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Question écrite concernant la prise en charge de la démence en Région de Bruxelles-Capitale.

de
Isabelle Emmery
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°662)

 
Date de réception: 14/11/2022 Date de publication: 02/02/2023
Législature: 19/24 Session: 22/23 Date de réponse: 01/02/2023
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
18/01/2023 Recevable p.m.
 
Question   

En 2012, un rapport de l’OMS concernant la problématique de la démence estimait que le nombre de patients atteints de démence dans le monde s’élevait à environ 35,6 millions et que ce nombre pourrait doubler d’ici 2030 et tripler d’ici 2050, si nous ne trouvons pas le moyen d’y remédier1… Ce rapport déplorait que seulement 20 % à 50 % des cas de démence étaient diagnostiqués, souvent trop tardivement. D’où la nécessité de poser un diagnostic précoce mais aussi de sensibiliser le public aux troubles liés à la démence.

Ceux qui en souffrent sont souvent victimes d’un isolement social lié à un manque d’information et de compréhension de la pathologie démentielle. Cette problématique nous concerne tous. L’augmentation de l’espérance de vie implique un nombre croissant de maladies liées à l’âge. La démence est l’une des causes principales de handicap et de dépendance parmi les personnes âgées dans le monde. Elle a des conséquences physiques, psychologiques, sociales et économiques pour les personnes atteintes de la maladie mais aussi pour le personnel en charge des soins, les familles et la société en général. S’il n’existe pas à l’heure actuelle de traitement curatif des démences, c’est avec une offre de soins et de services optimales que l’impact, tant sur l’individu que sur son entourage ou sur la société, peut être diminué. L’OMS considère d’ailleurs la démence comme une priorité de santé publique.

De nombreux signes peuvent alerter : oublis répétés, difficultés de raisonnements simples, désorientation dans le temps ou l’espace, difficultés d’exécution des gestes quotidiens, etc. Au plus tôt la maladie est détectée, au plus vite on peut mettre en place des processus pour retarder son évolution. Au sein des maisons de repos, le personnel peut identifier les premiers signes. Mais qu’en est-il de la détection de ces signes pour les personnes âgées à domicile ? L’entourage ou le médecin peuvent les détecter, mais qu’en est-il des personnes isolées ? La prise en charge précoce et le diagnostic différentiel pourraient bénéficier d’une meilleure connaissance des premières manifestations cliniques.

Madame la Ministre, Monsieur le Ministre,

  • Depuis 2020, plus de 200.000 cas de démence ont été enregistrés en Belgique 2 . A-t-on des données chiffrées en Région bruxelloise ?

  • Des procédures sont-elles mises en place afin d’améliorer les dépistages précoces à domicile en collaboration avec les médecins traitant ?

  • Qu’en est-il de la prise en charge des personnes démentes en RBC ?

  • Bruxelles-Ville est la 50e signataire de cette charte en Belgique. Le CPAS d’Anderlecht l’avait également signée en 2018. D’autres communes de notre Région sont-elles également signataires ?

  • On préconise aujourd’hui de laisser le plus longtemps possible les personnes atteintes de troubles à domicile. Concrètement, quelles aides et quels soutiens sont apportés en RBC aux aidants proches des personnes atteintes de démence? Aux professionnels de la santé ?

  • La proportion croissante de personnes atteintes de démences du type Alzheimer vivant à domicile interroge sur leur sécurité et sur leur accompagnement. Elles ont en effet des répercussions sur la vie quotidienne du patient et le confrontent à divers risques à domicile. On pourrait envisager de développer la communication dans la prise en charge de la personne à domicile, créer un réseau dans les quartiers pour aider la personne dans sa maladie. Des démarches dans ce sens sont-elles déjà en application ou à l’étude?

  • La désignation d’un « responsable démence » au niveau régional est-elle à l'étude ?
     

1 https://www.who.int/publications/i/item/dementia-a-public-health-priority

2 https://bx1.be/categories/news/la-ville-de-bruxelles-sengage-dans-une-charte-a-devenir-amie-des-demences/

 
 
Réponse    Les données épidémiologiques de démence sur la région de Bruxelles nous indique ceci. En 2020, parmi l'échantillon des 27.878 Bruxellois analysé par l’Observatoire de la Santé et du Social :
- 0,17 % avaient la maladie de Parkinson,
- 0,04 % avaient la maladie d'Alzheimer
- Et 0,21 % avaient l'une ou l'autre de ces deux maladies sans diagnostic clair.
Ces proportions sont restées relativement stables au cours des dernières années.
Parmi les bruxellois ayant la maladie de Parkinson, 77% sont âgés de 65 ans et plus. Cette proportion est de 100% en ce qui concerne la maladie d'Alzheimer. À partir de ces données, une extrapolation statistique amène à estimer le nombre total de personnes atteintes de ces pathologies sur la région bruxelloise à 2360 personnes.

Au même titre que d'autres pathologies à surveiller, les démences doivent faire l'objet d'une attention particulière tant du point de vue de la prévention que d'une prise en charge précoce. Cependant, les démences ne se diagnostiquent pas aussi simplement que d'autres pathologies. Les facteurs à l'origine de la démence peuvent être multiples, elle peut survenir après des lésions cérébrales, ou être d'origine psychogène (dépression, psychose), elles peuvent être également aggravées par les conditions de vie telles que l'isolement social.
La plupart du temps, la maladie s'installe de manière lente et insidieuse. De ce fait, le diagnostic de démence survient souvent à la suite d'un accident significatif de la vie quotidienne et est objectivé à l'aide de nombreux examens cliniques et tests neuropsychologiques qui doivent être réalisés en milieu hospitalier. Il existe de nombreuses équipes spécialisées en gériatrie et en démence qui mènent en place des actions très variés et complémentaires : sensibilisation et stratégie de visibilité auprès des professionnels de la première ligne, mise à disposition de répertoire de ressources et de services spécialisés, soutien aux aidants-proches et interventions auprès de la personne âgée malade. Ces équipes se tiennent à disposition de toute personne confrontée à la démence pour les accompagner dans les différentes dimensions autour de la maladie : sociales, familiales, médicales, psychologiques, et ergothérapeutiques et même juridiques.

Les CPAS, de par leur niveau local de proximité, constituent des points d'appui et de relais primordiaux dans la prise en charge de ces pathologies. Il existe de nombreuses initiatives portées au niveau local, citons l'exemple de la commune d'Etterbeek avec le projet "Contact Plus, Aide aux séniors" qui organise une aide et des activités destinées aux séniors, à mobilité réduite ou porteuse de handicap. Les services proposés vont du soutien aux démarches administratives, à l'accompagnement psychosocial, à l'organisation de sorties et d'activités, à des solutions de mobilité. Le projet Zoom-Séniors qui soutient le maintien à domicile est soutenu par le niveau régional, la COCOM mais également par les CPAS de Bruxelles-ville et de Saint-Gilles. La plupart des CPAS ont des cellules d'aide pour les personnes âgées.
Sur le soutien aux aidants proches, de nombreux projets sont soutenus par la Région, parmi les suivants : Projet Focus coordonné par Brusano, les projets de Zoom Séniors, le Projet Dionysos du SSM Rivage, les projets de Infor-Homes, SAM le Réseau des Aidants Proches ou encore ceux d’Alzheimer Belgique.
Enfin, pour répondre à vos dernières questions spécifiques : il n’est pas prévu de créer un référent démence régional, ni d’envisager une communication complémentaire sur le sujet pour le moment.