Logo Parlement Buxellois

Question écrite concernant les conseillers de santé

de
Françoise Schepmans
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°598)

 
Date de réception: 04/07/2022 Date de publication: 20/09/2022
Législature: 19/24 Session: 21/22 Date de réponse: 15/09/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
07/07/2022 Recevable p.m.
 
Question    Plusieurs actions ont été menées lors de la crise sanitaire dans le cadre de la prévention et de la campagne de vaccination. A l’initiative du fédéral par exemple, il y avait ainsi les Community Health Workers (CHW) déployés dans toute la Belgique.1

Dans cette même optique, un projet a été initié en partenariat avec les mutuelles, la Cocom et les administration de la Cocof. Depuis mai 2021, des agents de prévention appelaient pro activement par téléphone les Bruxellois de plus de 65 ans, isolés et bénéficiaires de l’intervention majorée (BIM) afin de mieux les accompagner. Une équipe supplémentaire était d’ailleurs dédiée aux 35-44 ans. 2

Aujourd’hui, ces agents de préventions prolongent en quelque sorte leur mission. Selon la presse, ils continueront à joindre par téléphone les 65+. Leurs attributions ont toutefois été revues. Désormais, il s’agira de « conseillers de santé ».

Dès lors, Monsieur le Ministre, voici mes questions :

  • Quelle a été la durée de la mission des agents de prévention ?

  • Quel a été le bilan ?

  • Combien d’agents ont été prolongés en tant que « conseiller santé » ? De manière plus précise, quelles seront leurs missions ?

  • Que sont advenus les agents de terrain, dont le rôle était complémentaire au centre d’appel lors de la crise ?

1 https://www.mloz.be/fr/communiques/un-accompagnement-personnalise-par-les-mutualites-des-publics-fragilises

2 https://www.ccc-ggc.brussels/fr/news/vaccination-bruxelles-les-mutualites-encore-plus-mobilisees

 
 
Réponse    Q1

Le projet a commencé au mois de mars 2021 et la mission des quinze ETP agents de prévention a débuté concrètement sur le terrain (via des appels téléphoniques) au mois d'avril 2021.
La mission des agents de prévention a évolué mais est toujours en cours jusqu'à la fin de l'année 2022. Seul leur nom a changé afin de mieux refléter la réalité de leur travail et de leur rôle auprès des publics prioritaires avec lesquels ils rentrent en contact. Les possibilités de prolongation du projet pour l'année 2023 sont en cours de discussion avec les Mutualités libres qui représentent la collaboration intermutualiste, qui porte le projet.



Q2

Pour rappel, les objectifs du projet « Agents de prévention » sont doubles :
1. Renforcer les comportements préventifs (mesures de prévention et vaccination) dans le contexte de la crise sanitaire Covid-19. Il s'agit en particulier d'analyser et de soutenir les compétences des publics cibles liées aux mesures de prévention et à la vaccination Covid-19.

2. Identifier et soutenir les besoins de santé du groupe cible :
- Identifier et analyser les besoins du groupe cible en matière de bien-être physique, mental et social
- Orienter et/ou informer sur les services et organisations qui peuvent répondre à ces besoins.

Les mutualités porteuses du projet ont réalisé une analyse de l'output et de l'impact du projet, à partir de données quantitatives et qualitatives récoltées auprès des personnes ayant répondu aux appels téléphoniques, ainsi qu'au travers de séances d'intervision rassemblant les agents de prévention.
Le rapport d'analyse rédigé sur la base de cette évaluation est extrêmement dense et renferme de nombreuses informations importantes, tant en ce qui concerne le profil des répondants et leurs besoins que l'approche développée dans le cadre de ce projet.

