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Question écrite concernant les soutiens à la digitalisation des entreprises.

de
Véronique Lefrancq
à
Barbara Trachte, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale, en charge de la Transition économique et de la Recherche scientifique (question n°635)

 
Date de réception: 13/07/2022 Date de publication: 16/11/2022
Législature: 19/24 Session: 21/22 Date de réponse: 16/11/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
04/11/2022 Recevable p.m.
 
Question    Dans la lettre d’orientation partagée avec le Parlement au cours de la présentation budgétaire pour l’année 2022, vous aviez indiqué votre volonté de soutenir les entreprises qui se lancent dans la digitalisation de leurs activités.

En 2021, l’OCDE publiait un rapport sur la digitalisation des PME1. Ce rapport souligne l’importance de digitaliser les PME pour la construction d’une société inclusive et résiliente. Plusieurs obstacles subsistent toutefois. En effet, que ce soit à cause d’un manque d’information, de compétences numériques, et de financement pour procéder à leur transformation digitale, les PME ont besoin d’un soutien public. Compte tenu de la diversité du tissu entrepreneurial, il faut adopter une approche réellement individualisée.

La question digitale est toutefois essentiellement sociale puisque selon le baromètre de l’inclusion numérique de la Fondation Roi Baudouin 40% des Belges sont confrontés à la vulnérabilité numérique et que 32% des Belges ont de faibles compétences numériques. Si la digitalisation est un phénomène inéluctable, cette dimension sociale doit retenir notre attention.

Sur la base de ces éléments, je souhaiterais, Madame la Secrétaire d’Etat, vous poser les questions suivantes :

  • Pouvez-vous nous dresser un état des lieux de la digitalisation des entreprises bruxelloises ?

  • Dans votre lettre d’orientation, vous indiquiez comme échéance la fin de l’année 2022. Pourriez-vous nous faire un état des lieux des projets qui ont été lancés afin d’aider à la digitalisation des entreprises ? Lesquels sont en cours, terminés ou doivent encore être lancés ?

  • De quelle manière hub.brussels soutient les entreprises dans le processus de digitalisation ? Des partenariats existent-ils avec des acteurs publics de la formation tels que Bruxelles Formation et/ou avec des acteurs privés ?

1 OCDE (2021), "SME digitalisation to “Build Back Better” : Digital for SMEs (D4SME) policy paper", OECD SME and Entrepreneurship Papers, n° 31, Éditions OCDE, Paris, https://doi.org/10.1787/50193089-en.

 
 
Réponse    La digitalisation des entreprises est une tendance économique et sociétale de fond, qui se développe de plus en plus, notamment depuis la crise sanitaire.

La digitalisation fait partie intégrante de la stratégie
Shifting Economy : nous y avons repris des mesures issues du plan Next Tech qui ont été validées et soutenues par le secteur numérique bruxellois, en y intégrant les enjeux de la transition. Nous avons également créé de nouvelles mesures. L’ambition est de soutenir le développement des start-up tech bruxelloises et des acteurs numériques plus établis, ainsi que de sensibiliser et stimuler à une démarche de numérique responsable, notamment en aidant les entreprises à évaluer l’impact environnemental de leurs outils et pratiques numériques et en les accompagnant pour pouvoir réduire cet impact.

Le tissu économique bruxellois est constitué de nombreuses petites ou très petites entreprises. Certaines ont le numérique dans leur ADN, je pense aux jeunes pousses innovantes par exemple. D’autres sont des entreprises traditionnelles qui doivent développer leur présence en ligne, ou utiliser des outils digitaux de gestion ou de suivi, de type CRM.

Selon le classement DESI (
Digital Economy and Society Index) publié le 12 novembre 2021 par la Commission Européenne, la Belgique se situe à la douzième place sur 27. La Belgique se place sixième pour ce qui concerne l’intégration des technologies numériques. Par contre, il y a encore une marge de progression concernant l’utilisation des TIC (technologies de l’information et de la communication) pour la durabilité environnementale, ce qui explique d’ailleurs notre volonté de soutenir la transition verte et la transformation numérique.

Pour répondre aux besoins des entreprises en matière de digitalisation, nous venons de passer une étape cruciale, comme vous le savez, avec la sélection par la Commission européenne du consortium sustAIn.brussels en tant que
European Digital Innovation Hub (EDIH) bruxellois. Pour rappel, le consortium sustAIn.brussels se compose de l’ULB et la VUB, Agoria, Sirris et BeCentral.

