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Question écrite concernant la mise en place d’une plate-forme européenne de recherche d’emploi pour les réfugiés ukrainiens.

de
Latifa Aït Baala
à
Bernard Clerfayt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de l'Emploi et de la Formation professionnelle, de la Transition numérique, des Pouvoirs locaux et du Bien-Être animal (question n°1076)

 
Date de réception: 17/10/2022 Date de publication: 19/01/2024
Législature: 19/24 Session: 22/23 Date de réponse: 12/12/2022
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
21/11/2022 Recevable p.m.
 
Question    Le lundi 10 octobre 2022, la Commission européenne présentait son nouvel outil de recherche d’emploi en ligne pour les réfugiés ukrainiens. Appelé, « Talent Pool Pilot », celui-ci est accessible en ligne et vise à « accélérer le processus d’intégration » des personnes qui ont fui la guerre en Ukraine. Ces personnes sont d’ailleurs majoritairement des femmes.

A ce jour, il me revient que seuls cinq États Membres participent au projet, la Belgique n’en fait pas partie, je le regrette. Notez que cette plate-forme est disponible en anglais, en Ukrainien et en Russe.

Le Commissaire européen pour l’Emploi, Nicolas Schmit, souligne l’importance d’un tel mécanisme pour les employeurs (4.000 participent déjà) qui font face à des pénuries d’employés. Cela concerne beaucoup de secteurs et beaucoup de profils différents.

Revenons au niveau de notre Région, vous présentiez en mai 2022 le plan d’accompagnement d’Actiris pour les chercheurs d’emploi ukrainiens. Une série de mesures y étaient inscrites, comme des chèques pour des cours de français et de néerlandais, une fois inscrits à Actiris ; mais aussi des accès à la crèche d’Actiris ; ou encore l’éligibilité d’une entreprise à la prime Phoenix.brussels, si elle engage une personne qui a perdu son emploi en Ukraine.

Monsieur le Ministre de l’Emploi,

Monsieur le Secrétaire d’Etat en charge des questions européennes,

  1. Pourquoi la Belgique n’est-elle pas partie prenante de ce nouvel outil européen ? Je plaide pour que cela se fasse, en bonne coordination avec toutes les autres parties prenantes.

  1. Dans quelle mesure travaillez-vous, ou non, avec les autres niveaux de pouvoir, pour pouvoir inscrire notre pays dans cette démarche ?

  1. Aujourd’hui, la guerre se prolongeant, quelles sont les stratégies régionales bruxelloises en matière de mise à l’emploi des personnes ayant fui la guerre en Ukraine ? Quels sont d’ailleurs les grands enjeux à relever que vous pointez ?

  1. Quels sont les premiers résultats du Plan d’Actiris, chiffres à l’appui ?

    1. La situation est-elle sous contrôle au niveau d’Actiris ?

    2. Comment avez-vous déjà réajusté le plan, en fonction de la situation sur le terrain ?

    3. Combien de chercheurs d’emploi ukrainiens ont trouvé, depuis leur arrivée, un emploi à Bruxelles ? Parmi ceux-ci, combien d’entre eux ont trouvé un emploi dans des métiers en pénurie ?

 
 
Réponse    Je vous remercie pour votre question.

Pourquoi la Belgique n’est-elle pas partie prenante de ce nouvel outil européen ? Je plaide pour que cela se fasse, en bonne coordination avec toutes les autres parties prenantes.

La crise ukrainienne a incité la Commission européenne à lancer le EU Talent Pool Pilot, qui vise spécifiquement les citoyens ukrainiens résidant dans l'UE et bénéficiant d'une protection temporaire.

La participation au projet pilote est volontaire. Pour la Belgique, les services publics de l'emploi dont Actiris et la branche belge du Réseau européen des migrations ont été invités à participer.


La participation des services publics de l'emploi a été discutée et concertée au niveau belge via SynerJob dès le mois de juin.
Les différents Services régionaux ont décidé collégialement de suivre l'évolution de Talent Pool mais de ne pas participer activement au projet pilote.

Les principales raisons ayant motivées cette position belge sont :

Le EU Talent Pool Pilot peut être utilisé presque exclusivement pour le jobmatching national. Par conséquent, le projet pilote serait parallèle et non pas intégrée aux services spécifiques existants pour les citoyens ukrainiens et pour les employeurs.

Bien que le Talent Pool recueille des CV et des employeurs de toute l'Europe, dans la pratique, il ne peut servir quasi exclusivement qu’à un usage national.

En théorie, la mobilité professionnelle vers un autre État membre est possible, mais il faut alors mettre fin à la protection temporaire dans le pays de résidence actuel et déposer une nouvelle demande dans l'autre État membre. Une procédure complexe donc, et le déménagement et l'emploi dans un autre pays ne sont pas non plus souvent une priorité pour les réfugiés ukrainiens à l'heure actuelle.

Pour faire simple, ce Talent Pool n’est qu’un bis repetita de ce qui est déjà mis en œuvre en Belgique, dans les trois régions, pour accompagner les réfugiés ukrainiens sur le marché de l’emploi.

