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Question écrite concernant les femmes bénéficiant d’un accompagnement Housing First

de
Viviane Teitelbaum
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°719)

 
Date de réception: 17/05/2023 Date de publication: 11/07/2023
Législature: 19/24 Session: 22/23 Date de réponse: 19/06/2023
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
23/05/2023 Recevable Bureau élargi de l'Assemblée réunie
 
Question    En avril dernier, nous discutions, dans le cadre de la commission de la Santé et de l’Aide aux personnes, du dispositif Housing First. Nous apprenions alors qu’à ce jour, ce sont environ 260 personnes qui bénéficient d’un accompagnement Housing First en Région bruxelloise.

Selon les chiffres officiels, près d’une personne sans abri ou mal logée sur cinq en Région bruxelloise est une femme, et sans doute bien plus. Elles sont nombreuses à avoir fui leur logement pour cause de violences et y sont d’ailleurs très souvent confrontées une fois à la rue. Or, parmi les 7 opérateurs Housing First, seule l'ASBL DUNE apporte une attention particulière aux femmes sans abri.

  1. Sur l’ensemble des bénéficiaires du Housing First, combien sont des femmes ?

  2. Combien étaient-elles en 2022 et 2021 ?

  3. Combien d’entre elles ont été confrontées à des violences basées sur le genre ?

  4. Le personnel qui accompagne ces femmes est-il formé aux questions de violences faites aux femmes ?

  5. Parmi les femmes sans abri, combien ont des pathologies croisées (assuétudes, santé mentale, …) leur permettant d’être éligibles au programme Housing First ?

  6. L’ASBL DUNE est à ce jour en mesure d’accompagner 12 personnes. Ce chiffre étant nettement inférieur aux autres opérateurs, est-il prévu d’augmenter sa capacité d’accompagnement ? Le cas échéant, puis je avoir plus d’informations ?

 
 
Réponse    Je vous remercie pour votre question.

Q1
Afin de répondre aux différentes questions posées, l'Administration a interrogé les asbl Santé Mentale & Exclusion Sociale-Belgique (SMES), Diogènes, Infirmiers de Rue (IDR), New Samusocial (NSS), Initiative Antonin Artaud (IAA), DoucheFlux et Dune. L'asbl Dune n'a pas fourni d'éléments de réponses.
Sur l'ensemble des bénéficiaires des dispositifs Housing First des asbl SMES, NSS, IAA, IDR, DoucheFlux et Diogènes sur le territoire de la région de Bruxelles-Capitale, 116 sont des femmes, réparties de la manière suivante :
SMES : 21
NSS (projet "Step Forward") : 51
IAA : 10
IDR : 26
DoucheFlux : 8
Diogènes : 18


Q2
Sur bases des réponses reçues par les asbl SMES, NSS, IAA, IDR et Diogènes, 58 femmes ont été suivies en 2021 et 68 en 2022, selon la répartition suivante :

2021
SMES : 19
NSS (projet "Step Forward") : 17
IAA : / (début du projet 2022)
IDR : 22
Diogènes : 15

2022
SMES : 20
NSS (projet "Step Forward") : 16
IAA : 4
IDR : 28
Diogènes : 18


Q3
L'asbl SMES informe l'Administration que beaucoup de personnes accompagnées dans le cadre de leur projet Housing First sont victimes de violences. L'asbl soulève, néanmoins, la difficulté de distinguer si ces violences trouvent leur origine dans le genre, le statut de séjour, la pauvreté, l'usage de drogues ou sont dues à du racisme, de la transphobie ou d'autres causes.

Concernant les femmes accompagnées au sein du dispositif Housing First "Step Forward" de l'asbl
NSS, toutes ont été confrontées un jour ou l'autre à des violences liées à leur genre. C'est également le cas des femmes suivies au sein de l'asbl IDR car presque toutes ont subies des violences physiques à leur encontre.

Sur les 10 femmes accompagnées par le dispositif Housing First de l'asbl
IAA, 8 ont été confrontées à des violences basées sur le genre, principalement des violences de la part de leur partenaire, et une femme dans le cadre de la prostitution.

Quant aux 18 femmes accompagnées par l'asbl
Diogènes, 14 d'entre elles ont subi de telles violences.

Selon l'asbl
DoucheFlux, la violence fait partie du quotidien de la majorité des femmes que l'asbl accompagne. Les violences subies par ces femmes sont régulières, interviennent à divers moments de leurs parcours et proviennent de sources diverses. En plus des violences basées sur le genre, il y a également des violences qui surviennent lors des activités de prostitution ou de consommation de stupéfiants, des violences conjugales, de rue, institutionnelles, liées à la pauvreté, à l'usage de drogue ou encore aux troubles de santé mentale.



Q4
Dans le cadre d'une étude réalisée par l'asbl Fédération des Maisons d'Accueil et des Services d'Aides aux Sans-abri (AMA) sur l'impact de la crise sanitaire Covid 19 sur les victimes de violences conjugales et intrafamiliales dans les services d'aides aux personnes sans-abri, une série de recommandations ont été formulées, dont l'organisation de formations à destination des professionnels du secteur sans-abri sur la thématique des violences conjugales et intrafamiliales.

Suite à cette recommandation, l'asbl AMA a reçu une subvention de 100.000 euros de la COCOM afin de lui permettre de construire un plan de formation autour de la thématique des violences conjugales et intrafamiliales pour l'ensemble du secteur bruxellois de l'aide aux personnes sans-abri, pour la période du 1
er novembre 2022 au 31 décembre 2024. L'arrêté de subventionnement a été approuvé le 24 novembre 2022 par les membres du Collège réuni (FacSub/22/303).


