Question écrite concernant l’impact de l’isolation sur la biodiversité.
- de
- Aurélie Czekalski
- à
- Alain Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de la Transition climatique, de l'Environnement, de l'Énergie et de la Démocratie participative (question n°1456)
Date de réception: 13/04/2023 | Date de publication: 20/06/2023 | ||
Législature: 19/24 | Session: 22/23 | Date de réponse: 13/06/2023 |
Date | Intitulé de l'acte | de | Référence | page |
25/05/2023 | Recevable | p.m. |
Question | Nous avons souvent évoqué au sein de cette commission le plan Renolution, la stratégie pour rénover le bâti bruxellois et qui vise notamment à réduire les émissions de CO2 en Région bruxelloise. Permettez-moi de mettre en lumière certains points nont pas encore été pris en compte au sein de cette commission dans ce cadre. Dans le cadre de ce plan, des primes et des incitants des pouvoirs publics sont proposés aux Bruxellois. Bon nombre de citoyens envisage dès lors des rénovations, travaux ou améliorations principalement autour de lisolation.
LASBL Natagora a récemment publié un article autour des impacts subis par les chauves-souris et les oiseaux, des suites de la rénovation et damélioration disolation du bâti. Celles-ci, néfastes pour la biodiversité, sont un danger pour lavifaune quil ne faut pas négliger. Lors de rénovations ou daméliorations de lisolations du bâti, lhabitat de chauve-souris, les nids de multiples espèces doiseaux, voire des potentiels emplacements de futur nids ( fissures, cavités, ) sont tout simplement détruits, voire bouchés, rendant laccès impossible à ces animaux. Les nouvelles constructions, étant majoritairement lisses, laissent paraitre la même problématique. Ces mêmes nouvelles bâtisses, comprenant de longues surfaces de verres sont dès lors un risque supplémentaire pour ces volatiles. Il existe la possibilité de consulter des professionnels ou son architecte afin deffectuer ces rénovations en prenant en compte cette biodiversité trouvant refuge dans nos habitations. Comme cela a été fait autour des jardins, il serait judicieux de sensibiliser, dinformer la population à ce sujet, particulièrement les personnes entamant des démarches de travaux. La stratégie du plan Renolution doit être vue comme un projet global, tant bon économiquement, que socialement, quenvironnementalement. Les dispositions prisent à cet effet ne peuvent quêtre bénéfiques a tous les niveaux. Monsieur le Ministre, permettez-moi de vous poser les questions suivantes:
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Réponse | Vous soulevez la problématique importante des conflits possibles entre les réponses apportées au défi climatique, d’une part, et à l’effondrement de la biodiversité de l’autre. Effectivement, l’isolation du bâti, indispensable à la décarbonation, risque d’entraîner la disparition d’habitats prisés par la faune urbaine. Bruxelles Environnement monitore les populations d’oiseaux associées aux bâtiments. Celles-ci montrent un déclin majeur de près de 80% en 30 ans. Cependant, une relative stabilisation est constatée depuis 2010. A l’inverse, les hirondelles de fenêtre, dont les nids sont visibles et plus faciles à identifier avant les chantiers, ont vu leurs effectifs plus que décupler, de 32 nids occupés en 2002 à 395 nids en 2020, grâce aux efforts des associations et administrations (données communiquées fin 2022 dans l’actualisation du rapport sur l’état de la nature). J’ai déjà eu l’occasion d’aborder cette vaste question dans l’interpellation de Mesdames Parmentier et Stoops de septembre 2021 à laquelle je renvoie. Je vous apporte ici des compléments d’information et une actualisation des démarches de Bruxelles Environnement depuis, démarches régulièrement discutées avec Natagora d’ailleurs. Plusieurs avancées ont été réalisées. L’outil CBS+, le coefficient de biotope par surface que Bruxelles Environnement a proposé comme critère d’évaluation et de renforcement de la biodiversité dans le RRU, devrait intégrer notamment les gîtes et nichoirs. Tout d’abord, le projet « Building (with) Biodiversity » que j’évoquais en 2021 a permis d’identifier une série de freins, mais aussi des leviers et des pistes de solutions pour favoriser la biodiversité à toutes les étapes d’un projet immobilier, de la programmation à l’utilisation, en passant par la conception et l’exécution. La démarche régionale se structure également autour de cas d’études menés par le Facilitateur Nature, comme le « plan nichoirs » réalisé pour le Port, ou des recommandations pour l’intégration de nichoirs lors de la rénovation des bâtiments du Parc Duden à Forest ou de la Ferme du Chaudron à Anderlecht. Il s’agit ici de recommander des aménagements et envisager différentes propositions techniques d’intégration de nichoirs. Les retours d’expériences permettent d’élaborer différents documents, que ce soit dans le Guide du Bâtiment durable ou, tout récemment, dans le cahier « Habitat vivant », réalisé par la commune de Saint-Gilles dans le cadre d’un subside « Action Climat » de la Région. Ce guide découle de plusieurs projets subsidiés à Saint-Gilles, mais aussi à Jette ou à Schaerbeek. Qui dit « changement de pratiques » dit « nouvelles compétences ». La formation des professionnels a donc été entreprise, d’abord dans le cadre des formations « Bâtiments durables », et plus récemment via la « Nature Academy », le pôle formation du Plan nature, avec 4 formations au premier semestre 2023. Elles seront répétées et renforcées suite à la révision du CBS+. Le Facilitateur Nature est également intervenu dans des formations pour Homegrade, pour l’association des entreprises d’économie sociale ou encore pour BRISE, le réseau intersyndical bruxellois de sensibilisation à l’environnement. La sensibilisation progresse donc. Toutes ces raisons ont amené Bruxelles Environnement à travailler depuis fin 2022 à une « stratégie pour la faune du bâti » qui devrait synthétiser les études complémentaires et les actions à entreprendre d’ici 2030. |