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Question écrite concernant la valorisation des connaissances linguistiques des agents d’accueil de la fonction publique

de
John Pitseys
à
Sven Gatz, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé des Finances, du Budget, de la Fonction publique, de la Promotion du Multilinguisme et de l'Image de Bruxelles (question n°583)

 
Date de réception: 02/03/2023 Date de publication: 13/04/2023
Législature: 19/24 Session: 22/23 Date de réponse: 31/03/2023
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
06/03/2023 Recevable
 
Question    Riche de 184 nationalités, Bruxelles est la deuxième ville la plus cosmopolite du monde, et plus de la moitié de ses 1,2 millions de résidents sont nés dans un pays étranger. Une belle diversité donc, mais qui signifie aussi que beaucoup de bruxellois.e.s, la maîtrise du français et du néerlandais est souvent très compliquée.

Ce constat pose un problème majeur de citoyenneté et d’accès au droit. En effet, la maîtrise de la langue est un prérequis inévitable pour l’accès au marché du travail, le recours à des prestations sociales, ou tout simplement pour s’adresser à son administration.

Dans ce cadre, le Gouvernement – dans sa Déclaration de Politique Régionale – s’est engagé à valoriser les connaissances linguistiques de ses agents d’accueil en indiquant les langues qu’ils parlent. Le but est simple : permettre aux citoyens d’être aiguillés dans une langue avec laquelle ils se sentent à l’aise, afin qu’ils ne se sentent lésés par la barrière de la langue.

Cette mesure a d’ailleurs été reprise dans votre note d’orientation. Vous y indiquez qu’« il est important que l’ensemble des Bruxellois puissent participer pleinement à la société. Un multilinguisme imparfait entraîne des obstacles trop importants pour le marché de l’emploi, de l’isolement, etc. La diversité urbaine complexe requiert une nouvelle approche de la « citoyenneté », où la politique se concentre sur le renforcement de la cohésion sociale par le biais du multilinguisme »

Ce mécanisme existe déjà, notamment dans les hôpitaux au travers d’un système de médiation interculturelle. Il permet de faciliter la communication entre le patient et le soignant, et ainsi, de garantir le droit du patient d’accéder sans entrave à des soins de qualité. C’est également le cas chez Actiris, qui prévoit un accompagnement pour les primo-arrivants. Ils fournissent ainsi des brochures et des vidéos dans 22 langues différentes et permettent de recourir à un interprète pour faciliter la communication.

C’est une mesure de bon sens, qui s’inscrit dans la réalité du tissu bruxellois. Celle d’une région cosmopolite, aux identités culturelles diverses, et où le présent & « the future is multilingual ».

Dès lors, Monsieur le Ministre, je me pose les questions suivantes :

  • Pourriez-vous nous dire si les conditions relatives à l’application de cette mesure – inscrite dans la DPR et votre note – ont été analysées par le Gouvernement ? Si oui un projet de texte est-il envisagé ? Disposez-vous d’un agenda ?

    Je vous ai cité deux exemples de médiation linguistique à Bruxelles. Le Gouvernement a-t-il analysé/réfléchi à une manière d’intégrer plus structurellement ce type de mesures à l’ensemble de ses administrations ?

(J’avais posé une question sur les chiffres relatifs à la maîtrise du néerlandais ou du français – mais le cabinet estime ça touchy étant donné qu’on ne fait pas de recensement linguistique).

 
 
Réponse    Il n'est pas nécessaire de rappeler l'importance du multilinguisme. Les personnes multilingues trouvent plus facilement un emploi. Le multilinguisme favorise la cohésion sociale ; dans une ville internationale très diversifiée et multilingue, parler plusieurs langues est important pour une citoyenneté partagée, où chacun peut se faire comprendre et comprendre les autres. Enfin, le multilinguisme fait désormais partie de l'identité bruxelloise, en particulier chez les jeunes. Le soutien au multilinguisme continue également de croître à Bruxelles. Par exemple, une majorité de Bruxellois est favorable à une certaine forme d'éducation multilingue.
Dans notre politique de promotion du multilinguisme, nous voulons que chaque citoyen bruxellois soit au moins trilingue en néerlandais, en français et en anglais à l'âge de dix-huit ans. En plus de ces trois langues, une autre langue parlée à la maison ou des langues étrangères sont bien sûr un bonus appréciable. La langue parlée à la maison mérite donc une attention particulière.