Quelques éléments généraux extraits du rapport d'analyse peuvent être évoqués :

En ce qui concerne le profil des répondants
· Dans la période du 1/5 au 9/11/2021, 12.335 personnes ont été interviewées, c'est-à-dire 64% des personnes du groupe cible dont les mutualités connaissent le numéro de téléphone.
· Dans 84 % des appels, l’agent de prévention a pu terminer la conversation, c'est-à-dire qu'il ou elle a passé en revue la plupart des éléments du script.
· 51 % des personnes contactées appartiennent aux catégories d'âge « 65-69 » et « 70-74 ».
· 75 % des personnes contactées sont des femmes, 25 % sont des hommes.
· Pour 72 % des personnes contactées, l'appel téléphonique a une valeur ajoutée perçue. Les analyses montrent que cette valeur ajoutée est liée à plusieurs facteurs : le sentiment de solitude exprimé, la présence de problèmes de santé, la présence de barrières pour l'accès aux soins, le fait que des informations ou le renvoi vers des services internes ou externes aient été fournis pendant l'entretien.
· La majorité des personnes sont au courant des mesures de prévention, telles que le port du masque, le respect de la distanciation, l'hygiène des mains, la ventilation des pièces, etc. et plus de trois quarts affirment ne pas avoir de difficultés à suivre les mesures. Les mesures de prévention les plus difficiles à vivre sont la limitation des contacts sociaux, le port du masque et la limitation des activités sociales.
· Au moment de l'appel, 84 % des personnes interrogées avaient été vaccinées. Parmi les personnes qui n'avaient pas été vaccinées au moment de l'appel, 40 % ont hésité, principalement pour des raisons liées aux effets secondaires, 17 % n'avaient pas encore été vaccinées et le processus de vaccination était en cours et 43 % des personnes étaient convaincues ne pas vouloir se faire vacciner.
· Environ une personne sur trois indique avoir un besoin de santé et 39% disent rencontrer des obstacles pour accéder aux soins de santé (obstacles physiques 39%, financiers 21%, langue et culture 11%, fracture numérique 6%).

· 28,5 % de l'ensemble des personnes contactées ont reçu des informations sur les services de soutien ou aides disponibles que les mutualités ou d'autres organisations peuvent fournir, et/ou ont été activement orientées vers un service interne des mutualités.
· 11% des répondants indiquent qu'ils sont souvent confrontés à un sentiment de solitude.


En ce qui concerne le projet lui-même

Le rapport d'analyse identifie les forces du projet à différents niveaux :

1) Portée du groupe cible
· Il est possible d'atteindre un grand groupe de personnes dans un laps de temps raisonnablement court. L'appel téléphonique a été considéré comme un moyen approprié pour atteindre le groupe cible, surtout pour un premier contact ;
· La possibilité d'atteindre des groupes cibles très spécifiques sur des critères rigoureux, sur la base des données de l'Agence Intermutualiste (AIM) ;
· Taux élevé d’acceptation des appels en raison de la relation de confiance entre les mutualités et leurs membres ;
· La proactivité et l’individualisation des appels ont été très appréciées par les membres.


2) Orientation personnalisée vers les services de santé et de bien-être
· Pour de nombreux membres, les appels ont signifié un soutien concret pour améliorer le bien-être des personnes contactées. Non seulement ils ont été écoutés, mais aussi, sur la base d'une conversation personnelle et d'une évaluation de leurs besoins, ils ont été orientés vers une aide appropriée et concrète. Ce renvoi vers d’autres services s'est avéré essentiel. Tout d'abord, parce que les gens ne sont pas toujours au courant des services proposés. Ensuite, parce qu’ils ne sont pas toujours conscients de leurs droits, et reportent donc certaines demandes de soins. En promouvant une aide adaptée, les agents de prévention peuvent contribuer au renforcement d'une vie active et sociale chez les personnes âgées.
· Les agents de prévention ont encouragé les membres à exprimer leurs besoins en matière de santé en leur posant des questions précises, par exemple sur leur capacité à effectuer diverses tâches quotidiennes (se déplacer à l'intérieur et à l'extérieur de la maison, faire les courses, faire le ménage, etc.). Il s'agit d'une perspective essentielle, étant donné que la personne contactée peut évaluer ses propres besoins en matière de soins et de soutien et indiquer ce dont elle a besoin. Il est crucial de donner confiance aux personnes âgées dans leur capacité à prendre des décisions concernant leur santé, dans leur capacité à trouver, comprendre et appliquer des informations fiables. À cet égard, le renforcement de la littératie en santé est un véritable instrument d'empowerment, selon lequel la personne peut agir sur les événements qui le ou la concerne.
· L’agent de prévention a également aidé les personnes contactées à identifier leurs éventuelles difficultés à comprendre, évaluer et appliquer les informations sur la réglementation sanitaire en vigueur (mesures préventives et vaccination) dans le contexte de la crise sanitaire de la Covid-19. L'objectif de l'entretien n'est pas de convaincre les individus des avantages de la vaccination, mais plutôt de les orienter vers les sources d'information appropriées (sites web officiels, médecin généraliste, pharmacien, par exemple) afin qu'ils puissent prendre une décision éclairée concernant leur propre santé.

