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Question écrite concernant l'année 2023, année des qualifications.

de
Véronique Lefrancq
à
Bernard Clerfayt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de l'Emploi et de la Formation professionnelle, de la Transition numérique, des Pouvoirs locaux et du Bien-Être animal (question n°1068)

 
Date de réception: 19/09/2022 Date de publication: 10/11/2022
Législature: 19/24 Session: 22/23 Date de réponse: 10/11/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
26/10/2022 Question orale transformée en question écrite p.m.
04/11/2022 Recevable p.m.
 
Question    Dans son discours sur l’état de l’Union, la Présidente de la Commission européenne a mis l’accent sur le rôle joué par nos petites et moyennes entreprises au sein de l’économie européenne. Parmi les conditions nécessaires à l’épanouissement de ces dernières, la Présidente a souligné l’importance de garantir un environnement business-friendly, un accès aux ressources, et l’importance de doter la population des compétences requises pour participer à l’essor économique européen.

Concernant ce dernier point, elle a annoncé vouloir renforcer la coopération avec les entreprises pour les aider à trouver, et à former les talents de demain. La Présidente de la Commission a d’ailleurs annoncé vouloir faire de 2023 l’année européenne des qualifications.

Cette initiative permettrait de mettre la formation et les acteurs de terrain en avant puisqu’à Bruxelles, nous avons un vivier de talents hors du commun mais qui peine à trouver de l’emploi. En effet, de manière un peu simpliste, on pourrait dire qu’un peu plus de 94% des personnes inscrites à Actiris pourraient décrocher un emploi à court terme1 ! Le drame bruxellois réside donc dans la différence entre les compétences disponibles et les compétences recherchées.

Vous avez pris plusieurs initiatives qui visent à accroitre le nombre de personnes entrant dans une formation pour se remettre à jour ou se réorienter mais force est de constater que les effets sont à ce jour encore marginaux.

Sur la base de ces éléments, je souhaiterais, Monsieur le Ministre, vous poser les questions suivantes :

  • L’un de vos projets était la concrétisation du bilan de compétence des demandeurs d’emploi. En juin 2022, vous indiquiez qu’Actiris devait établir une stratégie de la mise en œuvre de cette mesure et qu’une base réglementaire devait venir soutenir l’action d’Actiris. Pouvez-vous nous dire où en est Actiris dans la rédaction de ladite stratégie ? De plus, vous aviez indiqué que vous souhaitiez présenter la base réglementaire au Gouvernement avant les vacances parlementaires. Avez-vous donc déjà pu présenter votre texte ? Quel est le calendrier prévu pour l’adoption de cette base réglementaire ?

  • Je vous avais également interrogé sur la tenue des tables rondes avec les acteurs des différents secteurs. En juin 2022, vous indiquiez avoir bien progressé dans la tenue de ces tables rondes. Pouvez-vous nous faire un état des lieux des principaux enseignements et des aspirations des différents secteurs ?

  • Je vous avais enfin interrogé sur l’initiative de l’Adeb de mettre en place un centre de formation. Vous aviez indiqué avoir pris contact avec l’intermédiaire de l’Adeb pour que le centre de formation s’établisse sur le, ou près du, centre de formation de Bruxelles Formation à Neder-over-Heembeek. Pouvez-vous nous faire part des derniers éléments dans vos contacts avec l’Adeb ?

1 En août 2022, il y avait 88 638 demandeurs d’emploi inscrits auprès d’Actiris et 84 000 offres d’emploi disponibles.

 
 
Réponse    Je vous remercie pour votre question.

La Présidente de l’Union Européenne a effectivement pointé la nécessité de réduire l’inadéquation des compétences entre l’offre et la demande d’emplois. C’est une recommandation récurrente de la Commission Européenne qui est adressée à la Belgique, ce compris la Région bruxelloise, dans le cadre du Semestre Européen.


C’est une préoccupation que je partage et qui a été exacerbée par la crise du Covid et qui risque encore de l’être avec la crise que nous connaissons liée à la Guerre en Ukraine.

