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Question écrite concernant le ChatGPT et ses conséquences

de
Christophe De Beukelaer
à
Bernard Clerfayt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de l'Emploi et de la Formation professionnelle, de la Transition numérique, des Pouvoirs locaux et du Bien-Être animal (question n°1120)

 
Date de réception: 06/02/2023 Date de publication: 20/03/2023
Législature: 19/24 Session: 22/23 Date de réponse: 15/03/2023
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
09/02/2023 Recevable p.m.
 
Question    Le 22 décembre 2022 fera date dans l’Histoire. C’est l’avènement au grand public de l’intelligence artificielle via la mise en ligne de ChatGpt.

Alors que nous en sommes encore au début, « Chatgpt » et « Claude » viennent de réussir les examens du barreau américain, examen de médecine ou encore un MBA.

« ChatGPT » va impacter tous ceux qui produisent des textes, y compris du code, comme les journalistes, les Community Managers, les professionnels du marketing, les avocats, les codeurs, etc. Mais il est également possible de l’utiliser pour tout ce qui touche au traitement de données, à la création visuelle, aux levées de fond, au secrétariat, et j’en passe.

Les métiers bureaucratiques, « intellectuels » et créatifs seront complètement chamboulés. L’intelligence artificielle sera pour l’intelligence ce que la machine à vapeur a été pour le travail manuel : une révolution.

Nous avons deux choix face à l’arrivée de l’intelligence artificielle dans nos vies :

  • Nous replier sur nos petites habitudes, ne dénoncer que les limites et les dangers, tenter de freiner le changement et de s’accrocher au monde tel qu’on le connait. C’est trop souvent là posture du monde politique.

  • Partir du principe que la technologie n’est en soit ni bien ni mal mais que tout dépend de ce qu’on en fait. Ça peut être une opportunité si on anticipe et qu’on accompagne, dès le début, ces changements. Respecter l’ancien en greffant le nouveau plutôt que de gaspiller de l’énergie et du temps précieux à le combattre. Anticiper et prendre ces sujets à bras le corps afin de veiller à ce que ces changements soient forces de biens pour notre société et les hommes et femmes qui les composent.

Dès lors, Monsieur le Ministre, dans le cadre de vos missions notamment liées à la formation, à l’emploi et à la transition numérique, je vous pose les questions suivantes :

  • Que mettez-vous en place afin de faire évoluer les métiers bruxellois à l’aube de cette révolution pour que ceux-ci ne disparaissent pas et viennent grandir encore le nombre de chômeurs dans notre Région ?

  • Comment formez-vous les chercheurs d’emplois à l’intelligence artificielle afin que ceux-ci puissent répondre aux besoins nouveaux sur le marché de l’emploi que cette technologique va amener ?

  • Que mettez-vous en place afin de vous assurer que cette intelligence artificielle qui rentre dans nos vies soit éthique et qu’il y ai les garde-fous nécessaires ?

  • Quelles actions sont entreprises afin que l’intelligence artificielle ne renforce pas la fracture numérique que nous connaissons déjà aujourd’hui ?

  • Nous avons un centre d’excellence de l’intelligence artificielle éthique à la VUB avec le projet IMEC-ICON. Comment collaborez-vous avec cette institution ?

  • Dans les administrations dont vous avez la tutelle, avez-vous mis en place un groupe de travail qui étudie, comment l’IA va transformer le travail de ces administrations ? Quels postes vont être affectés ? Avez-vous nommé un référent IA? Avez-vous un plan afin de former le personnel à ces nouvelles technologies et à rendre les administrations plus efficiente grâce à celles-ci ?

 
 
Réponse    1/
La révolution des nouvelles technologies, comme l’Intelligence Artificielle (IA), amène à l’évolution du monde de l’entreprise, à la disparition de certains métiers, à la création d’autres et à l’amélioration de la majorité des métiers.

L’IA représente une opportunité professionnelle pour les Bruxellois et il importe que des structures bruxelloises assurent l’information et la formation pour les chercheurs d’emploi.

C’est à cet effet que les Pôles Formation Emploi (PFE) avec leurs piliers sectoriels, organisent une veille et analysent les évolutions des métiers, tout particulièrement en termes de montée en compétences. Ce travail se concrétise par des rapports annuels de la part de chaque PFE - et tout particulièrement ceux de Digitalcity.brussels, le PFE dédiée aux métiers du numérique - qui permettent aux organismes publics de formation de faire évoluer leur offre à destination des chercheurs d’emploi et des travailleurs afin d’être en phase avec les besoins et métiers de demain.

Plus concrètement, cela se traduit par :
● L'adaptation de la formation professionnelle pour préparer les travailleurs aux compétences nécessaires pour tirer parti des technologies émergentes telles que l'IA mais aussi la robotisation et l'automatisation ;
● Le développement de stratégies de requalification et de reconversion pour les travailleurs dont les emplois sont menacés par l'automatisation ;
● La sensibilisation des entreprises et des travailleurs à l'importance de la transformation numérique au travers d’une série d’actions, notamment :
○ la production des rapports de veille et tout particulièrement ceux de Digitalcity.brussels qui étaient consacrés en 2020 à l’IA en Belgique, en 2021 à la transformation digitale et en 2023 qui traitera de l’impact des technologies comme l’IA sur les entreprises en matière de recrutement et de besoins en compétences ;
○ l’organisation de colloques, tel que le « GÉNÉRATION IA 2030 » en mars 2022 qui a permis de faire se rencontrer chercheurs et entrepreneurs dans le secteur stratégique de l’IA en France, en Belgique, et à travers l’Europe ;
○ Des webinaires, dont un à venir en juin prochain sur le thème de l’impact des chats-bots tel que ChatGPT et de l’IA en général, sur les métiers du numérique et en particulier dans ceux qui relève de la cybersécurité.