Dans le cadre de notre politique, nous soutenons l'offre d'interprètes afin que l'accueil des nouveaux arrivants se passe le mieux possible. Pour ce faire, nous soutenons les interprètes par le biais de subventions afin que le tarif horaire des interprètes à Bruxelles reste bas. Nous soutenons également Bruxelles Accueil par le biais du projet « BeTalky Become Tolky ». Ce projet a reçu 15.000 euros grâce à une décision du gouvernement bruxellois l'année dernière. En effet, dans ma politique de promotion du multilinguisme, la connexion entre les communautés est un objectif important.

Lorsqu'il s'agit d'utiliser la langue dans les soins de santé, les patients doivent se sentir à l'aise et, surtout, compris. Fournir des soins dans une langue compréhensible est donc une nécessité ! Dans une société multilingue, la langue des soins de santé est l'un des domaines qui fait souvent l'objet de discussions. En cas de maladie, chacun souhaite communiquer avec le médecin ou l'hôpital dans une langue qui lui est familière. On peut choisir son médecin mais dans le cas de l'hôpital, ce n'est plus aussi évident. Dans 95 % des consultations médicales, le français est parlé, 10 % le néerlandais et 5 % l'anglais, selon le Baromètre linguistique 4. L'utilisation des langues à l'hôpital suit le même schéma, mais ces dernières années, le bilinguisme néerlandais/français y a augmenté.

Je veux parler des efforts de la Huis van het Nederlands, qui s'efforce d'amener les communes, les pouvoirs publics et les organisations bruxelloises autres que les néerlandophones à s'intéresser aux cours et aux brochures en néerlandais. Et cela donne d'excellents résultats.
Ainsi, l'organisme bruxellois d'aide sociale Iriscare propose des cours de langue avec het Huis pour le personnel francophone et les membres du conseil d'administration des 137 maisons de repos et de soins de Bruxelles. Cette formation s'inscrit dans le cadre du respect du principe de bilinguisme externe dans les organismes bruxellois.

Les services publics individuels à différents niveaux de gouvernement peuvent eux-mêmes promouvoir le multilinguisme par le biais de conseils linguistiques. Par exemple, la STIB, le service de transport public bruxellois, fait figure de pionnier en matière de multilinguisme. Le service a mis un point d'honneur à mettre en place son propre plan d'acquisition des langues pour le personnel. Elle veut aider les membres du personnel qui souhaitent devenir bilingues de plus en plus rapidement. La STIB a donc défini, après une large consultation, les catégories de personnel pour lesquelles elle attend un bon bilinguisme. Tous les agents de sécurité, par exemple, doivent être bilingues, car ces compétences linguistiques peuvent être une question de vie ou de mort, comme dans le cas des pompiers. Elle a ensuite quantifié le nombre de personnes concernées. Sur cette base, la STIB a élaboré un plan visant à donner aux membres du personnel qui ne sont pas encore suffisamment bilingues le soutien et l'opportunité de le devenir dans un délai raisonnable. La STIB est ainsi la première entreprise publique de notre pays à se doter d'un plan de bilinguisme bien élaboré, avec un budget calculé pour atteindre les objectifs visés dans un délai défini et qui bénéficie d'un large soutien interne, notamment parce qu'il repose sur une motivation positive. Ce plan bilingue de la STIB reflète l'esprit des plans de multilinguisme que j'aimerais voir émerger à Bruxelles parmi d'autres organisations, entreprises et autorités publiques.