Question écrite concernant la situation alarmante des CPAS bruxellois.
- de
- Isabelle Emmery
- à
- Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°649)
Date de réception: 10/10/2022 | Date de publication: | ||
Législature: 19/24 | Session: 22/23 | Date de réponse: 14/12/2022 |
Date | Intitulé de l'acte | de | Référence | page |
08/12/2022 | Question orale transformée en question écrite | p.m. | ||
12/12/2022 | Recevable | p.m. |
Question | Les temps que nous vivons aujourdhui sont extrêmement durs pour beaucoup de nos concitoyens. Les crises se succèdent, Covid-19, afflux de réfugiés, inflation galopante, explosion des prix de lénergie, etc. On ne compte plus les personnes qui, acculées, poussent aujourdhui pour la 1ère fois la porte des CPAS, ultime recours pour pouvoir mener une vie conforme à la dignité humaine. Ce flot de nouveaux dossiers, derrière lesquels se cachent souvent une profonde détresse, entraîne une surcharge de travail énorme pour les travailleurs sociaux, dont les conditions de travail se sont dégradées à une allure proportionnelle
Un communiqué de presse annonçait récemment que le 6 octobre le Front Commun Syndical représentant le personnel des services sociaux des 19 CPAS bruxellois a organisé une grande Assemblée Générale. Au terme de cette Assemblée, plusieurs constats ont été posés : une surcharge de travail liée aux diverses crises et un manque deffectifs, la nécessité dun refinancement structurel, anticipatif et pérenne, lurgence dune revalorisation salariale et du travail social en CPAS, la demande dun investissement massif dans la prévention des risques psychosociaux, etc. Concernant le financement effectivement, nos CPAS bruxellois sont au bord du gouffre. Les aides fédérales apportées sont un ballon doxygène bien sûr, mais ne suffisent pas à faire face aux crises actuelles. Nombre de CPAS doivent se tourner vers leurs communes pour négocier des dotations supplémentaires. Mais à ce rythme, les communes non plus ne pourront plus faire face ! Quant à la surcharge de travail, elle nest pas due uniquement au surplus de nouveaux dossiers. En effet, malgré l'intérêt du métier et la mise en place de divers incitants, les CPAS bruxellois ne parviennent plus à engager de nouveaux travailleurs et de nombreux postes sont aujourdhui vacants, faute de candidats Quant aux travailleurs en poste, lépuisement physique et mental et les conditions de travail de plus en plus difficiles ont parfois raison de leur motivation. Sans parler des manifestations de violence physique ou verbale auxquelles ils sont régulièrement confrontés, tant au sein de linstitution que lors de leurs visites à domicile. Nombreux sont ceux qui quittent les CPAS pour des univers professionnels plus paisibles Entre difficultés de recrutement et démissions, les CPAS bruxellois font face à une pénurie alarmante d'assistants sociaux. Le risque que nous courrons à brève échéance est de ne plus pouvoir répondre suffisamment aux besoins fondamentaux des Bruxellois les plus précarisés, de plus en plus nombreux. Aujourdhui plus que jamais, nous avons besoin de travailleurs motivés. Jaimerais que les propos que je viens de tenir soient exagérés, mais il nen est rien, malheureusement. Ils dépeignent la réalité de terrain que vivent nos centres publics daction sociale aujourdhui. Madame la Ministre, Monsieur le Ministre,
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Réponse | En ce qui concerne mes compétences, nous soutenons les CPAS dans le cadre de la crise énergétique et concernant l’accès aux droits des citoyens. 28 millions supplémentaires ont été récemment débloqués pour les CPAS bruxellois pour 2023 (20 M énergie / 8 M accès aux droits). Dans les 20 millions énergie, il est prévu que jusqu’à 50% de ce montant soit consacré au recrutement de personnel au sein des CPAS. La pénurie d’assistants sociaux touche l’ensemble des CPAS, à Bruxelles, en Wallonie et en Flandre. Il importe également de souligner que cette pénurie de travailleurs sociaux est également présente dans l’ensemble du secteur social, hors CPAS. Nous participons à des réunions de travail à ce sujet avec la Ministre de l’Intégration sociale. Ces réunions ont pour objectifs d’objectiver le problème et d’envisager l’ensemble des pistes pour y faire face. Etant donné que l’origine du phénomène est multiple, les réponses doivent immanquablement être multiples également. Parmi les causes, nous pouvons citer ceci : - L’accroissement important des missions confiées aux CPAS et dès lors la création massive de nouveaux postes - La nécessaire maîtrise du français et du néerlandais pour accéder à une fonction en CPAS - L’interdiction du port de signes convictionnels - La non-attractivité de la fonction en CPAS en termes de rémunération, de charge de travail et de lourdeur administrative - La diminution du nombre d’étudiants qui s’inscrivent dans le cursus menant à une qualification d’assistant social Les pistes d’amélioration sont donc à chercher à plusieurs niveaux, en collaboration étroite avec les ministres et entités concernés : - Accroître l’attractivité de la formation et les moyens dont disposent les Hautes écoles pour accompagner les étudiants futurs assistants sociaux ; - Accroître l’attractivité de la fonction en limitant les dimensions de contrôle et la lourdeur administrative à laquelle font face les citoyens (et par conséquent les travailleurs sociaux) pour avoir accès aux différentes aides. A cet égard, la simplification administrative et/ou l’automatisation d’un maximum d’aides aurait sans aucun doute pour effet de diminuer la charge de travail des assistants sociaux et dès lors de rendre la fonction bien plus attractive. - Afin de contribuer à ce que les nouveaux travailleurs sortant des Hautes écoles soient plus rapidement opérationnels, nous avons mis en place une formation en collaboration avec l’ERAP ; - Concernant les conditions de rémunération, l’ensemble du personnel des CPAS bruxellois bénéficiera d’une revalorisation à partir du mois de juillet 2023. Cette revalorisation comblera en partie la différence actuelle entre les travailleurs bruxellois et les travailleurs wallons et flamands ; Une dernière piste qui me paraît devoir être explorée est celle de l’équivalence de diplômes pour des personnes qui ont un diplôme équivalent (et parfois une longue expérience en travail social), obtenu à l’étranger. Pour terminer, nous examinons actuellement avec la Fédération des CPAS les mesures urgentes qui pourraient être prises, notamment par le biais de la collaboration accrue entre CPAS. Concernant votre question sur les actions et les journées de grèves, je vous renvoie vers le Ministre des Pouvoirs Locaux. |