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Question écrite concernant la photographie instantanée relative à la crise sanitaire du COVID-19 en Région de Bruxelles-Capitale.

de
Gladys Kazadi
à
Elke Van den Brandt et Alain Maron, membres du Collège réuni en charge de l'action sociale et de la santé (question n°96)

 
Date de réception: 02/04/2020 Date de publication: 04/05/2020
Législature: 19/24 Session: 19/20 Date de réponse: 29/04/2020
 
Date Intitulé de l'acte de Référence page
10/04/2020 Recevable p.m.
29/04/2020 Annexe à la réponse p.m. Annexe
 
Question    Il est évident que la situation actuelle est gravissime sur le plan sanitaire. Elle est d’autant plus grave qu’elle a de lourdes conséquences humaines et sociales qui touchent tous les Bruxellois.

Cette crise nécessite une union sacrée autant sur le plan moral que politique. C’est suivant cette logique que mon groupe cosignait les textes de pouvoirs spéciaux le 19 mars dernier.

Ce pouvoir immense qui vous a été attribué suppose de votre part une grande transparence auprès des assemblées parlementaires.

C’est dans ce cadre que je vous soumets, en date du lundi 6 avril 2020, les questions suivantes :

- Depuis le début de la crise du COVID-19, combien de Bruxellois ont été contaminés ? Combien de Bruxellois sont suspectés de l’être ? Combien sont décédés des suites du virus et combien ont été guéris ? Quelle est la répartition des cas par commune ?

- Quelle est la quantité et le type de matériel distribué à Bruxelles par la Région ainsi que par le Fédéral. Quelles ont été les procédures et les critères de distribution ? Une production régionale de matériel de protection de tout type à l’instar de ce qui devrait se faire en Région wallonne est-elle actuellement à l’étude ? Pouvez-vous me donner des précisions quant aux commandes de masque effectuées par la Région ? De quel type de masque est-il question dans ces commandes ?

- Le vendredi 3 avril dernier, plus de 25 millions de masques chirurgicaux et plus de 10 millions de masques FFP2/FFP3 ont été commandés par le Fédéral. Il était également question de la livraison de 10 millions de masques chirurgicaux et plus de 750.000 masques FFP2/FFP3. Combien de ces masques sont destinés à la Région ? Avez-vous participé à la réunion du Risk Management Group qui détermine la distribution ? Quelle position y avez-vous défendue pour garantir la livraison en suffisance vers la Région de ces masques ?

- Enfin, au total, combien de numéros de téléphone liés au COVID-19 ont été mis en place durant cette crise ? Pour quel public ? Dans combien de langues ? Combien d’appels sont reçus chaque jour pour chacun de ces numéros ? Quels sont les types de questions posées ? Quel est le suivi donné à chacune d’entre elles ? Comment est organisée la promotion de ces numéros, notamment envers les publics les plus fragilisés ? Pour quel budget ?

- Enfin, qu’en est-il des mesures mises en œuvre pour aider et soutenir les personnes sourdes et malentendantes ? En effet, ces dernières se retrouvent seules chez elles, confinées et ne peuvent évidemment pas téléphoner pour passer une commande, demander une aide ou envoyer un appel d’urgence.
 
 
Réponse    Etant donné que vous demandez une « photographie » de certains éléments de gestion de cette crise il faut bien être conscient qu’entre le moment où vous posez des questions puis de demander ces informations aux administrations concernées, de les recevoir et le moment de les transposer dans cette réponse écrite que je vous transmets, de nombreux éléments de cette photographie auront probablement fortement évolué.


1. Depuis le début de la crise du COVID-19, combien de Bruxellois ont été contaminés ? Combien de Bruxellois sont suspectés de l’être ? Combien sont décédés des suites du virus et combien ont été guéris ? Quelle est la répartition des cas par commune ?

Avant d’examiner ces chiffres il faut savoir que toutes les données ne sont pas accessibles à ce stade, voire même ne le seront jamais.
Par exemple le nombre de contaminés est impossible à connaître, et extrapoler sur les cas suspects serait hasardeux. Etant donné qu’une partie non négligeable des contaminé ne font aucun symptômes et donc passent inaperçus et qu’une grande partie des contaminés qui font des symptômes sont légers donc restent chez eux mais ne consulte pas forcément le système de santé.

Le nombre de décédés par contre est connu, il s’agit au 26/04 pour Bruxelles, à l’hôpital, de 503 décès covid-19 confirmés et de 111 cas suspects, et en MR-MRS, de 349 décès confirmés et de 507 suspects. Certains des décès mentionnés pour le secteur MR-MRS sont en réalité survenus à l’hôpital et se retrouvent donc dans les 2 sources de données, ce qui donne une surestimation. Mais comme nous n’avons pas encore de vue sur les décès à domicile les experts estiment que grosso modo les chiffres sont probablement très proches de la réalité.

Pour ce qui est des guérisons, là encore il faut comprendre (vu les guérisons spontanées à domicile et le non enregistrement quotidien des guérisons en MR-MRS) qu’on ne connait que très peu de choses, à savoir les guérisons des cas les plus graves, ceux qui ont été hospitalisés.

Au 26/04 il y avait eu 10 920 guérisons d’un covid-19 et 7 926 de cas suspects ayant tous nécessité une hospitalisation.

Pour ce qui est de la répartition des cas avérés de covid-19 par commune, au 23/04 elle était la suivante (cf annexe 1 – ci-dessous)


2. Quelle est la quantité et le type de matériel distribué à Bruxelles par la Région ainsi que par le Fédéral ? Quelles ont été les procédures et les critères de distribution? Une production régionale de matériel de protection de tout type à l’instar de ce qui devrait se faire en Région wallonne est-elle actuellement à l’étude? Pouvez-vous me donner des précisions quant aux commandes de masque effectuées par la Région? De quel type de masque est-il question dans ces commandes ?

