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Question écrite concernant les efforts déployés par le Port de Bruxelles afin de réduire au maximum la pollution

de
Bianca Debaets
à
Alain Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Démocratie participative (question n°1076)

 
Date de réception: 16/03/2022 Date de publication: 16/05/2022
Législature: 19/24 Session: 21/22 Date de réponse: 04/05/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
22/03/2022 Recevable Bureau élargi du Parlement
04/05/2022 Annexe à la réponse p.m. Annexe
 
Question    Début février, il est ressorti d’une étude de l'ONG Transport & Environment qu'Anvers est le deuxième port le plus polluant d'Europe. Il émettrait 7,4 millions de tonnes de CO2 par an (calculées sur la base des émissions des navires faisant route vers Anvers et des émissions produites lorsque les navires mouillent dans le port). Seul Rotterdam fait pire, avec 13,7 millions de tonnes.

Avec cette étude, Transport & Environment entend susciter le débat sur l'impact climatique des ports. Selon l'ONG, les ports peuvent en faire beaucoup plus, par exemple en offrant de l'énergie (renouvelable) aux navires lorsqu'ils mouillent, ce que l'on appelle l'électricité à quai, et en contribuant à la lutte en faveur d’une réglementation climatique ambitieuse.

C'est pourquoi je voudrais vous poser les questions suivantes :

  • Disposez-vous de chiffres susceptibles d’indiquer les émissions annuelles de CO2 que représente le Port de Bruxelles (sur la base des émissions des navires en route vers Bruxelles d'une part, et des émissions des navires qui mouillent à Bruxelles d'autre part) ? Ces chiffres sont-ils comparables aux émissions de ports similaires à l'étranger ? Quelle évolution notez-vous dans ces chiffres par rapport aux années précédentes ?

  • Quelles mesures le Port de Bruxelles prend-il afin de réduire au maximum ses émissions de CO2 ? Quels actions et moyens sont-ils prévus à cette fin ? Comment évaluez-vous le succès de ces mesures ?

  • En particulier, quelles mesures le Port prend-il dans le domaine de l'utilisation d’énergies renouvelables ? Avez-vous notamment déjà examiné si le Port pourrait offrir de l'électricité à quai aux navires qui mouillent dans le Port ? Dans l’affirmative, quelles sont les conclusions ?

 

 

 
 
Réponse    Avez-vous des chiffres qui peuvent indiquer les émissions de CO2 que représente le Port de Bruxelles sur une base annuelle (sur la base des émissions des navires en route vers Bruxelles d'une part et des émissions des navires amarrés à Bruxelles d'autre part) ? Comment ces chiffres se comparent-ils aux émissions de ports similaires à l'étranger ? Quelle évolution pouvez-vous indiquer dans ces chiffres par rapport aux années précédentes ?

Comme indiqué dans l’inventaire 2022 des émissions directes de gaz à effet de serre (GES) de la Région de Bruxelles-Capitale qui couvre la période 1990-2020 (soumission du 15 mars 2022 à l’Union européenne), en 2020 les émissions de CO2 en RBC liées au transport fluvial s’élevaient à 1,81 kt (kilotonnes), et les émissions de GES à 1,82 kt équivalent CO2. Ces données sont calculées en fonction de la charge des bateaux entrant, sortant et transitant par le Port et de la distance parcourue par chacun sur le canal au sein de la région bruxelloise.

Il est difficile de comparer cette empreinte mesurée avec les données reprises dans l’étude réalisée par Transport et Environnement dans la mesure où, d’une part, cette dernière établit un bilan comparatif des ports maritimes alors que l’activité maritime du Port de Bruxelles est à ce jour très limitée (un bateau environ par an) contrairement à l’activité fluviale qui, elle, est en augmentation constante. D’autre part, l’étude inclut dans les empreintes carbones des ports les éventuels pôles de production d’énergie grise implantés sur leurs sites. Or, le Port de Bruxelles ne possède aucune installation de ce type.

Concernant l’évolution de ces émissions, elle est en très stable voire en légère diminution comme l’indique le tableau en annexe 1.

