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Question écrite concernant le coliving à Bruxelles : opportunités, défis et perspectives pour un marché immobilier en évolution

de
Ariane de Lobkowicz
à
Nawal Ben Hamou, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale en charge du Logement et de l'Égalité des Chances (question n°1176)

 
Date de réception: 27/04/2023 Date de publication: 20/06/2023
Législature: 19/24 Session: 22/23 Date de réponse: 14/06/2023
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
02/05/2023 Recevable Bureau élargi du Parlement
 
Question    Le coliving, un concept de logement partagé, gagne en popularité à Bruxelles.

Selon une étude récente de la géographe Charlotte Casier de l'Université Libre de Bruxelles, le coliving consiste en la location de chambres dans un même bâtiment avec des espaces communs et des services, gérés par des sociétés privées. Bien que ce phénomène soit encore modeste à Bruxelles, il connaît une croissance rapide depuis 2016 et a un impact sur le marché immobilier, en particulier dans certains quartiers, tels qu'Ixelles, Bruxelles-Ville, Saint-Gilles, Etterbeek et Schaerbeek.

L'étude montre que le coliving attire principalement les jeunes expatriés internationaux à Bruxelles.

La conclusion de cette étude souligne que le coliving cible un segment de marché spécifique et que la financiarisation du logement s'appuie sur la création de nouveaux produits résidentiels formatés pour attirer des investisseurs. Le coliving semble ainsi influencer à la hausse les prix de l'immobilier et réduire l'offre locative adaptée à la demande locale.

1. Vos services ont-ils pris connaissance de cette étude ? Si oui, quels en sont vos constats ?

1.1. Existe-t-il des mesures mises en place pour surveiller l’impact du coliving sur le marché immobilier bruxellois, en particulier en ce qui concerne les prix et la disponibilité des logements ?

2. Comment vos services ont-ils envisagé de répondre aux défis posés par le coliving en termes de hausse des prix de l’immobilier et de réduction de l’offre locative adaptée à la demande locale, afin de préserver l’accès au logement pour tous les Bruxellois ?

3. Des mesures ont-elles été prévues pour réguler et encadrer les pratiques financières dans ce secteur ?

4. Existe-t-il des plans pour encourager le développement de modèles de coliving plus accessibles et inclusifs qui pourraient répondre aux besoins d’un public plus large, y compris les personnes à faibles revenus et les familles ?

 
 
Réponse    J’ai l’honneur de vous adresser les éléments de réponse suivants:

Bruxelles Logement a effectivement pris connaissance de cette étude de l’ULB relative au coliving.

Parmi les principaux constats qui ressortent de cette étude :

1. Premièrement, on constate que, même s’il s’agit d’un secteur encore relativement marginal, se concentrant pour l’heure, sur une zone bien précise du territoire régional (sud-est de la première couronne), celui-ci prend de plus en plus d’ampleur.
2. Deuxièmement, le coliving s’adresse à un public bien spécifique, à savoir de jeunes adultes, souvent expatriés et qui sont en recherche de flexibilité car ils ne restent généralement qu’une période de temps limitée.

En outre, d’autres constats interpellants, sont également repris dans l’étude, à savoir :

1. Que le secteur qui organise le coliving considère le logement comme un pur produit d’investissement avec lequel on obtient une rentabilité maximale, notamment en densifiant l’occupation de l’espace et en divisant celui-ci en des unités de petite taille.
2. Que le secteur du coliving diminue inévitablement le nombre de biens du type « grandes maisons unifamiliales traditionnelles » du marché traditionnel. Il contribue ainsi à augmenter pour ce segment, la concurrence entre acheteurs et également entre locataires, ce qui engendre une hausse des prix.

La nécessité de réguler le développement de ce phénomène est incontestable. La meilleure manière d’y parvenir est en débat au sein du Gouvernement. Néanmoins, il va de soi que le Coliving s’est développé en profitant de certaines zones grises de la législation urbanistique. Une adaptation de ce cadre semble donc à première vue incontournable.


Concernant la régulation des pratiques financières de ce secteur, certaines communes ont récemment commencé à adopter des mesures fiscales visant à limiter le développement du Coliving sur leur territoire. Néanmoins, ces mesures sont trop récentes pour pouvoir déjà en mesurer l’efficacité.

Enfin, sachez qu’il existe certaines expériences pilotes en matière de Coliving à vocation sociale. En effet, une AIS est en train d’étudier la possibilité de développer un tel projet sur base d’un immeuble pris récemment en gestion et une ASBL a conclu un partenariat avec une société de coliving afin de pouvoir avoir accès à des chambres à un tarif avantageux pour des réfugiés qu’elle accompagne.

Nous examinons évidemment ces projets avec grand intérêt.