Avant de répondre à vos différentes questions, je souhaite vous rappeler que la Belgique, comme la plupart des États-Membres, s’est fixée des objectifs nationaux qui n’ont pas été déclinés par Région.

La stratégie 2020 fixait un objectif de taux d’emploi de 75% des 20-64 ans pour l’ensemble de l’Union européenne (UE) à l’horizon 2020. Par ailleurs chaque État Membre pouvait se fixer un objectif propre, en tenant compte de sa situation de départ. La Belgique s’est fixé un taux d’emploi de 73,2%, au niveau national.

De plus : « Conformément aux Lignes directrices pour l’emploi, la Belgique a également fixé les sous-objectifs suivants d’ici 2020 :

•             Taux d’emploi des femmes de 69 % ;

•             Taux d’emploi des travailleurs âgés de 50 %;

•             Taux de jeunes ni en emploi ni à l’enseignement ni en formation (NEET) de 8,2 % ;

•             Ecart entre les taux d’emploi des Belges et des citoyens non UE de moins de 16,5 points de pourcentage[1] ».

Je vous invite à prendre connaissance du rapport Pays 2020 pour la Belgique qui donne l’analyse de l’UE par rapport à ces différents objectifs.

En effet, le Rapport indique en pages 11 et 12:

« Bien que la situation se soit dans l'ensemble améliorée sur le marché du travail, les résultats varient considérablement d’un groupe de population à l’autre et d’une région à l’autre. La forte création d’emplois, conjuguée à une augmentation limitée de la population en âge de travailler, a porté le taux d’emploi à 70,7 % au troisième trimestre de 2019, l’un des niveaux les plus hauts jamais atteint. Toutefois, le taux d’emploi, qui est freiné par un faible taux d’activité, reste inférieur à l’objectif de 73,2 % fixé par la stratégie Europe 2020. Malgré les améliorations récentes constatées pour certains groupes, les taux d’emploi restent particulièrement bas pour les personnes peu qualifiées, les personnes issues de l’immigration, les travailleurs âgés et les personnes handicapées. Le taux de chômage a poursuivi sa baisse, atteignant 5,2 % au quatrième trimestre de 2019. Il subsiste toutefois de fortes disparités régionales dans les résultats obtenus sur le marché du travail. En 2018, le taux de chômage variait de 3,4 % en Flandre à 13,2 % à Bruxelles. Des disparités sont également constatées en ce qui concerne le chômage de longue durée. En Flandre, le chômage de longue durée représente 33,9 % du chômage total, contre 56,9 % à Bruxelles et 56,2 % en Wallonie. La part des contrats temporaires a augmenté, passant à 9,8 % en 2018, soit 1,7 point de pourcentage de plus qu’en 2014, mais est inférieure à la moyenne de l’UE (13,2 %). »

Les objectifs de la Belgique en matière de taux d’emploi ne sont pas déclinés par Régions. Il n’existe donc pas de « grilles d’évaluation » au niveau régionale. Néanmoins, vous trouverez ci-dessous un tableau reprenant l’évolution des taux d’emploi dans les trois régions du pays selon les sous-objectifs fixés par la Belgique :

Tableau 1 : Taux d’emploi de 20-64 ans par genre et par région (2015-2020)

Tabel 1: Tewerkstellingspercentage van 20 tot 64 jaar per gender en per gewest (2015-2020)

Source : Statbel EFT2020

https://statbel.fgov.be/sites/default/files/files/documents/Werk%20%26%20opleiding/9.2%20Arbeidsmarkt/9.2.0%20Emploi%20et%20ch%C3%B4mage/EU2020_EAK%20%282000-2017%29_FR.xlsx

Bron: Statbel EAK2020

https://statbel.fgov.be/sites/default/files/files/documents/Werk%20%26%20opleiding/9.2%20Arbeidsmarkt/9.2.0%20Emploi%20et%20ch%C3%B4mage/EU2020_EAK%20%282000-2017%29_NL.xlsx

Tableau 2 : Taux d’emploi des 55-64 ans par genre et par région (2015-2020)

Tabel 2: Tewerkstellingspercentage van 55-64 jaar per gender en per gewest (2015-2020)

Tableau 3 : Pourcentage des NEET par genre et par région (2015-2020)

Tabel 3: Percentage van NEET’s per gender en per gewest (2015-2020)

Tableau 4 : Ecart entre le taux d'emploi des Belges et des citoyens hors UE27 en points de pourcentage - 20-64 ans

Tabel 4: Verschil tussen het tewerkstellingspercentage van de Belgen en de burgers van buiten de EU27 in procentpunten – 20 tot 64 jaar

Afin d’interpréter correctement ces données, il me faut insister sur la différence de signification du taux d’emploi au niveau fédéral et au niveau régional.  En effet, le taux d’emploi peut être considéré comme un indicateur de performance économique au niveau du territoire national dans la mesure où il permet d’appréhender la capacité d’une économie à générer des emplois. Au niveau des territoires régionaux, il reflète d’abord et avant tout le niveau de participation des résidents à l’emploi. Dès lors, le contexte socio-économique et démographique de la région nous permettent de relativiser les résultats bruxellois apparemment en deçà de ceux des deux autres régions, de même que l’écart entre ces résultats avec les objectifs de la stratégie 2020.

