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Question écrite concernant les propos racistes et insultants proférés par la responsable d'un JD Sport à l'encontre de ses employés.

de
Jamal Ikazban
à
Bernard Clerfayt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de l'Emploi et de la Formation professionnelle, de la Transition numérique, des Pouvoirs locaux et du Bien-Être animal (question n°113)

 
Date de réception: 31/01/2020 Date de publication: 02/03/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 02/03/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
06/02/2020 Recevable p.m.
 
Question    Début novembre, une vidéo contenant les propos racistes d’une responsable d’un JD Sport de Liège a été partagée de nombreuses fois sur les réseaux sociaux, faisant les titres de la presse.

En visualisant ce film, on se rend compte que la responsable en question traite ses employés de couleur sans aucune gêne de
« macaque ».

Un vocabulaire d’un autre temps qui bien évidemment ne doit pas en rester là. D’autant que l’auteure de tels propos choquants, scandaleux et complètement condamnables semble minimiser les choses dans ses explications.

Des explications qui ajoutent d’ailleurs au scandale puisqu’elle a précisé qu’elle ne voulait pas être méchante mais juste préparer la
« fouille » de fin de service de son personnel.

Donc, non seulement, une responsable de magasin se permet d’insulter ses employés, mais pour ajouter à l’humiliation, elle les fouille en fin de service. Où est-on ? Où est le respect de la dignité du travailleur quand il est ainsi préalablement soupçonné de vol au quotidien ?

Ajoutant le plus simplement du monde qu'elle voulait
« ‘juste’ organiser une file avec les arabes, une file avec les gwers (les blancs) et une file de macaques ».

J’avoue que j’ai cru un instant à un sketch de mauvais goût, mais il n’en est rien, c'est clairement de la ségrégation raciale et une forme d'apartheid humiliante.

Les réseaux sociaux et les tribunaux ont-ils raison d’accabler cette jeune femme pour ses actes et paroles ? Oui !

Mais ce faisant, on ne peut pas passer sous silence ce qu’elle avoue sans sourciller quand elle pense justifier une attitude condamnable. En effet, on est en droit de se poser la question relative à l’existence de fouilles humiliantes en fin de service tout en séparant les employés en fonction de leur origine et couleur de peau. Il y a là de quoi halluciner.

On peut s’interroger sur le sens donné par l’employeur à ces fouilles ségrégationnistes et le traitement forcément différencié qui en résultera, sinon à quoi bon séparer ainsi les travailleurs dans des files ?

Suite à l’appel à boycotter JD Sport, la femme incriminée a été privée de liberté durant quelques heures. Mais le mal est fait, d’autant que le public cible de cette marque est aussi à l’image de ces travailleurs humiliés.

Pierre, qui travaillait dans la chaîne de magasin depuis six mois, témoigne au sujet de cette soirée de fermeture. Il est 20h30 et les équipes de Namur et de Liège attendaient la fouille quotidienne en présence des managers et vendeurs. Il entre et entend la manager dire : « les macaques, les bamboulas, … faites une rangée pour les fouilles ». L’humiliation qu’il a ressentie a été à son comble quand tout le monde s’est mis à rire sauf deux autres personnes visées par ces insultes de « macaques ». Quelques jours après les faits, Pierre a confié à la manager son ressenti mais cette dernière a minimisé sans considération pour lui en précisant qu’elle a toujours agi de la sorte sans que personne ne s’en plaigne. Pierre est alors allé en parler au District Manager qui à son tour a minimisé les faits.

Ce manque de réaction et de communication ferme de la part de la chaîne de magasin n’a pas été apprécié.

Malheureusement, et c’est regrettable, deux magasins ont été pillés en signe de représailles, à Liège, ainsi que celui de la rue Neuve, à Bruxelles.

Ce n’est qu’après ces actes de vandalisme que JD Sport est sorti du silence :
« Nous ne saurions tolérer aucune discrimination quelle qu’elle soit. Nos recherches ont à présent abouti et le/la manager a quitté l’entreprise. »

Si je ne m’inquiète pas pour la marque, qui saura rebondir rapidement, je suis scandalisé par le traitement dégradant qu’ont subi ses employés comme si les personnes de couleur ou d’origine extra-européenne ne méritaient aucune considération.

Le rapport 2018 d’Unia s’intitule d’ailleurs « Renouer avec les droits humains ». Il est évident qu’on en est loin.

Au vu de tous ces faits, j’aurais voulu savoir, Madame la Secrétaire d’Etat :

1) A partir de tels faits, et l’existence de fouilles d’un autre temps, comment inciter une entreprise comme celle incriminée à renouer avec les droits humains ?
2) Unia explique avoir reçu de nombreux signalements par rapport à de tels faits, mais aucun qui provienne d’une personne directement visée par de tels propos, les victimes préférant se tourner vers leur syndicat ou se taire. Comment mettre la lutte contre le racisme au cœur du monde du travail ?
3) Parfois les victimes de propos racistes, d’humiliations, ou d’incitation à la haine sur le marché de l’emploi baissent l’échine de peur de perdre leur emploi. Ce qui ne contribue pas au vivre-ensemble et au bien-être au travail. Comment y remédier ?
4) Combien d’autres affaires similaires existe-t-il sans qu’elles soient dénoncées ? Avez-vous par hasard une estimation ?

https://www.rtbf.be/info/societe/detail_propos-racistes-aux-employes-un-magasin-jd-sports-devalise-la-manageuse-concernee-ecartee?id=10360331

https://www.youtube.com/watch?v=XX0aY44WA3o

https://www.rtbf.be/info/regions/liege/detail_la-chaine-jd-sports-victime-de-pillages-apres-des-propos-racistes-tenus-par-un-manager?id=10360703
https://www.unia.be/fr/publications-et-statistiques/publications/rapport-annuel-2018

 
 
Réponse    Une entreprise condamnée pour des faits de discrimination (ou toute autre entreprise d’ailleurs) peut élaborer, en collaboration avec les conseillers d’Actiris, un plan diversité permettant à ces entreprises d’aborder les relations de travail sous l’angle de la diversité et de la non-discrimination.

La réforme des plans diversité est entrée en vigueur le 1er janvier 2020 et se veut plus proche des besoins des entreprises en prévoyant trois types plans :
- Le mini-plan qui permet de résoudre des besoins immédiats.
- Le plan global qui prévoit une analyse générale de la situation de l’entreprise en ce qui concerne la promotion de la diversité et la lutte contre la discrimination en vue de proposer des actions spécifiques.
- Le plan thématique qui permet à l’entreprise d’approfondir une thématique particulière de promotion de la diversité.

Pour votre seconde question, et dans le cadre des compétences régionales, je me réfère au point précédent.

Vos autres questions sont liées aux relations de travail et sont donc de la compétence de l’Etat Fédéral.