2/
La formation des chercheurs d’emplois à l’Intelligence Artificielle (IA) est une question importante car cette technologie est en train de transformer de nombreux secteurs et crée de nouveaux besoins en matière de compétences et d’expertise.

Ma stratégie pour former les chercheurs d'emploi à l'IA s’articule autour de plusieurs axes :
1. Rendre l’IA concrète et accessible pour un public généraliste de chercheurs d’emploi pouvant potentiellement intégrer des formations. Notamment au travers d’animations dans des événements tels que le salon de la formation (les 21 et 22 mars prochain) et le Printemps du numérique (les 24 et 25 mars) ;
2. L'organisation de formations de base à l’IA au sein de Digitalcity.brussels. Celles-ci doivent permettre à des profils divers de comprendre les bases de l'IA tels que les algorithmes d'apprentissage automatique, les réseaux de neurones et les méthodes d'optimisation afin que des employeurs recherchant du personnel capable de comprendre et de travailler avec ces concepts puisse être recruté, mais aussi de permettre l'acquisition de ces fondamentaux en vue d’une entrée en formation qualifiante ;
3. L’organisation de formations en langage de programmation, dont notamment le langage Python, qui sont spécifiquement utilisés pour le développement de l’IA et d’une formation de Développeur Data IA en partenariat avec Becode. Par ailleurs, ces formations sont ponctuées de projets pratiques et suivis d’un stage en entreprise afin de permettre une application pratique des concepts théoriques ;
4. L’organisation d’une formation spécialisée de Deìveloppeur.euse en Intelligence Artificielle à destination des travailleurs.


3/
J’ai lancé un partenariat avec l’Institut FARI pour initier et encadrer des projets d’Intelligence Artificielle dans les administrations régionales.



La force de l’Institut FARI est sa multidisciplinarité qui permet de prendre en compte les différentes facettes de l’intelligence artificielle dont l’éthique.


De cette manière, la Région de Bruxelles-Capitale via paradigm.brussels a établi, en co-création avec 6 membres du consortium Eurocities, le standard européen de registre des algorithmes qui pourra permettre la une plus transparence des traitements par l’IA des données vis-à-vis des citoyens et des entreprises. 

4/
Au contraire, le recours à l’intelligence artificielle et la stratégie régionale de la donnée permettent d’augmenter la qualité des services publics à l’égard de tous les usagers.


En effet, grâce à une meilleure gestion de la donnée et des algorithmes, la Région bruxelloise pourra proposer l’automatisation des droits qui permet notamment que les citoyens, même ceux plus éloignés du numérique, n’aient à chercher les informations nécessaires pour justifier l’accès aux services publics.


De même, l’IA, et de manière générale, une meilleure gestion des données peut faciliter la complétion d’un formulaire grâce à des échanges et croisements de données, des lectures intelligentes de documents, ou encore la lecture à haute voix des formulaires.

L’IA peut améliorer la qualité du service rendu au public quel que soit le mode d’accès à ce service, physique ou numérique. A ce sujet, le Gouvernement se penche actuellement sur un avant-projet d’ordonnance “Bruxelles Numérique” qui vise, outre l’octroi d’un nouveau droit à obtenir des procédures et informations publiques de manière numérique, à garantir aux citoyens l’accessibilité des démarches administratives, par un contact physique ou téléphonique.

Enfin, pour rappel, la Région bruxelloise a adopté, en début de législature, le Plan d’Appropriation du Numérique dans le cadre des compétences régionales. Toutefois, le problème de l’inclusion numérique est transversal et doit être repris dès le plus jeune âge et dans tout le parcours de formation.

5/
La Région bruxelloise participe à divers consortiums relatifs à l’Intelligence Artificielle avec IMEC.

Ainsi, fin 2022, Paradigm avec Agoria, le centre de recherche IMEC, l’Agence du Numérique, Digitaal Vlaanderen, et la KUL ont créé le Belgian Data Space Hub afin de conscientiser et stimuler l’écosystème belge sur l’importance de l’avènement des Data Spaces EU (espaces de données) que la Commission Européenne considère comme la pierre angulaire pour créer le Marché Unique EU de la donnée.


Dans le cadre du projet IMEC-ICON, la Région bruxelloise n’est pas impliquée.

6/
L’intelligence artificielle est encore très peu utilisée dans les administrations bruxelloises. C’est pourquoi dans le cadre de la subvention de l’Institut FARI j’ai demandé de réaliser quatre projets pilotes coordonnés par Paradigm dont trois projets avec des administrations différentes (ACTIRIS, le service Bien-être animal de Bruxelles Environnement et easy.brussels). Ces trois projets ont été l’occasion d’évaluer la prise en main de projets en intelligence artificielle par les administrations.


Le dernier projet pilote est un projet de rédaction d’une stratégie sur l’Intelligence Artificielle.

Grâce à cette stratégie, une gouvernance et des actions prioritaires pourront être mises en place.