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Question écrite concernant le suivi de la dernière étude de perspective.brussels sur les espaces de bureaux inoccupés et l'impact du télétravail

de
Bianca Debaets
à
Rudi Vervoort, Ministre-Président du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé du Développement territorial et de la Rénovation urbaine, du Tourisme, de la Promotion de l'Image de Bruxelles et du Biculturel d'intérêt régional (question n°964)

 
Date de réception: 18/11/2022 Date de publication: 02/02/2023
Législature: 19/24 Session: 22/23 Date de réponse: 31/01/2023
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
20/12/2022 Recevable
 
Question   

Perspective.brussels a déjà consacré plusieurs études différentes à l'impact de la nouvelle norme de télétravail sur le marché des bureaux bruxellois. L'une de ces études évoquait une possible diminution de 22 % de la surface de bureaux en raison de l'augmentation du télétravail, alors qu'en mars de cette année, on identifiait déjà plus d'un million de mètres carrés d'espace de bureaux inoccupé dans notre Région.

Publiée fin septembre, la dernière étude sur le sujet déclare que la conversion de ces espaces de bureaux inoccupés en logements, par exemple, est loin d'être une évidence. Les espaces de bureaux pourraient être plus facilement convertis en infrastructures scolaires, par exemple.

Depuis 1997, 1.674.298 mètres carrés de bureaux ont déjà été convertis, ajoute l'étude. Entre 2018 et 2020, 56 % des espaces de bureaux inoccupés ont été convertis en unités de logement, 31 % en équipements, 5 % en commerces et 8 % en locaux affectés à d'autres secteurs d'activité.

Je voudrais donc poser les questions suivantes :

  • Cette dernière étude a-t-elle permis d'acquérir davantage de chiffres et de données concernant l'impact de la nouvelle norme de télétravail sur le marché bruxellois des bureaux et, plus largement, sur l'économie bruxelloise ? Dans l’affirmative, pouvez-vous en dire plus ?

  • Pouvez-vous expliquer comment le gouvernement bruxellois a mis cette dernière étude de perspective.brussels à profit pour s'attaquer à l'immense quantité d'espaces de bureaux inoccupés dans notre Région ? Quels actions et moyens concrets sont-ils prévus à cette fin ?

  • Quels projets concrets de reconversion de bureaux inoccupés sont-ils actuellement à l’étude ? Pouvez-vous chaque fois expliquer la nature de la reconversion, les moyens et le calendrier prévus ?

  • En particulier, en quoi les résultats de cette étude contribuent-ils aux travaux de la task force bureaux, qui a été mise en place plus tôt entre perspective.brussels, urban.brussels et l'équipe du maître-architecte ? Comment prévoient-ils d’aborder le fait que de plus en plus d'espaces de bureaux sont structurellement inoccupés en raison de l'augmentation de la norme de télétravail ?

 

 
 
Réponse    La note de synthèse se base sur l’étude « analyse et impact du télétravail en RBC » menée par l’ULB sous la coordination de l’IBSA. Les principaux constats peuvent être résumés comme suit :


Avant la pandémie de covid 19, le télétravail était déjà une pratique répandue en Région bruxelloise dont le marché du travail se caractérise par une très forte proportion d'emplois qualifiés dans le secteur tertiaire (secteur privé et secteur public). Ainsi, selon Statbel, en 2019, la proportion des télétravailleurs parmi les travailleurs salariés dont le lieu de travail se trouve en Région bruxelloise était de 26,1 %  pour 12,7 % des travailleurs salariés au niveau belge.

Des traitements spécifiques et inédits de données menés dans le cadre de cette étude ont montré que le télétravail pourrait être activé pour, au maximum, un peu moins de la moitié (45 %) des salariés dont le lieu de travail se trouve en Région bruxelloise. Attention : cela ne signifie pas que le télétravail va un jour atteindre ce pourcentage mais bien que cette part représente le maximum du nombre de travailleurs actifs qui pourraient être concernés par le télétravail.

L’étude montre que la mise en œuvre du télétravail pour les fonctions adaptées à cette pratique dépend des facteurs qui influencent l’offre de télétravail au sein des entreprises publiques et privées (investissements dans le matériel TIC, taille des entreprises, etc.), ainsi que des facteurs qui influencent la demande de télétravail par les travailleurs, dès lors que le télétravail est pratiqué sur base volontaire. De plus, le télétravail serait généralement effectué une partie seulement du temps de travail, pendant 1, 2 ou 3 jours par semaine par exemple.

L’analyse menée attire aussi l’attention sur le fait que l’augmentation de la pratique du télétravail risque d’avoir des impacts différenciés sur l’emploi et l’économie bruxelloise, en fonction du profil des travailleurs, de l’organisation des entreprises et des secteurs d’activité. Le télétravail risque d’aggraver les inégalités sur le marché du travail entre les travailleurs qui occupent des emplois pour lesquels il est plus aisé de télétravailler (emplois de bureau, à horaire stable et plutôt dans de grandes structures administratives publiques ou privées) et les travailleurs qui occupent des emplois très souvent peu adaptés au télétravail, car ils impliquent le plus souvent des tâches (manuelles) non dématérialisables.

Concernant l’évolution du marché de bureaux, l’étude estime que le télétravail contribuerait à alimenter la contraction et la dualisation du stock de bureaux utilisés en Région de Bruxelles-Capitale. Sur ce point, l’étude se réfère aux résultats de l’enquête ERMG de la BNB de 2021 qui estimait que la baisse de la surface par employé au sein des entreprises bruxelloises participants à l’enquête de mars 2021 serait de 22 %. Néanmoins, le take-up sur le marché immobilier ne va pas forcément s’effondrer, car la demande se maintiendrait pour de nouveaux espaces de bureaux adaptés aux technologies et normes actuelles. Par contre, l’obsolescence des bâtiments anciens pourrait connaître une accélération. Le recours accru au télétravail semblerait avoir pour implication une réduction du ratio m²/employé présents sur place à 75% en moyenne par employé. Par exemple, dans une entreprise de 10 personnes dont la moitié est en télétravail, la surface passerait de 100 m² à 75 m² et pas à 50m².


L’intérêt de l’étude est avant tout d’objectiver la situation quant à la vacance des espaces de bureau au sein de la Région. Depuis le Covid et l’augmentation du recours au télétravail, de nombreux acteurs ont conclu que cela se traduirait par une diminution massive de l’occupation des bureaux. Les données collectées à ce stade ne montrent pas cette diminution massive. Par ailleurs, l’intérêt de cette étude est également d’identifier si les espaces vacants peuvent être convertis vers d’autres fonctions. L’analyse a montré qu’en réalité beaucoup d’espaces vacants ne sont pas propices à une conversion, pour des raisons qui sont détaillées dans la publication de Perspective. Un certain nombre de recommandations – dont le monitoring régulier de cette vacance - ont, pour le surplus, été transmises par la Task Force au Ministre-Président. Ce dernier est en train de procéder à leur analyse afin d’identifier comment y donner suite.

La note de synthèse est le fruit du groupe de travail sur les bureaux créé par perspective.brussels, urban et l’équipe du Bouwmeester.