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Question écrite concernant l’insécurité générale dans le Quartier Nord

de
Sevket Temiz
à
Rudi Vervoort, Ministre-Président du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, chargé du Développement territorial et de la Rénovation urbaine, du Tourisme, de la Promotion de l'Image de Bruxelles et du Biculturel d'intérêt régional (question n°902)

 
Date de réception: 19/07/2022 Date de publication: 08/11/2022
Législature: 19/24 Session: 22/23 Date de réponse: 18/10/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
21/09/2022 Recevable
 
Question   

La DPG rappelle que « Le Gouvernement sollicitera également un renforcement des moyens à disposition de la police judiciaire afin de lutter contre la criminalité grave et organisée notamment la lutte contre le terrorisme et le trafic de stupéfiants.

Le Gouvernement soutiendra également la demande auprès du Gouvernement fédéral d’étendre le Plan stratégique de sécurité et prévention (PSSP) à l‘ensemble des 19 communes. Le Gouvernement réévaluera les objectifs, les résultats et les financements de sa politique de prévention afin de concerter ses moyens de manière plus équitables vers les quartiers et enjeux prioritaires. »

La situation du quartier Nord et de son noyau commercial est critique.

Les riverains et commerçants de cet axe historiquement commercial sont victimes d’une grande criminalité.

Projection d’acide sur les visages de commerçants, attaque avec arme blanche, agressions physiques en journée, deal organisé de stupéfiants …

Le quotidien des habitants de cette zone est un enfer tous les jours.

La Région compte de nombreux quartiers commerçants dont celui dit de Brabant qui compte plus de 21.000 passages journaliers dans la rue. Ce quartier commerçant est géographiquement limitrophe à celui de la rue neuve mais se voit traiter différemment.

Dans cette perspective, je voudrais vous poser les questions suivantes :

  • Quelle est votre stratégie quant à la sécurisation de cette zone laissée à l’abandon ?

  • Le quartier Nord constitue un axe prioritaire de Bruxelles en termes de passage, est-ce que le Gouvernement a réévalué les objectifs de financements de sa politique de prévention en faveur de cette zone ?

  • L’Iris Tower accueille déjà beaucoup de fonctionnaires de la Région. Quel est le retour des syndicats sur de probables agressions de fonctionnaires ?

 

 
 
Réponse    J’ai l’honneur de vous adresser les éléments de réponse suivants :

Le Quartier Nord connaît effectivement de nombreux problèmes, mais il n’est pas le seul à Bruxelles. Afin de ne pas avoir une vision biaisée des choses, il est important de rappeler quelques éléments de contexte.
Ainsi, de par son statut de capitale nationale et européenne, Bruxelles est une ville cosmopolite dont les atouts en font un véritable pôle d’attractivité pour de nombreuses personnes à travers le monde. Ce positionnement de notre Région constitue une incroyable richesse, mais apporte aussi son lot de difficultés sociales et économiques.

Notre Région agit avec les outils dont elle dispose pour améliorer la situation. Néanmoins, il est incontestable qu’elle ne peut à elle seule résoudre tous les problèmes qui se présentent sur son territoire, singulièrement lorsque ceux-ci trouvent en grande partie leur origine dans des décisions politiques d’autres niveaux de pouvoir et des phénomènes qui dépassent largement le territoire de la Région bruxelloise. C’est notamment le cas avec la politique de l’asile et de l’immigration, la criminalité liée à la drogue, le trafic d’êtres humains, etc.

Par conséquent, c’est bien au départ de cette grille de lecture qu’il faut examiner et apporter des solutions aux problèmes qui existent dans le Quartier Nord. De plus, il est impossible d’évoquer ce quartier sans prendre en compte le fait qu’il abrite la plus grande gare du pays en terme de voyageurs. À l’instar d’autres capitales et grandes villes, elle se situe à la lisière de quartiers qui historiquement ont connu et connaissent encore de nombreuses difficultés sociales, mais aussi des rues commerçantes très populaires. Elle est également un nœud modal où se rencontrent tram et bus, brassant du matin au soir fonctionnaires, employés, ouvriers, population locale et visiteurs d’un jour.



La gestion de la sécurité dans un tel lieu est un problème complexe. Il est lié à la fois à la situation de la gare qui offre une certaine forme d’anonymat et un abri de fortune lorsque les nuits deviennent froides. La nature des difficultés observées sont parfois criminelles mais aussi sociales, sanitaires ou même psychiques dépassant largement les capacités des services de sécurité. Pour complexifier le tout, le lieu est également un millefeuille de compétences qui se chevauchent ou s’exercent en parallèle.


Les autorités régionales exercent au maximum leurs prérogatives en réunissant les autorités compétentes, que sont les communes, les zones de police, l’État fédéral, les sociétés de transport pour travailler de concert sur la sécurité dans et autour de la Gare du nord. Ces réunions ont lieu périodiquement et, selon les informations qui nous sont transmises lors de ces réunions par les services de police, cela semble porter ses fruits puisque le nombre d’incidents dans le quartier est en diminution cette année.


Sans évidemment nier les problèmes qui subsistent, le constat que vous faites à l’occasion de votre question écrite doit être nuancé. Par ailleurs, je ne puis vous rejoindre lorsque vous utilisez dans votre première demande les termes suivants pour parler du Quartier Nord : « cette zone laissée à l’abandon ».

