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Question écrite concernant le mentorat à destination des jeunes issus de l’immigration en Région bruxelloise.

de
Farida Tahar
à
Bernard Clerfayt, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale chargé de l'Emploi et de la Formation professionnelle, de la Transition numérique, des Pouvoirs locaux et du Bien-Être animal (question n°1249)

 
Date de réception: 21/09/2023 Date de publication: 15/11/2023
Législature: 19/24 Session: 23/24 Date de réponse: 14/11/2023
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
19/10/2023 Recevable p.m.
 
Question    Le site d’Actiris mentionne le partenariat entre l’organisme et trois acteurs bruxellois du mentorat professionnel : DUO for a job, Team4Job et MentorYou. Cette mise en relation est définie par Actiris comme étant "une forme de coaching dispensé par une personne expérimentée, le mentor, à un partenaire inexpérimenté, le mentee, formant ainsi un binôme pour échanger, partager et progresser ensemble".

En effet, le mentorat révèle de nombreux avantages, non seulement en augmentant les opportunités d’insertion professionnelle des jeunes, mais aussi en favorisant le transfert de compétences entre générations. Ce processus joue également un rôle crucial dans la déconstruction des préjugés, qu’il s’agisse de préjugés qui concernent la profession comme ceux qui concernent les individus.

Là où ce dispositif prend une dimension particulièrement essentielle, c'est lorsqu'il cible un groupe plus susceptible de subir des discriminations sur le marché de l'emploi, à savoir les jeunes issus de l'immigration, qu'ils soient primo-arrivants ou issus de la deuxième ou troisième génération. Le Monitoring socio-économique d’Unia a clairement illustré les difficultés rencontrées par des jeunes en matière d'insertion professionnelle.

Ces programmes de mentorat semblent particulièrement bien fonctionner. Il nous revient que 7 jeunes sur 10 ayant bénéficié d'un tel accompagnement trouvent une solution positive à leur situation, notamment par le biais de contrats à durée déterminée excédant trois mois. Ce phénomène n'est pas confiné à la Belgique; des initiatives similaires ont vu le jour en France et plus précisément à Paris, Marseille, et Lille.

Néanmoins, malgré ce succès, les associations œuvrant dans le domaine évoquent régulièrement des entraves. L'une des plus importante est l'absence de financement pérenne pour des dispositifs ayant fait leurs preuves et qui sont vecteurs d'apports considérables tant pour les travailleurs et employeurs que pour la sphère économique de notre région.

J’en viens donc, Monsieur le Ministre, à mes questions :

  • En vue des constats réalisés par Unia et de la recommandation de cette institution pour une meilleure intégration professionnelle des jeunes issus de l'immigration, quelles mesures concrètes avez-vous envisagées pour renforcer et élargir le mentorat professionnel à ce groupe cible à Bruxelles ?

  • Quelle évaluation faites-vous de l'efficacité et de l'impact des programmes de mentorat, en particulier ceux soutenus par Actiris, en matière d'insertion professionnelle pour les jeunes issus de l'immigration ?

  • Dans quelle mesure envisagez-vous de travailler avec des organisations et associations qui ont une expertise avérée auprès de ces populations pour renforcer le mentorat et répondre de manière adaptée aux défis spécifiques qu'elles rencontrent sur le marché du travail ?

  • Les mentors adoptent une approche holistique lorsqu'ils guident les jeunes, englobant des aspects tels que le logement, la situation familiale, les démarches administratives et les questions de statut. Puisque la focalisation exclusive sur l'emploi semble insuffisante, quels sont les stratégies envisagées et déployées par Actiris pour enrichir cet accompagnement global ?

 
 
Réponse   

La Région bruxelloise mène une politique volontariste en matière de promotion de la diversité en emploi et de lutte contre les discriminations à l’embauche.

Nous avons récemment pu adopter l’ordonnance visant à améliorer le cadre répressif dévolu aux tests de discrimination à l’embauche. Et le Gouvernement a adopté une stratégie en 15 engagements pour améliorer l’accès à l’emploi de tous les bruxellois peu importe leur caractéristique propre.

Vous m’interrogez plus particulièrement sur le mentorat pour les jeunes issus de la diversité. La Région a initié dès 2014 un Social Impact Bond pour le projet Duo For a Job. Depuis lors, son soutien continue pour renforcer le mentorat en vue de décrocher un emploi.

Celui-ci se révèle être une mesure d’accompagnement efficace. Le taux de sorties positives à 12 mois est particulièrement élevé. En 2021 : 66,5% des jeunes qui ont suivi un accompagnement de mentorat ont trouvé un emploi et 78,3% ont trouvé un stage ou une formation.

L’aide apportée par les mentors offre une multitude d’avantages aux chercheurs d’emploi qui vont au-delà de l’emploi en permettant au jeune d’acquérir aussi des soft skills, tels que découvrir des codes de conduite et de la culture propres au secteur professionnel visé, acquérir un rythme de travail, augmenter la confiance en soi et de la motivation etc.

