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Question écrite concernant la collecte d'eau et le risque de sécheresse à Bruxelles.

de
Cieltje Van Achter
à
Alain Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Démocratie participative (question n°1164)

 
Date de réception: 03/06/2022 Date de publication: 05/08/2022
Législature: 19/24 Session: 21/22 Date de réponse: 26/07/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
08/07/2022 Recevable p.m.
 
Question    Récemment, l'administration de l'environnement a annoncé qu'il y avait à nouveau une pénurie d'eau, pour le cinquième printemps en six ans. Par rapport au volume normal des précipitations, on a à peine atteint un quart des précipitations au mètre carré, et le peu de pluie qui tombe percole avec difficulté dans le sol . Un hydrologue de l'administration affirme que, depuis 2015, on observe une baisse continue du niveau des eaux souterraines, et que cette baisse se produit principalement dans le sud-est de Bruxelles, dans la forêt de Soignes et aux alentours. Un niveau d'eau inférieur réduit le niveau des étangs et des cours d'eau et augmente également les risques de sécheresse et même d'incendie dans la forêt.

En 2020, il a été annoncé que la Région présenterait pour la première fois un plan sécheresse. Celui-ci comprendrait des mesures préventives pour une utilisation plus rationnelle de l'eau, et il serait également mis sur pied un groupe de travail "Sécheresse" dirigé par Bruxelles Environnement, qui finaliserait le plan sécheresse dans le courant de l'année 2021. L'objectif est d'inclure le plan de lutte contre la sécheresse dans le plan de gestion des eaux de Bruxelles, qui en est à sa troisième version cette année (2022). J’ai cru comprendre que vous vous concentriez sur des "solutions basées sur la nature", c'est-à-dire des solutions qui visent à répartir l'eau de pluie dans le tissu urbain en vue de son infiltration ou évaporation et qui sont étroitement liées à la présence de la nature en ville.

Jusqu'à présent, cependant, je n'ai pas beaucoup entendu parler de ce plan sécheresse.

Je souhaiterais donc vous poser les questions suivantes.

  1. La directive-cadre européenne sur l'eau exige que les troisièmes plans de gestion des bassins hydrographiques soient adoptés au plus tard le 22 décembre 2021. Ces plans de gestion des bassins hydrographiques ont-ils été finalisés à temps ? Dans la négative, où en est-on ?

  2. Dans une précédente réponse, vous avez déclaré que les mesures de lutte contre la sécheresse feront partie du plan de gestion de l'eau 2022-2027. Où en est ce plan de gestion de l'eau ?

  3. La remise à ciel ouvert de la Senne peut-elle contribuer à la collecte naturelle des eaux de pluie et la lutte contre la sécheresse ? Quels tronçons de la Senne est-il relativement aisé de remettre à ciel ouvert ?

  4. Où en est-on en ce qui concerne la déminéralisation dans notre Région ? Où a-t-on déjà procédé à une végétalisation et où le fera-telle encore ?

 
 
Réponse   

1)

Le 3ème cycle des plans de gestion de district hydrographique (appelé le Plan de gestion de l’eau à Bruxelles) n’a pas encore été définitivement adopté par le Gouvernement. Il a fait l’objet d’une approbation en 1ère lecture le 31 mars dernier et fait actuellement l’objet des avis des instances et conseils consultés ainsi que d’un rapport sur les incidences environnementales des mesures qu’il propose. Selon le timing prévisionnel, et tenant compte d’une enquête publique de 6 mois, ce plan devrait être définitivement adopté d’ici un an (juin 2023).

2)

Le pilier 5 du programme de mesures de ce futur Plan de gestion de l'eau comprend en effet des mesures visant à renforcer la résilience de notre Région face aux risques de sécheresse (et d'inondation). Au total, 19 mesures traitent spécifiquement de la question de la sécheresse, et 5 autres y sont indirectement liées.

3)

La Senne a été récemment remise à ciel ouvert dans le nord de Bruxelles (à l’amont de la station d’épuration Nord, fin 2021). Si les différents projets de remise à ciel ouvert des rivières n’auront qu’un impact indirect sur les niveaux de la nappe phréatique, la gestion des eaux pluviales et la sécheresse, le retour de l’eau dans la ville permettra quant à lui de lutter contre le phénomène des ilots de chaleur urbain et donc d’améliorer la résilience de l’environnement urbain et de la ville face aux épisodes de sécheresse et d’offrir des lieux publics de qualité aux habitants. Ceci dit, la mise à ciel ouvert future de la Senne au Parc Maximilien et la rénovation de l’espace du parc est effectivement l’occasion de revoir la manière de gérer les eaux pluviales au niveau local (périmètre du parc et de ses abords directs). La gestion des eaux pluviales sera donc intégrée au parc via des aménagements de type « noues » qui seront également connectées à la Senne pour les épisodes pluvieux plus importants. Concernant d’autres potentiels de mise à ciel ouvert, le parcours souterrain de la Senne étant ce qu’il est, les opportunités de mise à ciel ouvert sans faire face à de multiples contraintes sont limitées. Notons toutefois des possibilités au niveau de la rue des Vétérinaires, de la porte d’Anderlecht et de Schaerbeek Formation qui sont également en cours de réflexion. Un projet concernant la Woluwe est également en réflexion du côté du boulevard du Souverain.

4)

La dernière évaluation du taux d’imperméabilisation du territoire régional remonte à 2006, de sorte qu’il est difficile de se prononcer sur un état des lieux récent. Bruxelles Environnement va réaliser une mise à jour en 2023 de cette carte et la réévaluera en 2027. Un marché public a été lancé en ce sens et comportera comme mission l’analyse de l’évolution de l’imperméabilisation dans la Région. En parallèle, Bruxelles Environnement a édité en 2020 une carte de végétalisation [1] (inversement proportionnelle à l’imperméabilisation, à quelques exeptions près) consultable en ligne.

 

Ce sujet de l’imperméabilisation est tout à fait d’actualité. Alors que le PRDD adopté en 2018 prévoyait de « viser la diminution du taux d’imperméabilisation de la Région » par le biais notamment « d’une sensibilisation et d’une collaboration accrue entre autorités communales et régionales en charge de l’urbanisme », et étant donné que cette ambition n’était accompagnée d’aucun objectif chiffré, ni de mesure concrète de mise en œuvre, le constat empirique qui peut être fait est celui d’une augmentation de l'imperméabilisation de la ville. La révision du PRAS, ainsi que la révision en cours du RRU (Good Living) seront l'occasion pour le Gouvernement de prendre des décisions concernant la politique à mettre en œuvre à ce sujet.

 

https://geodata.environnement.brussels/client/view/67bc5ff0-90f6-4b76-9f05-15c15a928980 [1]