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Question écrite concernant l’impact de la crise du coronavirus sur l’industrie du jeu vidéo dans la Région de Bruxelles-Capitale

de
Bianca Debaets
à
Pascal Smet, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale, chargé de l'Urbanisme et du Patrimoine, des Relations européennes et internationales, du Commerce extérieur et de la Lutte contre l'Incendie et l'Aide médicale urgente (question n°292)

 
Date de réception: 20/11/2020 Date de publication: 06/01/2021
Législature: 19/24 Session: 20/21 Date de réponse: 05/01/2021
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
08/12/2020 Recevable p.m.
 
Question    La crise du coronavirus a déjà fait de sérieux dégâts dans tous les domaines de l’économie bruxelloise, il n’y a plus lieu de le démontrer aujourd’hui. Toutefois, un secteur moins fréquemment évoqué est celui de l’industrie du jeu vidéo, qui est devenue un acteur économique majeur ces dernières années, mais qui souffre également de la crise sanitaire actuelle.

Au niveau flamand, le ministre compétent a annoncé jeudi 19 novembre dernier que le gouvernement débloquerait 100.000 euros pour permettre au secteur flamand du jeu vidéo de surmonter la période du coronavirus. En outre, le gouvernement flamand investit chaque année environ 1,5 million d’euros dans des projets de jeux vidéo sérieux via le Gamefonds du Vlaams Audiovisueel Fonds (VAF). Dans le cadre de la relance, 15 millions d’euros supplémentaires sont également prévus afin de mieux soutenir les producteurs et de renforcer le VAF, une partie étant destinée au Gamefonds.

Je voudrais dès lors vous poser les questions suivantes :

- Pouvez-vous donner une indication de la taille de l’industrie du jeu vidéo dans la Région de Bruxelles-Capitale ? Combien d’entreprises sont-elles actives dans ce secteur et quel volume d’emploi représente-t-il ? Quelle valeur économique génère-t-il ? Comment ces chiffres ont-ils évolué par rapport aux années précédentes ?

- Comment travaillez-vous à stimuler et promouvoir les possibilités d’exportation que ce secteur représente ? Comment travaillez-vous à positionner la Région de Bruxelles-Capitale en tant que haut lieu pour le développement de jeux vidéo (éducatifs) ? Quels sont les rôles de screen.brussels et hub.brussels à cet égard ou qu’a-t-il déjà été convenu en la matière ?

- Vous êtes-vous déjà concerté.e avec les représentants de l’industrie bruxelloise du jeu vidéo au sujet des problèmes qu’ils rencontrent suite à la crise du coronavirus ? Dans l’affirmative, avec quels acteurs cette concertation a-t-elle eu lieu et sur quelles conclusions ou préoccupations spécifiques a-t-elle débouché ?

- Avez-vous déjà examiné de quelle façon l’industrie du jeu vidéo pourrait aider à résoudre certains problèmes liés à la crise du coronavirus, comme par exemple le développement et/ou la fourniture de matériel éducatif et autres ? Quelles sont les conclusions ou constats ?

- Avez-vous déjà examiné quel soutien spécifique pourrait être accordé à l’industrie bruxelloise du jeu vidéo pour lui permettre de surmonter la période du coronavirus et de se relancer par après ? Dans l’affirmative, pouvez-vous en dire plus ?

- Plus généralement, pouvez-vous indiquer comment vous soutenez l’industrie bruxelloise du jeu vidéo ? Quelles actions et quels moyens concrets prévoyez-vous à cette fin ?
 
 
Réponse    L’industrie du jeu vidéo à Bruxelles reste modeste mais est néanmoins en croissance. On comptait 5 entreprises actives dans le secteur en 2018 et 13 en 2019 (19 en Wallonie et 82 en Flandre). La plupart des entreprises sont des studios de développement, viennent ensuite les prestataires de service. La grande majorité de ces entreprises ont entre 2 et 10 employés, les autres n’emploient qu’une seule personne. Pour un emploi total dans le secteur à Bruxelles d’une centaine de personnes. Même si le nombre d’entreprises augmente, l’emploi n’augmente pas et se stabilise. Ceci est dû au fait que beaucoup d’entreprises ne sont constituées que d’une seule personne.

Depuis 2016, hub.brussels organise et soutient une mission nationale à Gamescom aux Pays-Bas (1
er salon européen consacré au jeu vidéo). Un stand belge y est mis en place, en collaboration avec les fédérations de jeux vidéo et les trois agences d’export belges. La mise en place de ce stand permet aux entreprises de mettre en avant leurs produits et services et permet au secteur du jeu vidéo belge de bénéficier d’une très belle visibilité auprès de la presse belge et étrangère.

Cette mission et le projet mediapark.brussels sont aussi l’occasion de faire la promotion de Bruxelles comme hotspot du secteur. A ce titre, hub.brussels a travaillé en 2019 à l’attraction et à l’implantation à Bruxelles de la Fédération européenne d’e-sport. En 2020, c’est le Pixel Museum (musée du jeu vidéo) qui s’est installé à Bruxelles grâce à l’accompagnement de hub.brussels.

