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Question écrite concernant les conditions de travail des pompiers bruxellois.

de
Vincent De Wolf
à
Ans Persoons, Secrétaire d'État à la Région de Bruxelles-Capitale, chargée de l'Urbanisme et du Patrimoine, des Relations européennes et internationales, du Commerce extérieur et de la Lutte contre l'Incendie et l'Aide médicale urgente (question n°942)

 
Date de réception: 24/10/2023 Date de publication: 29/01/2024
Législature: 19/24 Session: 23/24 Date de réponse: 29/01/2024
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
24/01/2024 Recevable p.m.
 
Question    Les agressions à l’encontre des pompiers bruxellois semblent être plus courantes et prennent des formes et des proportions inédites. Encore récemment, nous apprenions que des secouristes en intervention ont fait l’objet de menace, ont été victimes d’une agression au couteau et ont vu leur ambulance être dérobée. Face à la gravité de ces faits, un préavis de grève a d’ores et déjà été déposé par certains représentants du personnel qui exhortent le Gouvernement bruxellois de prendre des mesures immédiates et fortes pour protéger les agents opérationnels et, partant, pour garantir la bonne conduite des interventions dans l’intérêt des Bruxellois.

Ces incidents malheureux ne constituent pas des faits isolés. Au contraire, ils témoignent d’une tendance qui se généralise dans bien des villes européennes, comme admis par votre prédécesseur, mais qui ne peut s’expliquer que par des considérations sociologiques.

Ces incidents questionnent, plus largement, les conditions de travail des pompiers de Bruxelles qui semblent se détériorer en raison d’un manque de sécurité lors des interventions, mais aussi en raison d’une charge de travail qui croît pour les agents opérationnels. Ainsi, les représentants du personnel pointent les difficultés éprouvées par l’autorité pour la constitution d’une nouvelle réserve de recrutement à courte terme, alors que le besoin en personnel est réel. Ils dénoncent également l’arrêt du processus de promotion pour les grades de lieutenant suite à une divergence de points de vue entre le cabinet et le Service d’Incendie. Enfin, ils réclament une plus grande cohérence entre les formations jugées prioritaires par l’autorité et les réalités vécues sur le terrain. Bref, l’ensemble de ces éléments laissent penser qu’il y a encore de nombreuses pistes d’amélioration à explorer pour permettre au SIAMU de bien fonctionner.

Pour ces raisons, Madame le Secrétaire d’Etat, je souhaiterais vous poser les questions suivantes :

  • Pourriez-vous faire le point sur les incidents dont il est question et les conditions des agressions subies par les pompiers en intervention ?

  • Quel suivi est-il fait du plan d’action contre les agressions envers secouristes ? Quelles adaptations seront-elles proposées ?

  • Qu’en est-il du volet dédié au renforcement de la confiance entre les citoyens et les pompiers ? Quid des efforts annoncés en matière d’information et de communication ?

  • Quelle est la feuille de route du Gouvernement bruxellois en matière de recrutement de personnel opérationnel et de formation de ces agents ?

 
 
Réponse   

L’agression qui a eu lieu et dont il est question dans la question parlementaire ne constitue malheureusement pas une exception.

 

À ce titre, le plan d’action établi, mené et suivi par le SIAMU reste entièrement pertinent et applicable.

 

En d’autres termes, il ne me semble pas relever ici de faits nouveaux ou d’un changement dans les conditions de travail nécessitant une réponse particulière.

 

 

Entre-temps, des progrès ont été réalisés.

Comme vous le savez peut-être, la Chambre a adopté récemment une loi prévoyant des peines plus lourdes en cas de violence à l'encontre des secouristes.

Cette mesure faisait également partie du plan d'action visant à lutter contre les agressions à l'encontre des secouristes, qui recommandait notamment cette mesure au gouvernement fédéral.

Mon prédécesseur s'est adressé à plusieurs reprises au ministre de la Justice pour demander cette adaptation.

 

Concernant l'ampleur du problème et le nombre de cas enregistrés : pour l’année 2023, 62 incidents ont été enregistrés (62 formulaires ont été récoltés), dont 33 cas de violences physiques.

En comparaison, l'année précédente 2022, 59 cas de violence à l'encontre de pompiers ont été signalés.

 

 

Sur l'ensemble des plaintes (verbales + physiques), 33 concernent l'ambulance et 10 les pompiers (14 non spécifiées). 57 signalements ont été déposés par des hommes et 2 par des femmes (et 3 non spécifiés).

 

 

Type de personnel visé

2023

Service Ambulance

38

Service Incendie

10

Administratif

/

Non stipulé

14

Total général

62

 

Genre

2023

Masculin

57

Féminin

2

Non stipulé

3

Total général

62

 

Répartition
par type de faits

2023

1.Violence verbale (mots, menaces verbales, insultes…)

46

43%

2.Violence verbale à connotation sexuelle

3

3%

3.Violence physique (mouvement, coups, contacts avec/sans arme, caillassage…)

33

31%

4. Violence physique à connotation sexuelle

/

/

5.Psychologique (menace, intimidation, isolation, autre…)

25

23%

Total général

107

 

 

Un formulaire peut contenir plusieurs faits de violence (107 faits pour 62 formulaires).

Ces chiffres ne sont probablement pas complets, car nous supposons qu'il y a un sous-rapportage.  Les agressions verbales, en particulier, ne sont souvent pas signalées. Selon une enquête réalisée par VIAS l'année dernière, les travailleurs des services d'urgence indiquent qu'ils sont très régulièrement confrontés à des violences verbales et physiques.