Il nous faut d’abord rappeler que la Région de Bruxelles-Capitale, avec ses 754 287 postes de travail (EFT 2020) reste le principal bassin d’emploi du pays (16,1% de l’emploi intérieur à l’échelle de la Belgique, qui totalisait 4 679 639 postes de travail en 2020). Ces bonnes performances économiques de la Région bruxelloise sont néanmoins dopées par la forte présence de navetteurs qui y travaillent mais n’y résident pas.

De ce fait, l’emploi créé sur le territoire de la Région bruxelloise contribue fortement à la réalisation des objectifs fixés par l’Etat fédéral dans le cadre de la stratégie 2020 sans que cela se traduise nécessairement par une performance élevée en termes de taux d’emploi régional, puisque l’indicateur se calcule sur base de la région de résidence. 

À noter que, depuis 2015, on observe une tendance à la diminution de la navette entrante à Bruxelles, un peu moins de la moitié des postes de travail en RBC (48,9% en 2020) étant occupés par des navetteurs résidant dans les deux autres régions du pays (principalement la Flandre).

Par ailleurs, la situation économique de la Région ne reflète pas nécessairement la situation sociale de la population bruxelloise. En effet, la création de richesse se poursuit malgré la persistance de fortes disparités socioéconomiques, précarité et exclusion qui se heurtent à la hausse croissante des exigences en matière de qualification de la main d’œuvre.

L’indicateur de taux d’emploi est aussi sensible à l’évolution démographique. Si la population en âge de travailler augmente plus rapidement que la population active occupée (c’est-à-dire les personnes effectivement à l’emploi), ce qui a été le cas en RBC, alors la progression en termes de personnes occupées (8% entre 2015 et 2020 contre 5,1% en Région flamande et 5% en région wallonne) ne se traduit pas nécessairement par une augmentation « mécanique » du taux d’emploi.

Notons enfin que le taux d’emploi bruxellois est également impacté par le déménagement d’actifs occupés vers les deux autres Régions, principalement en périphérie bruxelloise. Selon le baromètre 2021 de l’IBSA, 40 904 personnes ont en effet quitté la Région bruxelloise au cours de l’année 2020 pour s’établir ailleurs dans le Royaume.

Le Programme National de Réforme 2020 (pages 30-31) fait le dernier bilan des mesures et actions mises en place par toutes les entités du pays en réponse à la stratégie 2020.

Le Programme National de Réforme (PNR) s’inscrit dans le cadre du Semestre européen et vise à présenter les réformes et mesures entreprises par la Belgique : i) en réponse aux recommandations spécifiques par pays formulées par le Conseil de l’Union européenne, ii) dans le but d’atteindre les objectifs Europe 2020. (À noter qu’en 2021, le cycle du Semestre européen a été temporairement modifié pour tenir compte des travaux dans le cadre de la Facilité pour la Reprise et la Résilience).

Concernant la procédure, un comité de rédaction est piloté par le Bureau fédéral du Plan et associe les représentants des différents services publics fédéraux et des entités fédérées. Il soumet une première version du PNR pour validation au comité d’accompagnement politique, piloté par le cabinet du Premier Ministre et composé des représentants des ministres fédéraux et des Ministres-Présidents des entités fédérées.

Afin de récolter les éléments pertinents, des coordinateurs thématiques sont chargés de proposer un texte consolidé pour chacune des recommandations spécifiques et chacun des objectifs Europe 2020.

L’espace leur étant réservé au sein du PNR étant limité, les entités fédérées ont chacune l’occasion de présenter de manière plus détaillée leurs réformes, mesures et initiatives au sein d’un document figurant en annexe de ce dernier. La Direction des Relations Extérieures de Brussels International en assume la coordination administrative, tandis que le cabinet du Ministre-Président et le cabinet Smet en assurent le pilotage politique.

À ma connaissance, la Commission européenne n'a pas prévu de procéder à une évaluation post-stratégie Europe 2020.