C’est bien pour cela que j’ai souhaité donner une priorité claire au Service Public d’Emploi, Actiris, dans la réalisation de ses missions d’accompagnement des chercheurs d’emploi.
J’ai demandé qu’il mette en œuvre la réalisation systématique d’un bilan de compétences professionnelles, linguistiques et numériques. Ce bilan doit être prodigué à tout nouvel inscrit mais aussi et surtout aux chercheurs d’emploi bruxellois de plus longue durée.

Vous le savez, ce public-cible a trop souvent été délaissé et n’est plus aujourd’hui accompagné par un conseiller Emploi. C’est du gâchis de talents.


De mon côté, je déposerai très bientôt sur la table du Gouvernement un avant-projet d’ordonnance portant modification de diverses dispositions en matière de fonctionnement interne d’Actiris. Cadre réglementaire qui chargera Actiris de la mise en œuvre d’un accompagnement basé sur les bilans de compétences et les parcours de formation individualisé et obligatoire pour mener toujours plus de bruxellois vers l’emploi.

Quant à Actiris, vous le savez, sa gestion est paritaire. Dès lors, c’est le futur contrat de gestion qui doit être approuvé d’ici la fin de l’année qui reprendra cet objectif.


De-là, les plans opérationnels de la Direction générale suivront et permettront d’établir précisément la mise en œuvre progressive d’un bilan systématique des compétences du chercheur d’emploi et d’un parcours de formation sur-mesure et obligatoire en découlant.


C’est un changement de paradigme pour les conseillers Emploi et je sais que la Direction générale d’Actiris déploiera une stratégie de mise en œuvre progressive visant l’adhésion de l’ensemble du personnel d‘Actiris dès 2023.

Comme vous le soulignez, j’ai également entrepris de mettre les différents acteurs publics comme privés autour d’une même table pour définir un plan d’actions commun et à responsabilité partagée pour donner une réponse aux vacances d’emploi dans les secteurs en pénurie au bénéfice des chercheurs d’emploi qui souhaitent s’engager dans ces métiers.

Ainsi, les secteurs possédant un Pôle formation Emploi – PFE - (ou Centre de Référence - CDR), l’Horeca, le numérique, le transport et la logistique, la construction et les techniques industrielles, ont été impliqués dans le cadre de tables rondes.

Ces cinq tables rondes ont effectivement permis l’identification d’une série d’actions et de besoins touchant tout autant à l’image des métiers, qu’aux difficultés rencontrées par les organismes de formation pour toucher leurs publics et pour les services de l’emploi de collaborer efficacement avec le secteur privé.


Ces éléments sont regroupés dans un plan d’action que je communiquerai très prochainement.


Enfin, concernant l’initiative de l’Adeb de mettre en place un centre de formation, c’est dans le cadre de Construcity.brussels que Bruxelles Formation a pu échanger avec ses partenaires sectoriels, Embuild (Nouveau nom de la Confédération Construction), organisations syndicales et Constructiv, au sujet du projet lancé par l’Adeb, intitulé « Construlab ».

Bruxelles Formation étant demandeur de collaborer plus étroitement avec les entreprises en vue de faciliter l’accès à ces métiers aux Bruxellois.es, la volonté affichée par le secteur privé d’investir dans la formation des futurs travailleurs des métiers de la construction a été accueillie positivement.

Il convient d’articuler une telle initiative avec le dispositif de partenariat public-privé existant afin d’optimiser l’énergie et les moyens déployés tout en assurant la lisibilité de l’offre de formation pour les publics cibles.

C’est pourquoi Construlab sera prochainement invité au Conseil d’administration de Construcity.brussels pour présenter son projet.

Bruxelles Formation a effectivement fait savoir à l’Adeb son intérêt en proposant l’installation sur ou à proximité du site de BF construction à Neder-Over-Heembeek.
Cette option permet la consolidation d’un espace de référence en matière de formation aux métiers de la construction dans le nord de Bruxelles. Depuis lors, de nouveaux contacts ont été pris entre Bruxelles Formation et Construlab. Une rencontre est prévue afin d’envisager les contours d’un éventuel partenariat.

Nous verrons quelle suite sera donnée sur l’initiative de l’Adeb, initiative totalement privée je le rappelle mais que je peux soutenir puisqu’elle permet de former toujours plus de bruxellois vers des emplois qui recrutent.