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Question écrite concernant les associations entre start-up et entreprises de travail adapté (ETA)

de
Isabelle Emmery
à
Barbara Trachte, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale, en charge de la Transition économique et de la Recherche scientifique (question n°532)

 
Date de réception: 11/03/2022 Date de publication: 16/05/2022
Législature: 19/24 Session: 21/22 Date de réponse: 05/05/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
17/03/2022 Recevable p.m.
 
Question    Un article de presse relayait récemment le cas d’un jeune entrepreneur tournaisien à la tête d’une petite start-up visant à transformer des chambres à air de vélos en sacs, housses, portefeuille, etc. Plutôt que de sous-traiter la production par une usine à l’étranger, il a choisi de se tourner vers une entreprise belge de travail adapté1. Il semblerait que depuis quelques années, de plus en plus de start-up confient une partie de leurs activités à des ETA employant des personnes handicapées. Par conviction ou raison économique, mais sur base d’intérêts communs quoiqu’il en soit. Un travail de qualité, une possibilité de production « sur mesure », des prix attractifs pour une jeune entreprise qui se lance, et la souplesse proposée, telles sont quelques-uns des avantages qui motivent les start-up à faire appel aux ETA. Cette souplesse est d’ailleurs réciproque : faire appel à des travailleurs porteurs de handicap induit fréquemment la recherche de solutions particulières. L’adaptabilité est le maître mot dans cette association. La proximité est également mise en avant par les start-up : elle permet des échanges directs et fréquents avec les personnes chargées de la fabrication des objets et contribue au développement de nouveaux produits.

Madame la Secrétaire d’Etat,

Plus de 11.000 entreprises sont créées chaque année à Bruxelles. On peut lire sur le site d’Innoviris que « ce dynamisme fait de la Région de Bruxelles-Capitale la région européenne qui compte le taux le plus élevé de création d’entreprises par habitant. Bruxelles compte deux fois plus de start-up que des villes comme Gand, Anvers, Liège ou Louvain. » 

Dans ce cadre, l’association start-up – ETA semble intéressante de part et d’autre, et pourrait par ailleurs contribuer à la lutte contre le dumping social. 

 - A-t-on une estimation du nombre de start-up bruxelloises faisant appel à des ETA, que ces dernières soient basées à Bruxelles ou pas ?

- Des études à ce niveau sont-elles réalisées ?

- Des informations liées aux ETA sont-elles fournies aux start-up qui débutent ?

- Qu’entreprend la Région pour créer des ponts entre les ETA et les start-up ?

1 Le Soir Mardi 1er mars 2022 : Start-up et travail adapté, deux mondes faits pour s’entendre
 
 
Réponse    Les entreprises de travail adapté (ETA) relèvent de plusieurs compétences : celles du Ministre régional de l’Emploi pour le volet emploi et celles du Ministre en charge des personnes handicapées à la Cocof pour l’inclusion des personnes en situation de handicap.

Selon une analyse de la FEBRAP de 2018, 3% des clients B2B des ETA sont des start-up.

De nombreuses start-up actives dans l’économie circulaire, telles que MCB-ATELIERS (modules en bois modulables), ISATIO (textile) et LOOOPS (jouets), font appel aux ETA en raison de leur fiabilité, de leur régularité et des facilités logistiques qu’elles proposent. Les services des ETA sont particulièrement performants pour aider les start-up, de la phase d’expérimentation/prototypage à la phase de développement. L’initiative de confection de 200.000 masques durant la crise covid, portée par un réseau de bénévoles, l’ETA Travie et la coopérative de livraison Urbike, l’a démontré : les ETA peuvent répondre à des besoins urgents en collaborant avec d’autres structures privées, notamment des start-up.

Dans le cadre de mes compétences, via l’action de citydev.brussels, je soutiens le développement des ETA à Bruxelles et des collaborations entre ces dernières et les autres entreprises. citydev.brussels a en effet élargi ses critères d’implantation pour pouvoir accueillir et soutenir le développement d’ETA sur ses sites. Cela a notamment permis l’implantation de l’APAM, TRAVCO, Manufast et de la Ferme Nos Pilifs.

L’APAM est actuellement implanté sur le site citydev Calvoet à Uccle tandis que TRAVCO et Manufast ont été agréés par le conseil d’administration de citydev.brussels pour déménager et relocaliser leurs nouveaux sièges sur le site citydev DARWIN à Ganshoren. TRAVCO démarrera déjà son chantier en septembre 2022, tandis que MANUFAST est occupé à préparer son financement et projet d’architecture pour établir un tout nouveau bâtiment intégrant une partie bureaux et logistique qui abritera certaines start-up ou petites sociétés bruxelloises.

C’est tout un hub d’économie circulaire et un vrai écosystème lié à la logistique et l’alimentation durable qui est soutenu et sera développé en synergie avec des acteurs privés. Urbike sera impliquée et bénéficiera de débouchés pour la livraison à vélo de produits alimentaires sur l’ensemble du territoire bruxellois.

La création de ce hub d’économie circulaire a pour but de rassembler sous le même toit des acteurs alimentaires afin de produire, transformer, conditionner et gérer l’e-picking des commandes des clients s’intégrant dans la stratégie Good Food de la Région Bruxelloise.

Parallèlement au soutien de citydev.brussels, de nombreux outils régionaux de financement et d’accompagnement peuvent être mobilisés par les ETA.

Sur le volet financement, je pense aux produits de Brusoc ouverts aux entreprises sociales : les prêts Rise Up pour les TPE, les prêts Open Up pour les personnes physiques et les prises de participation et prêts Coop Us pour les coopératives.

Sur le volet accompagnement, Coopcity, le centre d’accompagnement à l’entrepreneuriat social bruxellois, est un acteur clé, qui peut soutenir les ETA qui veulent se déployer.

De nombreuses études sur les ETA existent, mais elles se penchent surtout sur les travailleurs et travailleuses de ces entreprises, et non sur les collaborations entre les ETA et les autres entreprises.

En matière d’information, le service 1819 de hub.brussels attire l’attention des entrepreneurs et entrepreneuses en recherche de fournisseurs sur l’existence de différentes solutions, y compris les ETA.

Une campagne de communication est réalisée annuellement par la FEBRAP pour promouvoir les ETA auprès des entrepreneuses et entrepreneurs. En pratique, celle-ci est financée grâce aux budgets alloués au service PHARE, qui apporte information, conseils et interventions financières aux personnes handicapées en Région bruxelloise.

Par ailleurs, le Gouvernement a soutenu une campagne de communication pour promouvoir l’économie sociale, fin 2021. Cette campagne a été construire par ConcertES, avec ses membres, dont la FEBRAP. Elle a donc permis d’augmenter la notoriété de l’économie sociale, et notamment des ETA.

En outre, en vue de permettre aux ETA de se maintenir et se développer, les marchés publics constituent un levier essentiel. À cet égard, la FEBRAP a rédigé un guide à destination des pouvoirs publics, pour intégrer des clauses sociales dans leurs marchés publics. Ce guide met en avant les métiers proposés par les ETA, qui s’adaptent à l’évolution du marché et à la mécanisation de certaines fonctions.