Pour autant soyez assurée, Actiris a mis en place un service spécifique de conseil aux citoyens ukrainiens et de mise en relation avec les employeurs.

Il ne semble donc pas opportun de promouvoir un instrument parallèle qui pourrait créer ambiguïté et confusion.

Le Réseau Européen des migrations en Belgique suit également cette ligne et ne participe pas actuellement à l'initiative.


Dans quelle mesure travaillez-vous, ou non, avec les autres niveaux de pouvoir, pour pouvoir inscrire notre pays dans cette démarche ?

Le projet pilote et ses possibilités font donc l'objet d'un suivi actif, au niveau belge et européen. Ainsi, si une valeur ajoutée claire devait apparaître pour les réfugiés ukrainiens et pour les employeurs belges, la participation au projet pilote pourrait être reconsidérée.

Aujourd’hui, la guerre se prolongeant, quelles sont les stratégies régionales bruxelloises en matière de mise à l’emploi des personnes ayant fui la guerre en Ukraine ? Quels sont d’ailleurs les grands enjeux à relever que vous pointez ?

Le Gouvernement bruxellois a octroyé d’importants moyens pour mettre en œuvre une stratégie d’intégration des bénéficiaires de protection temporaire dans le tissu bruxellois. C’est un budget de plus de 4 millions d’euros qui a été libéré pour soutenir l’emploi de ces personnes en 2022 et qui sera reconduit en 2023.


Il y a une série d’enjeux à relever pour ces publics, qui représentent autant de freins vers l’emploi : la barrière de la langue, la reconnaissance des diplômes étrangers et des compétences, la temporalité du séjour en Belgique (les réfugiés sont-ils ici pour une courte période ou pour une plus longue période), le logement, la garde des enfants, etc.

Le principal enjeu est l’acquisition de compétences linguistiques. En ce qui concerne mes compétences, nous agissons au travers des dispositifs existants que nous renforçons notamment : formation en langue, chèque langue, et surtout la plateforme Brulingua à laquelle l’ukrainien a d’ailleurs été ajouté au 32 langues d’interface existantes.

Quels sont les premiers résultats du Plan d’Actiris, chiffres à l’appui ?

Rappelons que les Ukrainiens ont un accès illimité au marché du travail et donc aucune obligation d’inscription à Actiris, ni de délivrance d’une autorisation de travail.

Actiris comptabilise 1.725 inscriptions cumulées entre février et mi-septembre 2022.

a/ La situation est-elle sous contrôle au niveau d’Actiris ?

La situation a pu être gérée dans un premier temps sans devoir déployer des effectifs supplémentaires pour répondre à l’afflux de réfugiés en provenance d’Ukraine. Un appel à volontaires avait été fait auprès des collaborateurs, et en particulier des agents d’inscription et des conseillers emploi ayant une bonne connaissance de l’anglais (et éventuellement d’autres langues pertinentes) pour rendre possible les inscriptions et les premières orientations. Les conseillers de l’équipe Primo-Arrivants du Service Guidance Recherche Active d’Emploi (GRAE) et du Service Anti-Discrimination (SAD) ont également été mobilisés afin de soutenir les volontaires et d’approfondir les premières orientations.

b/ Comment avez-vous déjà réajusté le plan, en fonction de la situation sur le terrain ?

Dans le cadre de la Stratégie régionale d’intégration des Ukrainiens dans le tissu bruxellois, le budget dégagé par le Gouvernement pour le renforcement des services d’’orientation et d’accompagnement de ces chercheurs d’emploi a permis :
- Au niveau de la Cité des Métiers, deux agents d’accueil et deux conseillers (dont trois parlent ukrainien et / ou russe) ont été recruté depuis le 15 septembre.
- Au sein du Service Animations d’Actiris, une animatrice depuis le 15 septembre.
- Au sein du Service Guidance Recherche Active d’Emploi– Équipe Primo-Arrivants d’Actiris, une conseillère depuis le 3 octobre.

Des financements spécifiques vont également au renforcement des services ISP des CPAS ainsi que du soutien à l’emploi d’insertion visé à l’article 60§7.

c/ Combien de chercheurs d’emploi ukrainiens ont trouvé, depuis leur arrivée, un emploi à Bruxelles ? Parmi ceux-ci, combien d’entre eux ont trouvé un emploi dans des métiers en pénurie ?
À la fin août 2022, 156 chercheurs d'emploi ukrainiens inscrits auprès d'Actiris avaient trouvé un emploi. Cela représente 10,1 % des chercheurs d'emploi ukrainiens inscrits chez Actiris à la fin du mois d'août 2022 depuis le début du conflit.


87,2% des Ukrainiens inscrits qui ont trouvé un emploi étaient des femmes, 12,8% des hommes.
Les secteurs dans lesquels les Ukrainiens étaient le plus souvent employés sont le nettoyage, le travail intérim et l'horeca.