Question écrite concernant le budget alloué en 2024 à l’évaluation et l’adaptation de la Ville 30.
- de
- David Weytsman
- à
- Elke Van den Brandt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de la Mobilité, des Travaux publics et de la Sécurité routière (question n°1897)
| Date de réception: 04/01/2024 | Date de publication: 14/03/2024 | ||
| Législature: 19/24 | Session: 23/24 | Date de réponse: 14/03/2024 | |
| Date | Intitulé de l'acte | de | Référence | page |
| 02/02/2024 | Recevable | p.m. | ||
| 14/03/2024 | Annexe à la réponse | p.m. | Annexe |
| Question | Je vous interpelle régulièrement sur la nécessité d’évaluer mieux les politiques publiques mises en place en matière de mobilité. Il s’agit d’une exigence de la population qui entend également être associé à cette évaluation, comme il entend être associé à son élaboration. Depuis le 1er janvier le régime de vitesse par défaut est de 30 km/h sur l’ensemble de la Région bruxelloise. Nous sommes donc passés de 65% des voiries en zone 30 à plus de 80%. Au moment de son introduction, votre Gouvernement déclarait deux objectifs : la sécurité routière et la qualité de l’air. On sait aujourd’hui que les chiffres en matière de sécurité routière sont inquiétants. Si la gravité des accidents a en effet diminué, leur nombre a largement augmenté. Cela découle, notamment, de l’absence d’aménagements préalables de la voirie, du manque de lisibilité des régimes de vitesse et du développement de la cohabitation comme sur les rues cyclables.
Il y a dès lors lieu de s’interroger sur les résultats de cette mise en place. Quels sont les résultats en matière de qualité de l’air ? Comment distinguer la part de la chute des émissions à l’entrée en vigueur de la Ville 30 et à celle due, par exemple, à la LEZ (passage à des moteurs plus propres) ? Comment expliquez-vous l’explosion du nombre d’accidents ? J’aimerais également compléter l’information reçue dans le cadre de nos échanges autour du budget 2024.
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| Réponse | Nous devons mener et évaluer nos politiques sur base de chiffres. C'est pour cette raison, par exemple, que dans le cadre de l'ordonnance dite "mobilité", qui a été approuvée l'année dernière, l'Observatoire de la mobilité a été créé dans le giron de Bruxelles Mobilité. Depuis l'année dernière, de plus en plus de données ont déjà été mises en ligne sur leur site web, en toute transparence (voir https://data.mobility.brussels/home/fr/). La mise en place de la Ville 30, le 1er janvier 2021, quand rouler à 30 km/h devenait la règle dans nos rues, s’est accompagnée d’une évaluation très régulière. Les indicateurs d’impact suivis par Bruxelles Mobilité sont le nombre de victimes de la circulation, les vitesses pratiquées, et les temps de parcours. Bruxelles Environnement suit de son côté l’évolution des niveaux de bruit. Un monitoring de la qualité de l’air est également effectué par Bruxelles Environnement, bien qu’il ne soit pas chose aisée de déterminer la cause de l’amélioration (LEZ, réduction de la vitesse, innovations technologiques, chauffage des bâtiments, etc.). La conclusion est claire : la Ville 30 rend notre ville plus agréable, plus vivable et Bruxelles est en outre l’une des pionnières en Europe, avec des villes comme Prague et Amsterdam qui suivent le même chemin. Il s’agit évidemment d’une évolution progressive vers l’objectif politique de zéro mort et zéro blessé grave sur les routes d’ici 2030 (ce qu’on appelle la “Vision Zéro”). Du chemin reste encore à faire, mais l’évolution est clairement positive. - Le nombre de victimes graves, issu des statistiques d’accidents de la police. L’évolution du nombre de morts et de blessés graves est également en baisse. Après une première diminution et une augmentation en 2022 liée quasi essentiellement à l’augmentation du nombre de victimes parmi les usagers de trottinettes, les chiffres pour les neuf premiers mois de 2023 (les statistiques complètes pour l'accidentologie en 2023 ne seront disponibles que début mars) font état d’une baisse importante. Pour les piétons et les automobilistes, on observe les chiffres les plus bas jamais observés en RBC depuis 2010. Après l'augmentation considérable du nombre de cyclistes au cours des dernières années, nous constatons aujourd'hui non seulement une diminution relative du risque d'accident, mais aussi une diminution absolue du nombre de victimes. Pour les usagers de trottinettes, nous avions d’abord observé une forte augmentation du nombre de victimes en raison de l’explosion de l’utilisation de ce moyen de transport. Aujourd’hui, on observe une très forte diminution par rapport à 2022 pour ce mode de déplacement. Chiffres détaillés : Pour les neuf premiers mois de 2023 o Piétons : 633 blessés, c’est le nombre le plus bas hors période COVID. 