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Question écrite concernant les métiers en pénurie en région bruxelloise

de
Sevket Temiz
à
Bernard Clerfayt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de l'Emploi et de la Formation professionnelle, de la Transition numérique, des Pouvoirs locaux et du Bien-Être animal (question n°817)

 
Date de réception: 09/10/2021 Date de publication: 13/12/2021
Législature: 19/24 Session: 21/22 Date de réponse: 17/11/2021
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
19/10/2021 Recevable p.m.
 
Question    Récemment la Confédération construction wallonne faisait état d’un manque de 10.000 travailleurs dans le secteur afin de palier au manque et à la relance de la région wallonne1. Dans le même ordre d’idée, Actiris publie les métiers en pénurie pour la région bruxelloise2.

Aussi, il est à noter que les métiers en pénurie ont pris un caractère systémique depuis plusieurs années dans les trois régions du pays et ce malgré les différents programmes d’offres de formation de la part des organismes publics et privés.

Le secteur de la construction est particulièrement touché car il demande la présence de plusieurs corps de métiers (maçons, plafonneurs, peintres, chauffagistes, électriciens, ingénieurs, carreleurs, etc..) sans oublier que ce secteur est porteur de relance et de croissance économique et, s’y attarder est une priorité pour l’économie en générale.

A cet effet Monsieur le Ministre, je voudrais vous poser les questions suivantes :

  • Quelles actions nouvelles sont envisagées pour les années à venir afin de réduire les métiers en pénurie, surtout pour le secteur de la construction ?

  • Existe-t-il un travail au sein de votre cabinet afin de faciliter l’octroi de permis de travail (administration simplifié) aux travailleurs détachés UE ?

  • Y a-t-il aussi une pénurie de formateurs dans les centres de formations tels que Bruxelles Formation axé sur le secteur de la construction ? Si oui, pouvez-vous donner des chiffres ?

  • Étant donné qu’il y a un nombre important de personnes dites « sans papiers et/ou en attente de régularisation » en région bruxelloise, avez-vous entrepris un travail de concertation avec le Secrétariat à l’Asile et Migration afin de revoir et/ou accélérer des dossiers en attente pour justement palier ces métiers en pénurie ? Si oui, pouvez-vous en dire plus ?

https://www.lecho.be/economie-politique/belgique/wallonie/la-wallonie-a-un-besoin-urgent-de-10-000-travailleurs-dans-la-construction/10337183.html

https://www.actiris.brussels/media/scrhotxv/liste-francophone-des-%C3%A9tudes-qui-pr%C3%A9parent-%C3%A0-un-m%C3%A9tier-en-p%C3%A9nurie-h-82A2D462.pdf

 
 
Réponse    Comme vous le soulignez, certains secteurs connaissent des pénuries récurrentes pour certains profils de fonctions. La construction est effectivement un de ces secteurs.

En vue de pouvoir endiguer les vacances d’emploi, je travaille à l’élaboration d’une stratégie visant à lutter contre les pénuries d’emploi dans le cadre de mes compétences de Ministre régional de l’emploi.

A cet effet, je développe une approche sectorielle associant notamment le secteur de la construction.

La volonté est de travailler de concert pour entendre les besoins des secteurs en vue d’articuler les actions publiques, en terme de formation par exemple, aux profils attendus. La formation professionnelle et en alternance sera renforcée en conséquence.


En parallèle, la mise en place d’une Stratégie Qualification Emploi, menée en priorité partagée avec Brupartners et sur base de l’évaluation du Plan de Formation 2020 permettra de doter la Région d’une stratégie forte pour développer les compétences génériques et techniques des chercheurs d’emploi bruxellois et les mener de manière durable vers le marché du travail. A l’horizon 2030, cette stratégie vise à permettre aux habitants de la Région, et particulièrement aux demandeurs d’emploi, de rejoindre le niveau de compétences requis sur le marché du travail métropolitain.

Il est primordial également de développer l’expertise et la méthodologie de view.brussels en matière d’analyse et de veille prospective des besoins actuels et futurs en terme de compétences sur le marché du travail.


La plateforme dynamique d’information sur le marché du travail « IMT-B » sera également actualisée et développée.

Pour mener les chercheurs d’emploi bruxellois vers ses secteurs porteurs, je souhaite augmenter l’indemnité de formation pour les métiers en pénurie.

Mais les chercheurs d’emploi s’engageant dans ces filières de formation ne doivent pas être pénalisés fiscalement. C’est pourquoi, je travaille avec le Ministre fédéral du Travail pour que les avantages régionaux puissent être défiscalisés.

Les pénuries d’emploi résultent de facteurs multiples qui ne sont pas uniquement du ressort des compétences régionales. Il faut accepter de questionner les conditions de travail et les salaires. Mais également œuvrer à améliorer l’image de ces métiers et déconstruire certains mythes qui ne correspondent plus à la réalité. Et ne pas négliger l’importance de l’orientation dès le plus jeune âge.

Actuellement, les travailleurs détachés de l'Union européenne n'ont pas besoin de permis de travail en Région de Bruxelles-Capitale.


Les ressortissants européens et les membres de leur famille sont ainsi exemptés sur la base du traité de l'Union européenne et de sa transposition dans l'arrêté royal fédéral du 2 septembre 2018 portant exécution de la loi du 9 mai 2018 relative à l'occupation de ressortissants étrangers se trouvant dans une situation particulière de séjour.
En outre, les ressortissants de pays tiers résidant dans un autre Etat membre de l'Espace économique européen, qui ont été admis à y travailler et qui sont détachés en Belgique dans le cadre d'un contrat de services, sont également dispensés de l'obligation d'obtenir un permis de travail sur la base de l'article 2, 14° de l'arrêté royal du 9 juin 1999 portant exécution de la loi du 30 avril 1999 relative à l'occupation des travailleurs étrangers (arrêt Vander Elst).



Pour toutes ces catégories de travailleurs, il n'existe aucune obligation administrative liée à l'occupation.

De plus, tout ressortissant d'un pays tiers peut obtenir un permis de travail pour les métiers en pénurie (dont le secteur de la construction), par le biais d'une demande de permis unique introduite par l'employeur, et ce, après une enquête sur le marché de l'emploi par Actiris.

Le centre de formation Bruxelles Formation Construction dispose de formateurs aptes à former dans tous les métiers de la construction. Il est certes plus difficile de recruter des formateurs dans les métiers en tension, où les emplois à pourvoir sont nombreux et les salaires élevés dans le secteur privé.

Trouver et convaincre des formateurs potentiels peut donc nécessiter davantage d’efforts mais Bruxelles Formation y est toujours parvenu jusqu’ici.

En tant que Ministre de l’Emploi, un de mes objectifs prioritaires est de mener un maximum de chercheurs d’emploi bruxellois vers l’emploi et dès lors que les emplois vacants profitent aux Bruxellois.

De manière parallèle, la question de la main d’œuvre étrangère dont les personnes sur le territoire sans séjour légal ne peut pas être négligée.

Dans le cadre des traitements des recours de Permis Unique pour les fonctions en pénurie, j’ai contacté régulièrement le Secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration pour des travailleurs qui avaient pénétré sur le territoire en vue d’y être occupé sans autorisation préalable.
Ces contacts n’ont pas amené un traitement plus souple des questions de séjour par l’Autorité fédérale, seul niveau de pouvoir compétent en la matière.



Dans le cadre de la CIM Migration, lors du premier Groupe de Travail qui s’est tenu le 29 octobre 2021, j’ai plaidé pour que la question des travailleurs étrangers présents sur le territoire puissent être abordée, notamment pour les fonctions en pénurie.