Le cluster screen.brussels travaille au développement du secteur du jeu vidéo à Bruxelles en accompagnant des entreprises et en organisant des évènements en Belgique et à l’étranger. Sur 2020, une dizaine d’accompagnements ont ainsi eu lieu. Le cluster soutient par ailleurs l’organisation des Brotaru, des rencontres mensuelles de développeurs de jeu vidéo.

En parallèle, le cluster collabore avec ses homologues flamands et wallons sur différentes campagnes de soutien et de promotion du jeu vidéo auprès des politiques et du grand public (extension du Tax Shelter au jeu vidéo, Belgian games awards, …).
Par ailleurs, les studios de développement de jeux vidéo bruxellois peuvent bénéficier du soutien financier du screen.brussels fund pour le développement de leurs jeux, pour autant que les dépenses soient faites en région de Bruxelles-Capitale.

L’épidémie de Covid-19 et les mesures de confinement ont d’une manière générale des répercussions catastrophiques sur l’économie et en particulier dans les secteurs créatifs et culturels. Dans le secteur du jeu vidéo il s’agit plutôt d’une opportunité. En effet, les entreprises de jeu vidéo en Belgique n’ont pas vu leurs commandes baisser, que du contraire. Ceci s’explique d’une part par le fait qu’il s’agit du secteur du divertissement ; comme une majorité de gens sont confinés chez eux et s’ennuient les chiffres de consommation de jeux vidéo explosent. Mais aussi par le fait que les entreprises de jeu vidéo ont appris depuis longtemps à développer des projets de manière décentralisée (travailleurs équipés, serveurs suffisamment puissants, projets suffisamment légers, …).

Hub.brussels a échangé à ce sujet avec plusieurs entreprises bruxelloises.

Les entreprises de jeu vidéo ont appris depuis longtemps à développer des projets de manière ; cette manière de travailler semble être un modèle intéressant qui pourrait inspirer les entreprises actives dans l’audiovisuel et plus particulièrement dans l’animation et la post-production. A ce titre, hub.brussels co-organise avec Amplo et Mediarte une table ronde sur le télétravail (aspects techniques, organisationnels et humains) dans le cadre du festival Anima en février prochain.

Au-delà d’un financement lié à la crise sanitaire, le secteur du jeu vidéo à Bruxelles a besoin d’un financement structurel.

Par rapport à la Flandre et la Wallonie, le secteur du jeu vidéo en RBC est encore limité en termes de nombre d’entreprises, d’emploi et de chiffres d’affaires. Le dynamisme du secteur en Flandre s’explique en partie par la présence du Gamesfonds du VAF, fonds communautaire qui soutient les projets de contenu de jeu vidéo au concept, au développement et à la production.

En Wallonie, Wallimage Entreprises soutient les entreprises de jeu vidéo et Wallimage Coproductions soutient depuis peu les projets de contenu de jeu vidéo.


À Bruxelles, le screen.brussels fund, actif depuis 2016, est censé financer également les contenus de jeu vidéo sur base du montant de leurs dépenses en Région. Or dans la pratique, le fonds n’a pas encore soutenu de projet de jeu. Ceci s’explique avant tout par le fait que les critères d’octroi du financement ne sont que très peu adaptés au secteur du jeu.

On peut préconiser dès lors d’adapter les critères de financement des fonds au secteur du jeu vidéo, pour qu’au moins la phase de production des jeux soit soutenue. Pour la phase de développement, on peut suggérer la mise en place d’un soutien financier à la R&D de contenu.

Dans ce cadre, la prochaine extension du Tax Shelter au jeu vidéo constitue une belle opportunité de financement complémentaire. Cependant, l’absence de financement régional risque de délocaliser le développement d’une partie du secteur hors Région.

Depuis 2016, le cluster screen.brussels travaille au développement du secteur du jeu vidéo à Bruxelles en accompagnant des entreprises et en organisant des évènements en Belgique et à l’étranger. Ces accompagnements portent sur la création d’entreprise, sur l’optimisation de business plans, sur du financement,… Depuis 2016, une cinquantaine d’accompagnements individuels ont eu lieu.

En parallèle, le cluster soutient également le secteur au travers d’accompagnements collectifs, d’évènements en Belgique et à l’étranger :
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Activités en Belgique (avec budget de hub.brussels)
o Brotaru (3.000€/an): rencontre mensuelle de développeurs de jeu vidéo. Chacun présente aux autres son jeu en développement. Ces rencontres favorisent le réseautage et génèrent des collaborations.
o Big Brotaru (2.000€ tous les deux ans) : évènement annuel mettant en place des pitch de jeux en développement en présence de financeurs et éditeurs de jeux belges et internationaux.
o Belgian Games Awards (3.000€/an): cérémonie de remise des prix du jeu vidéo belge
o Activités jeu vidéo à Anima (contribution en moyens humains uniquement) : dans le cadre des conférences professionnelles du festival Anima sont organisées des sessions qui interrogent les liens entre cinéma d’animation et jeu vidéo avec pour objectif de rapprocher les deux mondes et de faire circuler les travailleurs d’un milieu à l’autre.
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Activités à l’étranger
o
Gamescom (11.000€) : il s’agit du plus grand salon du jeu vidéo au monde qui se tient à Cologne au mois d’août. Depuis 2016, les trois régions, au travers de leurs agences d’export et de leurs fédérations respectives, y organisent un stand belge.