36 blessés graves/morts, le nombre le plus bas période COVID incluse o Cyclistes : 787 blessés, c’est moins qu’en 2022, alors que les compteurs montrent que le nombre de cyclistes continue d’augmenter par rapport à 2022. 24 blessés graves/morts, le nombre le plus bas depuis 2018, période COVID incluse. o Usagers de trottinettes : 383 blessés, une forte diminution par rapport à 2022. 17 blessés graves/morts, presque moitié moins qu’en 2022 ! o Usagers de motocyclette/motos : 464 blessés, le nombre le plus bas hors période COVID, mais toujours beaucoup de blessés graves/morts (29) o Voitures : 762 blessés, le nombre le plus bas hors période COVID – très forte diminution sur le long terme (depuis 2010). 9 blessés graves/morts, ce qui est largement le chiffre le plus bas, période COVID incluse - Le respect des limitations de vitesse se renforce : Bruxelles Mobilité effectue chaque année depuis novembre 2020 des mesures de vitesse sur 80 lieux de la région. Les caméras sont peu visibles et toujours dissociées de points de contrôle, ce qui permet d'éviter dans les mesures le biais "je ralentis pour le radar". Bruxelles Mobilité constate une diminution visible de la vitesse moyenne sur l'ensemble des voiries, ce qui traduit un respect de plus en plus grand des limitations de la part des conducteurs motorisés. La Ville 30 a donc un effet bénéfique et durable partout, autant sur les voiries où la limitation de vitesse n’a pas été modifiée (en restant à 30 ou 50 km/h) que sur celles qui sont passées de 50 à 30 km/h. La Ville 30 réduit le bruit et améliore la qualité de vie. Passer de 50 à 30 km/h contribue à diminuer le bruit lié au trafic routier de plus de moitié dans certains cas. Les relevés effectués par Bruxelles Environnement montrent une baisse des niveaux sonores allant de 1,5 à 4,8 dB(A) en fonction du moment, de l’endroit, du type de trafic et du revêtement. Limiter la vitesse permet en effet de diminuer le bruit lié au frottement des pneus sur la chaussée, mais également aux freinages et aux accélérations. Par ailleurs, la part de Bruxellois exposés à des niveaux sonores supérieurs ou égaux aux seuils de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour le trafic routier est en diminution. L’actualisation de la cartographie du bruit pour l’année 2021 montre que 30 % de la population est concernée, cette part était de 64 % en 2016. Les graphiques montrant les dernières analyses sont disponibles (et font l’objet d’un communiqué de presse BM/Cabinet : https://mobilite-mobiliteit-brussels.prezly.com/quel-bilan-apres-3-ans-de-ville-30kmh-a-bruxelles). Afin d’adapter les infrastructures aux limitations de vitesse, des recommandations ont été rédigées sous la forme de 12 fiches techniques. Le contenu de celles-ci est bien finalisé et les fiches sont mises en page progressivement et sont publiées sur le site de Bruxelles Mobilité. Il s’agit de recommandations et de rappels purement techniques, ainsi que de synthèses des règlementations en vigueur. Les thématiques abordées concernent notamment la dimension des chicanes et des rétrécissements, les coussins berlinois, les ralentisseurs, etc. Un budget de 65 193 euros TVAC y a été consacré. En termes d’infrastructures : c’est traité soit dans le cadre de réaménagements plus larges, soit dans le cadre de microprojets dans des zones prioritaires, notamment sur base des projets de sécurisation issus du programme Safe Street du Plan d’Actions de Sécurité routière. Il s’agit principalement de la sécurisation des passages piétons, des zones à concentration d’accidents, des abords d’écoles et de projets de crédibilisation du 30 km/h ou de sécurisation des voiries à 50 km/h. De nouveaux radars bientôt installés Le rôle des contrôles de vitesse reste essentiel. C’est pourquoi Bruxelles Mobilité installera cette année 14 radars supplémentaires, notamment avenue du Panthéon, chaussée de Ninove, avenue des Gloires nationales, avenue Woeste, etc. Les discussions sont en cours avec les communes et zones de police concernées. Enfin, le Plan d’Actions de Sécurité routière prévoit de pouvoir réévaluer les vitesses maximales autorisées de certains axes. À ce stade, aucune nouvelle adaptation concrète n’est prévue pour cette année. Aucune voirie passée à 30 km/h n’a vu sa vitesse maximale autorisée repasser à 50 km/h en 2023 et rien de tel n’est actuellement envisagé pour 2024. |