L’objectif de sustAIn.brussels va être de renforcer les efforts des PME pour qu’elles puissent avoir un impact positif sur le plan social et environnemental, en se concentrant sur la manière dont les technologies transformatrices (telles que l'IA) sont adoptées et déployées dans la société (par le biais de ces entités privées).

Toutes les entreprises (y compris les organisations sans but lucratif) présentant une certaine ambition digitale seront éligibles aux services offerts par le hub et ceci, tous secteurs confondus. Pour plus de détails, je me permets de vous renvoyer à votre question écrite n°582 et également à la réponse à Monsieur Weytsman, traitée lors de la Commission Economie du 06 juillet 2022.

J’ajouterai que les activités de sustAIn.brussels doivent débuter début 2023. Le délai est dû au retard dans le calendrier européen (l’appel à projets a été lancé le 23 février 2022).
sustAIn.brussels nous offre donc de belles perspectives pour soutenir le développement des entreprises bruxelloises aux ambitions digitales élevées. Mais de nombreuses autres initiatives sont en cours.

Pour les entreprises désireuses de développer des services avancés en intelligence artificielle, notamment pour répondre aux enjeux de la transition environnementale, sociale et démocratique, comme par exemple le développement de solutions en intelligence artificielle pour les pouvoirs publics, FARI, l’institut en intelligence artificielle pour le bien commun, pourra être mobilisé. FARI développe par exemple depuis avril 2022 un programme de soutien à l’entreprenariat qui vise à former 20 start-up aux enjeux de l’IA, les données et la robotique. Des cours sont également développés en vue de créer une
AI Academy, qui vise à mettre sur pied des programmes de type “train the trainers” ou des cours de lifelong learning pour les décideurs et décideuses politiques afin qu’ils et elles soient sensibilisé.e.s aux mêmes enjeux de l’IA, des données et de la robotique, dans une optique “common good”. Il s’agit de programmes mis en œuvre dans le cadre du RRF.

À côté de sustAIn.brussels et de FARI, hub.brussels propose des services d’accompagnement et de coaching, qui ont été renforcés vu les besoins liés à la crise covid. Nous en avons régulièrement fait état. En 2022, hub.brussels continue à fournir des accompagnements individuels en transformation digitale en 2022 et en digitalisation des processus internes de l’entreprise. Les chiffres relatifs au nombre d’entreprises accompagnées seront disponibles début 2023.

En outre, le cluster hospitality de hub.brussels a été sélectionné pour rejoindre le projet européen TOURBIT, qui aura lieu de janvier 2022 à juin 2024, en vue de stimuler les compétences digitales des PME européennes dans le secteur touristique.

A côté de l’accompagnement, il existe des leviers de financement. Je pense premièrement à l’appel à projets
Numérique et Transition économique, qui fait suite à l’appel à projets Next Tech. Cet appel a financé 6 projets fin 2021, pour un budget de près de 400.000 €.

Deux projets portaient sur l’accompagnement des entreprises à la digitalisation :
- le projet
Assistance Digitale Solidaire ;
- un projet d’accompagnement à la cybersécurité pour les PME porté par la société NVISO.

L’appel à projets a également permis de soutenir 4 projets à impact social et environnemental positif, vous en trouverez les détails dans la réponse à la question écrite n°496 de Monsieur Chahid.

Vu le succès de l’édition 2021 de l’appel et vu l’importance de la digitalisation, nous avons relancé cet appel en juin 2022 et porté le budget de l’appel à 600.000€. Le jury s’est tenu mi-septembre. Plus de 40 projets ont été déposés. Les lauréats seront connus en fin d’année.

Pour conclure, je rappelle que
Bruxelles Economie et Emploi soutient également la digitalisation des entreprises via des primes web et digitalisation. Je vous renvoie à la question écrite n°496 de M. Chahid pour plus d’informations et de chiffres sur ces primes.

Alors que les appels à projets permettent d’aider à amorcer ou de soutenir le développement d’un projet numérique existant, les primes jouent un rôle essentiel pour soutenir les investissements de l’ensemble des entreprises bruxelloises, et pas uniquement celles du secteur numérique, dans leur digitalisation.

À ce jour, Sirris a signé le
grant agreement avec la Commission européenne et les partenaires doivent faire de même. Ce contrat définira les obligations liées au déblocage de ce budget de 4,2M€ (50% de l’UE et 50% de la Région) sur 3 ans. Concomitamment, Innoviris prépare une convention, y compris un cadre sur l’impact, que la Région bruxelloise conclura avec les porteurs du projet.