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Question écrite concernant l’augmentation des problématiques de santé mentale chez les bénéficiaires des CPAS.

de
Delphine Chabbert
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°663)

 
Date de réception: 18/10/2022 Date de publication: 02/02/2023
Législature: 19/24 Session: 22/23 Date de réponse: 01/02/2023
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
18/01/2023 Recevable p.m.
 
Question    Le 18 février 2022, le Conseil supérieur de la santé (CSS) publiait un avis qui rappelait les inégalités et les disparités face aux problèmes de santé mentale. Selon lui, ces affections touchent plus violemment « les jeunes et les personnes souffrant d’affections préexistantes et/ou d'un statut socioéconomique moins élevé ».

Or, on apprenait dans un article paru le 25 novembre 2019 dans le média Alter Échos que la souffrance psychique chez les bénéficiaires des CPAS était en augmentation. Ce mal est dû notamment à la pression générée par les politiques d’activation, qui imposent à chacun de prouver constamment son droit à l’aide sociale. La formation des assistants et assistantes sociales à ces problématiques fait également défaut, puisqu’ils et elles se disent dépassé?es, dépourvu?es de temps et d’outils ; et même destbailisés puisque cela remet en question le sens de leur travail pour une grande partie d’entre eux.elles.

Le crise du COVID, la crise en Ukraine et, plus récemment encore, la hausse des prix de l’énergie ont des conséquences très concrètes sur la qualité des services des CPAS. Les travailleurs et travailleuses sociaux alertent d’ailleurs sur des charges de travail jugées excessives, allant jusqu’à dénoncer une « violence institutionnelle » à leur encontre, ainsi qu’à l’encontre des citoyen.nes. En conséquence, des arrêts de travail, ainsi que des grèves sont prévus à partir de la mi-octobre et jusqu’à la mi-novembre 2022.

L’accompagnement psychique des bénéficiaires des CPAS, et l’aide aux travailleurs et travailleuses sociaux sont ainsi essentiels et appellent des réponses.

Monsieur le Ministre, voici mes questions :

  • Quelle est votre évaluation de la souffrance psychique des bénéficiaires des CPAS à ce jour ? Des actions complémentaires à celles déjà en cours sont-elles programmées ?

  • Un service support de soutien d’ordre psychosocial aux CPAS est-il envisageable ?

  • Pouvez-vous m’indiquer combien de psychologues sont mis à disposition pour venir en aide aux 19 CPAS de la région bruxelloise ? Le recrutement de nouveaux psychologues est-elle à l’ordre du jour ?

  • Disposez-vous d’une vue plus précise sur le problème ? Une enquête est-elle prévue ?

  • Avez vous prévu une sensibilisation particulière à ces problématiques auprès des assistants sociaux et assistantes sociales ?

  • Est-ce que le programme soutenu par l’INAMI en matière de santé mentale avec le financement de psychologues de première ligne peut participer à l’atteinte de cet objectif ?

 
 
Réponse    Depuis de nombreuses années, les acteurs bruxellois sont au travail autour des enjeux cruciaux des effets délétères de la précarisation sur la santé en ce compris au niveau psychique. Ils témoignent quotidiennement de cette réalité. Dès le début de la législature, le gouvernement a été actif sur ces questions pour initier des dispositifs innovants. Et la plupart des projets mis en place durant le COVID se poursuivent toujours à l'heure actuelle (dispositifs d'outreaching, mobilité des intervenants, soutien aux professionnels etc…) et d'autres plans d'action restent encore à mettre en œuvre. Le PSSI constitue un champ d'envergure en termes d'organisation de la première ligne, d'une articulation forte entre acteurs publics et associatifs ainsi que social et santé.
L'approche locale par quartier du PSSI et le partage de la responsabilité populationnel par un ensemble défini d'acteurs de la 1
ère ligne, dont les travailleurs sociaux du CPAS sont des acteurs importants, ont bien pour objectif de garantir des prises en charges intégrées.
En termes de recherche, on sait pertinemment bien, grâce au travail de l'Observatoire du Social et de la Santé notamment, que pauvreté et santé sont corrélés négativement et doivent être pris en charge de manière intégrée. Et bien qu'il y ait une absence de données précises et récentes, les enjeux de santé mentale des bénéficiaires du CPAS et des publics fragilisés ne sont plus à démontrer ni à ignorer en matière de politique de santé mentale.

Au regard de cela, la formation des intervenants psycho-sociaux relève bien entendu d'un enjeu crucial pour la prévention et la prise en charge des souffrances psychiques. C'est pourquoi nous soutenons le projet CONNECT et SUPPORT du SMES-B, subsidiés en COCOM.
Ces deux projets visent notamment des actions de sensibilisation et d'appui aux travailleurs sociaux qui sont confrontés, dans leur pratiques, à des usagers en grande précarité et souffrance psychique et ou de problème d’addiction.
La COCOM finance également d'autres projets qui assurent plus de proximité et d'aide au citoyen dont les bénéficiaires des CPAS qui accumulent des problèmes de santé mentale, notamment les 4 antennes 107. Une de leurs missions est de développer des liens avec les services sociaux tels que les CPAS, les coordinations sociales ; les psychologues de première ligne ainsi qu’avec les services de santé mentale.
Concernant votre question sur le nombre de psychologues mis à disposition pour venir en aide aux CPAS, à notre niveau, nous n'avons pas de données disponibles sur le nombre de psychologues engagés au sein des CPAS. En revanche, du fait de la participation de la région bruxelloise au protocole d'accord sur l'intégration de l'offre de soins psychologiques initiée par le fédéral, on sait que des collaborations directes s'organisent avec des psychologues conventionnés. Sur Bruxelles, 30 % des patients pris en charge par des psychologues conventionnés bénéficient du statut BIM (auquel de nombreux bénéficiaires du CPAS ont droit). L'offre est donc bien accessible aux publics plus fragilisés sur le plan économique et social. Par ailleurs, excellente nouvelle, un accord entre l'INAMI et MEDIPRIMA vient d'être conclu pour élargir le scope de l'offre de soins psychologiques aux personnes qui n'ont pas de mutuelle (soit un bon nombre de bénéficiaires du CPAS).
Les PPL peuvent désormais travailler en partenariat avec des services ou opérateurs qui ont une expertise probante en matière d'aide et de soins aux publics vulnérabilisés. Notre souhait est de privilégier les services déjà présents sur des zones d'action prioritaires (indice de précarité plus élevé). Et les travailleurs sociaux pourront pleinement s'inscrire dans ces nouvelles offres spécifiques.