 

Actiris travaille depuis de nombreuses années avec 3 partenaires bruxellois : DUO for a job, Team4Job et MentorYou. Des séances d’information pour tous les chercheurs d’emploi sont organisées régulièrement pour promouvoir ce genre d’accompagnement.

Dans le cadre du programme européen FSE+, la Région a pu récemment mettre sur pied un nouveau programme d’accompagnement vers l’emploi pour les jeunes. Dénommé COMBO4YOU, c’est accompagnement partenarial proposé par Youthstart, DUO for a job, Team4Job et MentorYou axé sur le mentorat et la formation collective tout en mettant le jeune en contact avec le monde des entreprises.

 

 

Le programme COMBO4YOU commence par une formation collective - 8 jours étalés sur 3 semaines -  stimule l’empowerment des jeunes en utilisant la pédagogie entrepreneuriale. A l’issue de cette formation, le jeune est remobilisé et peut démarrer son trajet de mentorat dans des conditions optimales et se concentrer sur la mise en place de son projet professionnel. Ensemble avec leur groupe, les jeunes participent également à des activités collectives qui visent à construire des ponts avec le monde de l’entreprise.

Le public-cible de COMBO4YOU est le suivant

-           Être âgé de 18 à 29 ans inclus ;

-           Être en situation de vulnérabilité, çàd :

o          max CESS (ou « Etranger sans équivalence ») OU

o          en chômage de longue durée OU

o          primo-arrivant OU

o          émergeant du CPAS

 

 

 

 

L’objectif est la (re)mise à l’emploi des jeunes de moins de 30 ans infraqualifiés et en situation de vulnérabilité.

 

Afin de disposer de leviers efficaces pour les mener à l’emploi, j’ai pu soutenir dans le cadre du FSE+ Emploi, la mise en place d’un trajet d’accompagnement, « One-Stop-Shop » organisé pour les primo-arrivants. Il vise une transition rapide entre le parcours d’accueil des primo-arrivants et leur insertion socio professionnelle.

L’un des partenaires « One Stop Shop », Convivial, a développé un projet de mentorat pour femmes primo-arrivantes. Le projet vise un objectif d’empowerment de ces femmes, en se basant sur les liens de solidarité naturelle qui se créent entre elles, quelle que soit leur origine sociale ou culturelle. Ce programme de mentorat se veut très accessible aux publics des femmes primo-arrivantes en passant notamment par une plus grande flexibilité linguistique.

Le recours à des femmes mentors parlant français, arabe, espagnol, anglais, voir d’autres langues de contact intervient en tout début de processus afin d’inciter les femmes les plus fragilisées à y participer. Les femmes visées prioritairement par ce mentorat seront identifiées principalement via 2 indicateurs de vulnérabilités :

- leur niveau d’isolement (ex : mères célibataires, anciennes MENA, etc…)

- leur possible exposition au contrôle social ou à des freins culturels, qui rendraient plus difficile leur relais vers les opérateurs ISP traditionnels.

 

L’aide apportée par les mentors va en effet bien au-delà de l’emploi. Par exemple, les jeunes vont acquérir toute une série de softs skills, telles que la confiance en soi et l’autonomie. En ce qui concerne par exemple les aspects liés au logement, bien que le mentor puisse se révéler utile, cela va au-delà de la question de la recherche de l’emploi et donc des compétences d’Actiris et de certains de ses partenaires.

 

Enfin, Le mentorat se révèle une mesure efficace.

En effet, les Taux de sorties positives à 12 mois (Action de travail de min. 28 jours, formation, reprise d'études ou stage débuté entre la date de sortie et 12 mois plus tard) ainsi que les Taux de sorties vers l’emploi (Action de travail de min. 28 jours débutée entre la date de sortie et 12 mois plus tard) sont particulièrement élevés.

Sorties positives et vers l’emploi cohortes 2019-2021 - Résultats 2020-2022 (Source : Actiris, calculs view.brussels) :

 

 

TSP

TSE

2019

71,6%

60,4%

2020

69,8%

57,0%

2021

78,3%

66,5%

 

Ces chiffres concernent l’ensemble des profils de chercheurs d’emploi accompagnés pour la mesure Mentorat. Et donc pas uniquement les jeunes issus de l’immigration.

 

Quant aux TSP et TSE concernant uniquement les chercheurs d’emploi accompagnés par Duo for a JOB, donc les jeunes de 18-33 ans de nationalités étrangères (hors UE) ou belges issu(e)s de l’immigration, on a respectivement :

 

TSP

TSE

2019

69,21%

58,41%

2020

66,67%

51,39%

2021

78,65%

65,17%

 

 

Comme vous le constatez, la Région bruxelloise a été pionnière pour soutenir le déploiement des projets de mentorat. Et elle renforce son soutien à l’innovation et la professionnalisation de ces initiatives.

 

Les jeunes Bruxellois sont l’avenir et la richesse de Bruxelles. Le Gouvernement bruxellois a veillé à développer une stratégie globale et partenariale pour leur offrir une réponse adéquate en vue de limiter les risques de chômage, dans laquelle s’inscrit notamment le soutien aux dispositifs de mentorat.