour rappel, en tant qu’Office régional bruxellois de l’emploi, Actiris collabore avec les Services publics en charge de la formation professionnelle sur le territoire bruxellois que sont Bruxelles Formation, côté francophone, et le VDAB Brussel, côté néerlandophone.


Plus tôt que de parler de taux de formations menant à un métier en pénurie, Bruxelles Formation lui préfère le taux de couverture des fonctions critiques par l’offre de formation. Ce taux s’élevait à 87,6 % en 2019 (dernières données consolidées).

 

Fonctions critiques 2018

Fonctions critiques 2019

Nombre de Fonctions critiques

100

112

Nombre de Fonctions critiques entrant dans le champ de Bruxelles Formation[1]

82

89

Nombre de Fonctions critiques couvertes par une ou plusieurs formations de Bruxelles Formation

70

78

Taux de couverture

85,4%

87,6%

[1] Les ingénieurs, médecins généralistes, ergothérapeutes, pharmaciens, enseignants et les juristes sont écartés car ces fonctions n’entrent pas dans le champ d’action régi par Bruxelles Formation.



Notons par ailleurs que certaines des fonctions critiques non couvertes par l’offre de Bruxelles Formation sont couvertes par l’offre d’autres opérateurs de formation, tels que l’EFP (Formation PME) par exemple.

En 2018, 2.430 stagiaires chercheurs d’emploi sont sortis d’une formation les destinant à une fonction identifiée comme critique et 2.583 en 2019.
Je ne trouve pas ce chiffre suffisant, c’est pourquoi je suis en train d’identifier les leviers à mettre en place pour augmenter ce nombre et permettre à plus de chercheurs d’emploi de se former vers les métiers en demande.

Le tableau ci-dessous vous donnent le taux de sortie vers l’emploi pour les cohortes des sortants d’une formation arrivant sur le marché du travail en 2017/2018 et en 2018/2019.
Sortie vers l’emploi selon le lien de la formation suivie avec une fonction critique observée en 2018 (calculs view.brussels et service Études et Statistiques de Bruxelles Formation)
 

Cohorte 2017/FC 2018

Cohorte 2018/FC 2019

 

 

Sortants 2017

Sortie vers l’emploi

Sortants 2018

Sortie vers l’emploi

Formations professionnalisantes

4.633

67,1%

4.310

66,7%

En lien avec une Fonction critique

1.899

67,9%

1.869

66,5%