En effet, le Quartier Nord connaît et va encore connaître dans les prochaine années une profonde mutation. Les acteurs publics (via le CRU notamment) et privé ont la volonté réelle de réinvestir ce quartier. Le regroupement de plusieurs administrations régionales au sein de l’Iris Tower située place saint-Lazare en est déjà une preuve tangible. De nombreux travaux sont en cours, dont par exemple celui de la rénovation du CCN qui devrait à terme ramener du logement dans le quartier. C’est important car l’expérience nous démontre qu’une dynamique urbaine positive ne peut être enclenchée et se maintenir que par la présence d’une diversité des fonctions sur un territoire donné.
Pour répondre à votre autre demande concernant les initiatives régionales en matière de sécurité et de prévention, sachez que ces dernières s’inscrivent dans un cadre précis à savoir celui du PGSP. Celui-ci se fonde sur une approche impliquant tous les acteurs de la chaîne de prévention et de sécurité afin de prendre en compte au mieux les besoins de chacun et ce, avec pour objectif d’améliorer la sécurité sur le territoire régional. Ce document est consultable sur le site internet de Bruxelles Prévention & Sécurité (safe.brussels) via le lien
https://safe.brussels/sites/default/files/2021-03/1507-BPS%20-%20PGSP-FR-AS.pdf



Dans ce cadre et eu égard au problème qui nous occupe, différentes initiatives sont déjà prises. Ainsi, par le biais des Plans Locaux de Prévention et de Proximité (PLPP) un soutien est apporté à la Ville de Bruxelles ainsi qu’aux communes de Schaerbeek et de Saint-Josse-ten-Noode. La Région contribue de cette manière au développement de projets locaux ou intercommunaux. Ces PLPP ont notamment pour objectif d’assurer une présence visible et rassurante dans les espaces publics, en ce compris dans les transports en commun (Gardien de la paix, éducateurs de rue, médiateurs, etc.). Ils visent également à assurer la médiation des conflits dans les espaces publics avec pour objectif de faciliter la communication entre personnes ou groupes de personnes en situation conflictuelle ou potentiellement conflictuelle, de les aider à parvenir à un accord, à définir les modalités/conditions permettant l’apaisement et/ou la réparation des faits à l’origine du conflit. Les travailleurs de rue, les médiateurs de conflits et les gardiens de la paix y jouent donc un rôle essentiel.



Cette stratégie locale se concrétise notamment par plusieurs projets visant à répondre aux phénomènes identifiés dans le Quartier Nord. L’élaboration d’une cartographie des différents acteurs présents au sein de ce quartier : associations, institutions publiques (communales et régionales), écoles, crèches et les acteurs de la santé en est un.

La Région coordonne également le renforcement de l’ancrage territorial des différents services actifs au niveau local qu’ils soient communaux, zonaux ou régionaux, et qui, par leur transversalité, contribuent à l’approche intégrée de la prévention et de la sécurité au niveau des quartiers. Pour ce faire, le Gouvernement bruxellois soutient depuis 2019 l’implémentation d’antennes de sécurité intégrées au niveau local (LISA). La création de ces antennes permet aux acteurs concernés, dans le respect de leurs compétences respectives, de travailler côte à côte, afin d’optimiser leur collaboration et leurs résultats sur le terrain. Ces antennes associent communes, zones de police et institutions régionales. À ce sujet, sachez que la Commune de Schaerbeek a par exemple répondu à un appel à projets lancé en 2021 et ce, en vue de l’implantation d’une antenne de sécurité intégrée dans le quartier Nord.

BPS soutient également les zones de police bruxelloises en renforçant leurs moyens de fonctionnement, par exemple, en matière de nouvelles technologies visant à soutenir le travail dans les quartiers et à renforcer l’ancrage territorial.


Enfin, des problématiques importantes telles que les assuétudes rencontrées dans le quartier Nord, ne sont pas oubliées. Ainsi, le futur centre intégré pour usagers de drogues en grande précarité se situera face à Tour & Taxis, derrière le port de Bruxelles, càd un carrefour stratégique, situé en effet à quelques centaines de mètres du parc Maximilien, de la gare du Nord et des stations de métro Ribaucourt et Yser. Ce futur centre a été conçu et sera un outil important dans le cadre d’une politique de sécurité intégrale et intégrée. Sa localisation n’est pas un hasard puisqu’il se trouvera le plus près possible de ce qu’on appelle dans le jargon les “scènes ouvertes”, soit les lieux consommation les plus difficiles.

Dans un objectif de compréhension et d’adhésion, des échanges ont déjà eu lieu entre les différents acteurs impliqués dans le projet à savoir : la Région, les pouvoirs locaux, les architectes, l’ASBL Transit et les riverains. Il s’agissait de présenter le projet et permettre aux riverains de poser des questions quant aux répercussions de l’implantation de ce centre sur leur cadre de vie. Ce fut l’occasion de rappeler que le quartier souffre d’une activité accrue de trafic de stupéfiants, que le projet en question a pour objectif de répondre aux défis liés aux évolutions du quartier dans les domaines de la santé, précarité et amélioration des espaces et de la tranquillité publique.





Ce projet prévu pour 2026 s’inscrit bien dans le cadre de l’un des principes de l’Accord de Majorité 2019-2024 à savoir : «
L’accès universel aux soins de santé » (voyez chapitre « Garantir l’accès à la santé et lutte contre les inégalités », paragraphe 3).



Par ailleurs, l’amélioration du cadre de vie, de la sécurité passe aussi par le soutien et l’accompagnement des différents acteurs sociaux actifs sur le territoire régional dans leur combat contre la précarité sont primordiaux. Le Gouvernement bruxellois s’est engagé dans sa déclaration de politique générale à lutter efficacement contre les inégalités et la pauvreté.

Bref, vous l’aurez compris, les autorités régionales ne délaissent pas le Quartier Nord. Le travail et l’investissement quotidien ne vont pas s’arrêter et aboutiront à des effets d’autant plus importants qu’ils sont soutenus par toutes les personnes désireuses d’améliorer la vie de nos citoyennes et citoyens.