Néanmoins, des efforts sont faits pour encourager le signalement, par exemple en sensibilisant le personnel et en simplifiant et numérisant les procédures. Cela fait aussi partie du plan d'action.

 

La réalité des interventions fait qu’il reste très difficile de mettre en œuvre, au niveau du Service Incendie, des moyens de protection de nos agents. En effet la nature même de leurs missions de secours implique que notre personnel est exposé frontalement aux individus et aux situations qu’il rencontre, dans un élan d’assistance.

 

 

Malgré le fait que ces agressions et violences relèvent d’avantage d’externalités, les mesures suivantes sont mises en œuvre à l’heure actuelle par le SIAMU afin de protéger son personnel :

 

Mesures de prévention et protection des pompiers-ambulanciers sur le terrain :

-           Si le risque est anticipé, comme le 31 décembre / manifestations de foules / quartiers sensibles dits « zones de vigilances »

o          Organisation d’escortes par la police

o          Procédure « désordre urbain » qui donne des instructions relatives au port des EPI ou des mesures de précaution spécifiques sur les autopompes (verrouillage, non port de la hache personnelle…).

-           Si le risque est identifié seulement lors de l’arrivée sur le lieu d’intervention : stand-by des équipes d’interventions, en attente d’un soutien de la police.

Mesures de protection physique des pompiers-ambulanciers :

-           Équipements de protection individuelle classiques : casque, rangers, tenues d’intervention

-           Équipements spécifique à l’étude (efficacité non démontrée) : gilets pare-lame et caméra personnelle ou caméra-véhicule. La modification de la législation sur les caméras est actuellement en discussion au Parlement, c’est aussi une disposition sur laquelle mon prédécesseur a insisté à plusieurs reprises auprès du ministre de l'Intérieur, afin qu'elle soit prise en considération.

 

 

 

Mesures de protection psychologique des pompiers-ambulanciers : soutien psychologique après les faits possible à l’initiative de la victime via Stress Team/Personnes de Confiance/Psychologue du Service.

 

Mesures de prévention : formation de tout le personnel

-           First Responder Anti Aggression Training (FRAT : intervention en cas d’émeutes)

-           Communication non violente,

-           Autre formation portant spécifiquement sur l’approche et le désamorçage de situation conflictuelle, en préparation pour 2024.

 

Concernant le volet dédié au renforcement de la confiance entre les citoyens et les pompiers :

 

Le 30/11 une campagne conjointe avec safe.brussels  a été lancée pour demander plus de respect pour les secouristes.

Par le biais de street art, des médias sociaux et des médias classiques, nous avons essayé de renforcer ce message. La campagne a été délibérément lancée au cours du mois précédant le réveillon du Nouvel An, qui est traditionnellement une nuit particulièrement éprouvante pour les services d'urgence.

À ma connaissance, le député a été invité à la station de radio Arabel pour une discussion dans le cadre de cette campagne. Au cours de cette émission, un pompier a également partagé son témoignage.

Un éventuel affichage sur les véhicules d’intervention est envisagé pour faire perdurer la campagne en 2024.

 

Autre initiative : il y a des présences ponctuelles dans des maisons de jeunes et de quartiers, pour expliquer le rôle des services de secours et leur fonctionnement. Souvent de pair avec une démonstration de réanimation.  Un dialogue constructif entre le secouriste et les personnes présentes s’installe et l’expérience est bien vécue par toutes les parties prenantes.

 

Encore, si je ne me trompe pas, le député lui-même a pu assister à un tel événement dans sa commune d'Etterbeek. Plus récemment, les pompiers ont visité un centre de jeunes à Molenbeek.

 

En outre, le corps des sapeurs-pompiers participe à d'autres activités :

- Présences pendant de fêtes de quartiers/braderies (comme dernièrement à la Cité Modèle) souvent en collaboration avec le pool des préventionnistes.

- Idem, présence pendant des compétitions/activités sportives.

- Visites des casernes par diverses associations, par exemple dernièrement un club de rugby d’Anderlecht, qui a fait usage des installations sportives du SIAMU.

- Visites à domicile par le pool des jeunes  préventionniste incendie pour expliquer les différentes mesures à prendre pour diminuer le risque incendie et intoxication au CO.

- La cellule Communication est présente, continuellement, sur les réseaux sociaux (META) pour faire un compte-rendu de certaines interventions.

 

Concernant votre question sur la feuille de route du Gouvernement bruxellois en matière de recrutement de personnel opérationnel :

Le SIAMU procède actuellement à une nouvelle campagne de recrutement pour les sapeurs-pompiers ambulanciers.

Cette procédure a débuté en août 2023 et prendra fin en avril 2024.

Une réserve pour chaque rôle linguistique sera constituée et permettra de pourvoir les postes vacants à ce grade pour 2024 et 2025.

 

Dans le cadre de la campagne pour le CAF (certificat d'aptitude fédéral), qui est la condition préalable d'accès au concours de recrutement du SIAMU, un grand effort a été fait pour attirer davantage de Bruxellois.es avec, entre autres, l'objectif d'améliorer la confiance entre les citoyens et les pompiers.

Les premiers engagements à l’issue de cette procédure sont prévus en octobre 2024 (24 agents) et en décembre 2024 (également 24 agents).

Les agents suivront le parcours de formation sur les 9 mois suivants.