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Question écrite concernant le nombre de suicides à Bruxelles

de
Khadija Zamouri
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°743)

 
Date de réception: 12/07/2023 Date de publication: 20/09/2023
Législature: 19/24 Session: 22/23 Date de réponse: 18/09/2023
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
18/07/2023 Recevable Bureau élargi de l'Assemblée réunie
 
Question    Dans le Standaard de la semaine dernière, nous avons pu lire qu’en Flandre, le nombre de suicides a encore diminué en 2021.

Dans le prolongement, la ministre Crevits a annoncé un plan d'action mettant notamment l'accent sur les jeunes. Le VDAB est également impliqué, car les demandeurs d'emploi sont plus exposés au risque de suicide. Enfin, la ministre se tourne également vers les pharmaciens.

  • Combien de suicides ont-ils été enregistrés à Bruxelles en 2021? S'agit-il d'une augmentation par rapport à 2020?

  • A-t-on également observé une augmentation à Bruxelles pour les femmes âgées de 15 à 29 ans? Pensez-vous que les réseaux sociaux ont également un rôle à jouer à cet égard?

  • L'impact de la crise sanitaire sur les (tentatives de) suicides est-il déjà plus clair?

 
 
Réponse    Selon les Bulletins statistiques de décès de l’Observatoire du Social et de la Santé (consultable en ligne sur leur site), en 2021, 104 décès par suicide ont été enregistrés parmi les Bruxellois. Parmi ces 104 cas, 64 étaient des hommes et 40 étaient des femmes. En 2020, 142 cas de décès par suicide ont été enregistrés (y compris les Bruxellois décédés en Flandre et en Wallonie) dont 94 étaient des hommes et 40 étaient des femmes (Figure 1). On observe donc une diminution d'environ 27 % des décès en 2021 par rapport à 2020.

En termes de taux de mortalité par suicide, standardisé pour l'âge (nombre de décès par suicide/100.000 habitants) à Bruxelles, on observe également une légère diminution entre 2020 et 2021 (13,6 contre 9,5/100.000 habitants).

Cette diminution est plus fortement marquée chez les hommes que chez les femmes, le taux de mortalité passant de 18,8 à 12,5 pour 100.000 habitants entre 2020 et 2021 chez les hommes, alors que chez les femmes il passe de 8,8 à 7,2 pour 100.000 habitants pour la même période.

Le taux de mortalité par suicide des Bruxellois, standardisé pour l'âge est, ainsi, 2,7 fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes et ce ratio est resté stable au cours de ces 20 dernières années.

Les taux de mortalité par suicide en Région de Bruxelles-Capitale fluctuent d'une année à l'autre, mais globalement la tendance est à la diminution, tant chez les hommes que chez les femmes.

Pour analyser les taux de mortalité par suicide en fonction de l'âge, les données sont regroupées sur la période de 20 ans de 2001 à 2021, afin de disposer d'effectifs suffisants.

Les taux de mortalité par suicide augmentent globalement avec l’âge, chez les hommes comme chez les femmes et les risques sont plus élevés pour les hommes que pour les femmes à tous les âges.

Chez les hommes, on observe une nette augmentation vers l’âge de 20 ans, avec un premier pic vers 45-49 ans. Ensuite, les risques de suicide sont relativement stables entre 50 et 70 ans, pour augmenter très fortement à partir de 75 ans.

Chez les femmes, les taux atteignent leur maximum à partir de 50 ans, et restent stables par la suite, sans pic d'augmentation à partir de 75 ans, contrairement aux hommes.

En comparant l’évolution dans les différents groupes d'âge et dans le temps (1999-2021), la tendance à la baisse s’observe globalement dans les deux sexes.

La tendance à la diminution se maintient au cours de la période considérée et il n'y a pas de particularité dans le groupe des jeunes de 15-24 ans.

On n'observe donc pas d'augmentation de la mortalité par suicides liée au COVID-19 chez les jeunes femmes de 15 à 29 ans, contrairement à ce qui est rapporté dans certains médias.

En revanche, l'impact de la crise sanitaire de la COVID-19 sur les pensées et les tentatives de suicide a été bien décrit par Sciensano dans leur publication sur les comportements suicidaires pendant cette crise.

La crise actuelle du COVID-19 a des implications importantes pour la santé mentale de la population et affecte négativement certains des facteurs de risque associés au suicide.

Selon une étude de Sciensano (consultable en ligne sur leur site), les pensées suicidaires et les tentatives de suicide ont été élevés pendant la crise COVID-19 : 10,5 % des répondants de leur enquête menée en juin 2021 ont déclaré avoir sérieusement envisagé le suicide au cours des 12 derniers mois et parmi les jeunes (18-29 ans), ce pourcentage s’élève à 17 %.

On constate par ailleurs que 0,7 % des répondants de cette enquête ont déclaré avoir fait réellement une tentative de suicide au cours des 12 derniers mois et parmi les jeunes (18-29 ans), ce pourcentage s’élève à 2 %.

Les pensées suicidaires et les tentatives de suicide sont plus fréquentes chez les femmes, les personnes d’âge moyen et dans le groupe le moins éduqué. Alors que plus de femmes envisagent et tentent de se suicider, plus d'hommes y parviennent.