A noter que cette stabilité avec une légère tendance à la baisse est à mettre en regard avec l’augmentation constante du trafic depuis la création du Port en 1993, trafic propre qui a connu un nouveau record en 2021 avec près de 5,5 millions de tonnes, soit une hausse de 10% par rapport à l’année précédente. Le trafic global affiche quant à lui une hausse de 7% pour atteindre 7,1 millions de tonnes, un résultat tempéré par la légère baisse du trafic de transit (-3%) qui s’élève à 1,66 millions de tonnes pour 2021.

Cette évolution se trouve illustrée en annexe 2.

Ces évolutions croisées démontrent l’amélioration progressive de la performance énergétique et environnementale du transport fluvial au fil du temps.
Pouvez-vous indiquer quelles mesures le Port de Bruxelles prend pour réduire au maximum ses émissions de CO2 ? Quelles actions et ressources sont prévues pour cela ? Comment évaluez-vous le succès de ces mesures ?

Concernant les émissions liées au Port lui-même (ses bâtiments, sa mobilité, ses services…), le Port réalise depuis 2014 son bilan carbone sur base duquel une série de mesures, allant de l’amélioration de la performance énergétique de ses bureaux jusqu’à la verdurisation de sa flotte de véhicules, ont permis la réduction de son empreinte carbone de 34% par rapport à 2014 (à scope égal), l’amenant à 274 tonnes de CO2 en 2021. Pour rappel, ces émissions sont compensées chaque année dans le cadre du renouvellement du label CO2 Neutre attribué au Port depuis 2019. L’effort réalisé sur les bâtiments et infrastructures portuaires s’étend peu à peu à l’ensemble du domaine portuaire via l’imposition dans les nouveaux contrats de concession de clauses dites « labels » qui imposent la mise en place d’éco-gestion des sites et de réduction et compensation des émissions de CO2 de concessionnaires au sein du domaine portuaire.


De manière générale, si le transport fluvial est émetteur de CO2 et que tous les efforts doivent être et sont menés afin d’améliorer la performance environnementale des bateaux, il est important de souligner que ce type transport reste significativement plus vertueux sur le plan environnemental et climatique que tout autre type de transport de biens. A titre de comparaison, le facteur d’émission de CO2 est de 0,008 de CO2 par tonne au kilomètre parcouru contre 0,096 par camion ou 1,076 par avion (chiffres de l’Agence française de la transition écologique). Dans ce cadre, le trafic par la voie d’eau a un impact environnemental non négligeable puisqu’il a représenté, sur l’ensemble de l’année 2021, une économie de 664 000 camions dans et autour de Bruxelles, ce qui revient à 103 000 tonnes de C02 en moins dans l’atmosphère.
Pouvez-vous indiquer en particulier les mesures prises par le Port en matière d'utilisation des énergies renouvelables ? En particulier, avez-vous déjà étudié si le Port pouvait proposer une alimentation dite à quai aux navires au mouillage ? Si oui, quelles conclusions en ont été tirées ?
Concernant le domaine portuaire, un grand nombre de toitures sont équipées d’installations solaires photovoltaïques. En propre, avec une puissance totale installée de 123,64 kWc, le Port produit actuellement 104,87 MWh/an, soit l’équivalent de la consommation de 52 ménages.

De nombreuses autres toitures situées dans le domaine portuaire ont été équipées ces dernières années de panneaux. Ces installations n’étant pas propriété du Port, l’administration ne dispose pas à ce jour d’informations précises quant aux capacités précisément installées mais leur nombre est estimé à environ 19.000 panneaux.

De plus, une étude sur le potentiel éolien est actuellement en cours de réalisation et devrait être finalisée avant l’été. Une étude relative au potentiel hydroélectrique des écluses d’Anderlecht et de Molenbeek sera quant à elle réalisée en 2023.

L’énergie renouvelable produite sur le domaine portuaire est essentiellement autoconsommée sur place, le surplus étant injecté sur le réseau de distribution.
Concernant le transport fluvial, le Port de Bruxelles étudie actuellement l’installation d’armoires d’alimentation à quai qui permettront dans les années à venir aux bateaux de s’alimenter directement en électricité et d’éteindre leurs générateurs. Les fournisseurs d’électricité verte seront privilégiés pour alimenter les bornes en question.


Par ailleurs, le Port participe activement à la recherche de solutions en matière de stockage et de distribution de biofuels à destination de la navigation, notamment en matière de biohydrogène.