À ce jour, voici les informations que l'Administration a reçu de la Fédération AMA sur les formations réalisées dans le cadre du projet de formations du secteur sans-abri bruxellois aux violences conjugales et intrafamiliales (dernière mise à jour des données : le 24 mai 2023) : 53 travailleur.euse.s ont suivi des formations, dont 3 qui travaillent dans des services Housing First (DoucheFlux et Diogènes). Les formations se déroulent jusqu'en décembre 2024 et sont ouvertes à l'ensemble des services Housing First. Dans les communications réalisées par la Fédération AMA, celle-ci invite l'ensemble des services, dont les services Housing First, à s'inscrire et bénéficier de ces formations. Les thématiques abordées sont les suivantes :
· formation introductive aux violences conjugales et au processus de domination conjugale
· formations d'approfondissement :
o accompagnement des victimes
o accompagnement des auteurs
o accompagnement des enfants
· sensibilisation pour le personnel administratif et ouvrier aux violences conjugales et intrafamiliales
· formation pour les directions des services.


Par ailleurs, l'asbl
SMES confirme qu'elle porte une attention particulière aux problématiques spécifiques (en plus des problématiques de santé mentale et d'addictions) rencontrées par les femmes sans-abri accompagnées dans le cadre de son projet Housing First. Ces problématiques peuvent notamment être un partenaire violent, des antécédents de viol et traumatisme y liés, des violences dans le cadre du travail du sexe/prostitution, des violences systémiques et institutionnelles, des violences policières, etc.
Trois psychologues de l'équipe de l'asbl SMES possèdent une expertise dans la prise en charge de ces difficultés et sont formés notamment à la clinique du trauma. En outre, des partenariats sont effectifs avec le Centre de Prise en charge des Violences Sexuelles (CPVS) et le Centre de Prévention des Violences Conjugales et Familiales (CPVCF).

L'équipe médicale et sociale du projet "Step Forward" de l'asbl
NSS est, elle aussi, formée au sein du CPVCF, mais aussi auprès de la Fédération BICO.

Quant à l'asbl
Diogènes, deux accompagnatrices psycho-sociale ainsi que la coordinatrice se sont inscrites à cette formation organisée par le CPVCF durant le mois de juin.

Concernant l'asbl
IAA, lors des réunions d'équipe qu'elle organise, les situations des femmes sont discutées sous la supervision d'un psychologue expérimenté. De plus, les membres de l'équipe peuvent également participer à des journées de formation ou d'étude sur le sujet.

Le personnel de l'asbl
IDR qui accompagne ces femmes a suivi une journée de sensibilisation / formation (facultative) sur les violences faites aux femmes données par Praxis et le Collectif contre les Violences familiales et l'Exclusion (CVFE). L'asbl souligne cependant que cette formation était davantage théorique, sans avoir pour vocation d'outiller le personnel dans l'accompagnement à proprement parler des victimes ou auteur.e.s de violences.

Enfin, l'équipe de l'asbl
DoucheFlux est en formation continue, non seulement sur les problématiques de violences faites aux femmes, mais également sur les problématiques de santé mentale et d'addictions. Une partie de l'équipe est également formée aux concepts du processus de domination conjugale et le reste y est sensibilisé. L'asbl aimerait également poursuivre une spécialisation en matière d'antécédents de viol et traumatisme liés, en matière de violences dans le cadre du travail du sexe/prostitution, violences systémiques et institutionnelles, violences policières, etc.


Q5
L'asbl NSS informe l'Administration que sur 548 femmes accueillies par son pôle Urgence Sociale sur la période du 1er janvier au 30 mai 2023, seulement 1 d'entre elle a été identifiée par les équipes sociales et médicales comme répondant à une problématique de santé mentale.
La cause de rupture la plus déclarée au sein de l'asbl NSS reste la rupture familiale. Il est à noter que les causes de rupture se font sur déclaration de la personne, donc si la personne n'identifie pas par elle-même une problématique de santé/santé mentale/assuétude, elle ne figurera pas dans la base de données de l'asbl NSS.

Les 8 femmes accompagnées au sein du dispositif Housing First de l'asbl
IAA ont toutes des problèmes psychologiques complexes, et 2 d'entre elles combinent des problèmes psychologiques et des problèmes de toxicomanie active.

Concernant les femmes sans-abri suivies au sein de l'asbl
IDR, toutes ont des pathologies croisées s'agissant des critères de vulnérabilité requis par l'asbl.

Enfin, le nombre de femmes
identifiées par l'équipe de travail de rue de l'asbl Diogènes comme répondant aux critères Housing First et cumulant des problématiques de santé mentale et assuétudes est de 42 (sur 329). Parmi celles-ci, 8 ont été sélectionnées sur la liste de candidats potentiels. L'asbl informe l'Administration que pour les 34 autres, celles-ci pourraient également être orientées vers un service Housing First mais l'équipe de travail de rue de l'asbl tente d'abord d'autres pistes de sorties de rue.



Q6
Pour la période du 1er mai au 31 décembre 2023, il est en effet prévu que l'asbl DUNE accompagne 12 personnes au lieu de 24 car l'année 2023 constitue une année de démarrage nécessaire afin de lancer le service Housing First et de préparer l'accompagnement des bénéficiaires et la captation de logement y liée.

Pour ce faire, l'asbl met donc à disposition du projet une équipe composée de 2 ETP augmentant de manière graduelle, à savoir 1 ETP coordination et responsable logement et 0,5 ETP travailleur psycho-médico-social à partir de juin 2023 ainsi que 0,5 ETP psychologue à partir d'octobre 2023 en fonction du nombre de logements et de personnes accompagnées.

Il est cependant prévu que la capacité d'accompagnement de l'asbl Dune puisse augmenter pour atteindre 24 suivis en logements à partir de 2024 en tenant compte du nombre de logements captés et du nombre de personnes accompagnées.