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Question écrite concernant la prostitution de Chinoises à Bruxelles.

de
Bianca Debaets
à
Rudi Vervoort, Ministre-Président du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé du Développement territorial et de la Rénovation urbaine, du Tourisme, de la Promotion de l'Image de Bruxelles et du Biculturel d'intérêt régional (question n°810)

 
Date de réception: 24/01/2022 Date de publication: 16/05/2022
Législature: 19/24 Session: 21/22 Date de réponse: 16/05/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
29/04/2022 Recevable p.m.
 
Question   

Le jeudi 20 janvier dernier, le site d'information Bruzz a publié un reportage sur le (nouveau) phénomène de la prostitution de rue de Chinoises à Bruxelles. Le reportage s’intéresse plus spécifiquement à la situation dans le quartier de l'Alhambra, mais d'autres quartiers bruxellois seraient également concernés.

En effet, les membres du comité de quartier de l'Alhambra ou les travailleurs sociaux d'associations telles que l'Espace P ont récemment remarqué qu'un nombre croissant de prostituées chinoises racolent et tapinent dans la rue. La crise sanitaire a provoqué le départ de nombreux travailleurs et travailleuses du sexe d'Europe orientale, dont la place est manifestement prise aujourd’hui par des travailleuses du sexe chinoises.

Le problème qui se pose est que ces "nouvelles travailleuses du sexe" font très probablement partie d'un réseau de prostitution qui s'est initialement développé en Espagne et qui repose sur la traite des êtres humains et la prostitution forcée. Dans ce cadre, la police espagnole a récemment mené une vaste opération qui a abouti à 63 arrestations dans différentes villes.

Le réseau de prostitution promettait aux jeunes Chinoises des emplois et des papiers en Europe en échange du versement de 8.000 à 10.000 euros. Une fois arrivées, elles ont reçu des permis de séjour au moyen d’une construction complexe (qui leur ont ensuite été retirés), mais on leur a également dit qu'elles devaient rembourser une lourde dette en travaillant comme prostituées. De facto, elles ont ainsi échoué dans une sorte d'esclavage, dans des maisons où elles travaillaient également dans des conditions épouvantables.

Plusieurs témoignages indiquent que les prostituées chinoises actives à Bruxelles sont en fait issues de ce réseau, car elles interpellent souvent les clients en espagnol ou en anglais. Il y aurait un appartement au-dessus d'un supermarché chinois où les filles sont rassemblées afin d'être offertes aux hommes racolés dans un premier temps dans la rue.

Apparemment, la police fédérale mène une enquête sur ce phénomène et en 2019, elle avait déjà prévenu que des réseaux criminels faisaient venir de nombreuses prostituées chinoises en Europe, notamment dans des villes belges.

Je voudrais donc vous poser les questions suivantes :

  • BPS ou vous-même avez-vous pris connaissance d'un nouveau phénomène spécifique impliquant des prostituées chinoises à Bruxelles ?

  • Quelles sont les premières conclusions que vous pouvez tirer au sujet de cette problématique ?  Avez-vous des indicateurs qui signalent une augmentation des nuisances et/ou de la criminalité (potentiellement liés à ces réseaux) dans les quartiers en question ? Des riverains et/ou des comités de quartier vous ont-ils déjà contacté à ce sujet ? Si oui, comment avez-vous répondu à leurs inquiétudes ?

  • BPS ou vous-même disposez-vous d’informations pouvant confirmer qu'il s'agit bien d'un réseau de prostitution forcée, comme celui mis au jour récemment en Espagne ?

  • Quelles mesures avez-vous décidé de prendre à présent qu'il s’avère qu'il s'agirait bien d'un cas de traite des êtres humains ?

  • Quelle concertation a-t-elle lieu avec les zones de police ou les communes concernées par ce phénomène de "prostitution chinoise" ?

  • Pouvez-vous indiquer si des contrôles ont lieu régulièrement, par exemple dans le quartier de l'Alhambra ? Ces contrôles ont-ils déjà été intensifiés dans le cadre de cette nouvelle problématique ?

  • Dans quelle mesure BPS est-elle impliquée dans une éventuelle enquête sur ce phénomène au niveau fédéral ?

  • Pouvez-vous faire le point sur l'élaboration du plan prostitution régional ? Quand ce plan sera-t-il présenté, et quand le gouvernement commencera-t-il à le mettre en œuvre ?

 
 
Réponse    Les zones de police sont au courant du phénomène des prostituées chinoises à Bruxelles. Bruxelles Prévention & Sécurité (BPS) ne dispose cependant pas d’informations concernant des enquêtes judiciaires en cours. Je répète une fois de plus qu’il n’appartient pas à l’administration régionale de suivre les enquêtes judiciaires. Dans l’intérêt de ces enquêtes, il convient en effet de protéger les informations confidentielles.


Par contre, je peux vous confirmer que conformément aux procédures et aux règles policières, beaucoup de contrôles et d’identifications sont effectués et rapportés afin d’avoir une vue claire de toutes les formes de prostitution présentes sur le territoire régional.
Cela se fait sous la direction de la magistrature concernée et dans le respect de la répartition des tâches entre les différents services de police.

Des concertations régulières sont organisées avec le parquet de Bruxelles, les zones de police locales concernées et la police fédérale de l’arrondissement de Bruxelles sur toutes les formes de prostitution et d’exploitation sexuelle dans le cadre de la traite des êtres humains sur le territoire régional.

Il y a également des rencontres régulières avec les services concernés des différentes zones de police afin de discuter de nouveaux phénomènes.


Pour ce qui concerne le plan prostitution régional, BPS prévoit une analyse territoriale des différentes formes de prostitution et de l’ampleur (estimée) de la problématique dans la Région de Bruxelles-Capitale. A cet effet, tous les partenaires et experts pertinents seront consultés.


Le plan prostitution sera élaboré pendant la période où le Plan Global de Sécurité et de Prévention 2021-2024 est en vigueur. Afin de garantir l’efficacité de ce plan d’action, il sera indispensable de collaborer avec les communes et les zones de police bruxelloises, ainsi qu’avec le parquet et avec les associations spécialisées.


Dans le cadre de ce plan, plusieurs projets ont déjà été mis en place suite à l’appel à projets lancés auprès des associations.

Le subventionnement octroyé par la Région dans le cadre du Plan bruxellois de Prévention et de Proximité (2016-2021) a également permis de répondre au phénomène en assurant une présence visible et rassurante dans les espaces publics, en assurant de la médiation des conflits dans les espaces publics ou encore en veillant à prévenir et lutter contre les assuétudes et les incidences qu’elles occasionnent sur les espaces publics par des actions concrètes et proactives menées sur le terrain par des acteurs locaux (Gardiens de la paix, agents de prévention polyvalents, éducateurs de rue, travailleurs sociaux, etc.).


La Région subventionne en outre partiellement les frais de fonctionnement des zones de police, en ce compris dans l’objectif d’assurer la mise en œuvre de projets locaux dans le cadre des mesures du PGSP qui visent à harmoniser les approches en matière de prostitution sur l’espace public.

Ceci comprend le suivi du phénomène de prostitution de rue par l’autorité administrative et la police de proximité, et ce, par exemple dans le quartier Alhambra, dans le but de le juguler et de le réguler.

Enfin, la Région soutient l’implémentation d’une antenne de sécurité intégrée au niveau local (LISA) dans le quartier nord. Ce projet, porté par la commune de Schaerbeek, a notamment pour objectif de répondre au phénomène prostitutionnel dans ce quartier.