3) Assurer le suivi de l'orientation vers les services des mutualités
· Le suivi des besoins pouvant être satisfaits par les mutualités est assuré par un système de « ticket » interne, l’envoi d’un courrier ou un enregistrement dans le dossier général du membre. La demande de suivi est ensuite traitée par un autre service de la mutualité, comme le service social.

· Les agents de prévention ont également répondu aux questions/demandes mutualistes des membres concernant leur dossier, envoi de vignettes et enveloppes, etc.

4) Lutte contre le non-recours aux droits (aides sociales, reconnaissance aidant-proche, droits liés au statut BIM)
· Les agents de prévention peuvent référer les personnes vers le service social de leur mutualité, qui informe les membres sur les interventions et aides possibles comme l’allocation pour personnes âgées (APA).


5) Collaborations avec des acteurs de la santé et de la promotion de la santé et échanges de bonnes pratiques

· L’élaboration de la stratégie et sa mise en œuvre ont eu lieu en collaboration avec divers acteurs actifs dans la politique de santé et de la promotion de la santé. Cette diversité d’acteurs était importante pour connecter le projet et ses développements à la réalité du terrain. Des mises à jour régulières du projet ont également été fournies par le biais de plateformes de consultation telles que l’ALCOV et d’autres stratégies coordonnées.


6) Sonder les besoins des membres
· Grâce à ces appels proactifs, les mutualités ont également une meilleure idée de certains besoins des membres qui leur étaient auparavant inconnus ou qui se sont amplifiés suite à la crise sanitaire.


Des faiblesses et des limites sont également formulées : manque de notoriété du projet et des missions de l'agent par les personnes appelées par téléphone, effet "one shot" de l'appel, le contexte sanitaire ne permettant pas de répondre à tous les besoins ainsi que l'absence d'information concernant le profil des personnes qui n'ont pu être jointes par téléphone.



Q3

Les 20 etp agents de prévention sont toujours mobilisés pour prendre contact par téléphone avec les membres du groupe cible, et avoir un échange avec ceux-ci sur différents thèmes définis par un script. Au départ du projet, le public cible était les personnes 65+ isolées, bénéficiaires de l'intervention majorée (BIM), affiliées à l'une des 5 principales mutualités bruxelloises (Partenamut, Partena, CM Sint-Michiels bond/MC Saint-Michel, Mutualia, MutPlus et Mutualité socialiste du Brabant (FMSB)).

La période initiale de 6 mois a été prolongée une première fois jusqu'à la fin de l'année 2021. A partir de ce moment, le groupe cible a été élargi aux personnes de 35 à 44 ans.

Au cours de l'année 2022, le groupe des 65+ non BIM a été ciblé, en priorisant les personnes sans contact avec un médecin généraliste ou une maison médicale, et les personnes ayant un statut de malade chronique. A partir des mois d'août-septembre, le public cible des familles monoparentales sera également ciblé. 10 à 15 quartiers prioritaires ont été priorisés.



Q4

La mission de ces agents a également été prolongée jusqu'au 31 décembre 2022, à raison de maximum 30 etp. Ils ont pour mission le suivi COVID sur les différents volets de la lutte contre la maladie.