Nous n’avons pas une vue précise et détaillée du matériel délivré par le fédéral aux hôpitaux de Bruxelles.

Pour ce qui est du secteur extrahospitalier les critères de distribution ont été les suivants : quel matériel est disponible (qualité et quantité), dans quelles institutions des patients covid/suspects sont-ils soignés en résidentiel, combien de soignants doivent obligatoirement avec des contacts physiques prolongés avec combien de cas covid/suspects, parmi ceux-ci quels risques de soins aérosolisants, quels lieux hébergent ou s’occupent de patients/résidents/clients à haut risque de transmettre du covid aux employés ou de succomber au covid ?

Sur cette base, ce sont principalement les secteurs suivants qui ont reçu du matériel : MR-MRS, institutions pour personnes porteuses de handicap, centres de santé mentale, IHP, MSP, initiatives pour sans-abris, centre de revalidation encore en activités, aide et soins à domicile, centres de planning familiaux, et certains services sociaux…

La procédure est la suivante : chaque institution est responsable de protéger son personnel et ses bénéficiaires, dans le cas où l’institution n’arrive pas par elle-même à se procurer le matériel nécessaire on lui rappelle qu’elle doit passer une commande centralisée auprès du SPF Santé Publique et que IRISCARE peut la dépanner (en fonction des stocks disponibles).

Nous avons effectivement fait démarrer une production locale de masques en tissus pour des non-soignants à Bruxelles par une entreprise ETA (Travie), sur le modèle de la fabrication « Dutra » en Wallonie. D’autre part nous avons un accord avec la Wallonie pour pouvoir acheter une partie (900 000/ 5 millions par mois) de leur production régionale de masques chirurgicaux industriels qui commencera au mois de mai.

Nous avons également stimulé la fabrication locale de visières par des fablab (environ 5000/semaine) qui examinent aussi la possibilité de fabriquer des surblouses réutilisables.

Vous trouverez en annexe 2 ci-dessous les détails de matériel distribués au 17/04 ainsi que les commandes en cours.


3. Le vendredi 3 avril dernier, plus de 25 millions de masques chirurgicaux et plus de 10 millions de masques FFP2/FFP3 ont été commandés par le Fédéral. Il était également question de la livraison de 10 millions de masques chirurgicaux et plus de 750.000 masques FFP2/FFP3. Combien de ces masques sont destinés à la Région? Avez-vous participé à la réunion du Risk Management Group qui détermine la distribution? Quelle position y avez-vous défendue pour garantir la livraison en suffisance vers la Région de ces masques ?

Quand le fédéral annonce avoir commandé du matériel il n’y a a priori rien de prévu dans ces chiffres pour les entités fédérées.

Toutefois, nous profitons en général de commandes fédérales auprès d’un fournisseur sérieux pour y adjoindre des commandes IRISCARE pour Bruxelles. Certaines de nos commandes reprises en annexe 2 sont donc associées à la grosse commande fédérale que vous évoquez.

D’autre part, lorsque IRISCARE est en manque de stock et qu’il peut démontrer au fédéral qu’une livraison arrive bientôt, le fédéral a toujours été prêt à nous avancer le matériel nécessaire.

Tout ceci est effectivement le fruit de la participation de nos cabinets et de notre administration aux réunions fédérales où cela se négocie (RMG et autres).


4. Enfin, au total, combien de numéros de téléphone liés au COVID-19 ont été mis en place durant cette crise ? Pour quel public ? Dans combien de langues ? Combien d’appels sont reçus chaque jour pour chacun de ces numéros ? Quels sont les types de questions posées ? Quel est le suivi donné à chacune d’entre elles ? Comment est organisée la promotion de ces numéros, notamment envers les publics les plus fragilisés ? Pour quel budget ?

Le 30 mars 2020, un numéro vert pour les urgences sociales a été lancé. Ce numéro est à la disposition de toute personne souhaitant appeler un service social de première ligne et a pour tâche principale de diriger les utilisateurs de ces services vers les services de première ligne encore actifs/ouverts. À cette fin, en collaboration avec les différentes fédérations, administrations, organisations faîtières et autres, une base de données a été mise en place, qui est actualisée toutes les 24 heures afin de disposer à tout moment d'une version actualisée, de manière à toujours avoir une vue d'ensemble des services auxquels le citoyen a encore accès.

Le numéro a reçu 241 appels la première semaine et 167 la deuxième semaine, ce qui porte à 408 le nombre total d'appels jusqu'au 8 avril. Le numéro a été composé par autant d'hommes que de femmes et la grande majorité provenait de particuliers, bien que les professionnels aient également utilisé le numéro gratuit.

Les appels concernaient principalement les thèmes du logement, de la santé physique, de l'alimentation et de l'aide alimentaire, des informations sur le numéro de téléphone gratuit lui-même et des revenus. Des questions sur la jeunesse et l'école, l'isolement social et la santé mentale ont également été notées.

Afin de faire connaître ce numéro, une campagne de médias sociaux a été lancée, des affiches ont été mises à disposition sur le site web de la Fédération des services sociaux en 17 langues et un spot radio a été lancé.


5. Enfin, qu’en est-il des mesures mises en œuvre pour aider et soutenir les personnes sourdes et malentendantes ? En effet, ces dernières se retrouvent seules chez elles, confinées et ne peuvent évidemment pas téléphoner pour passer une commande, demander une aide ou envoyer un appel d’urgence.

Les personnes sourdes et malentendantes n’ont certainement pas attendu l’arrivée de cette crise pour s’équiper de technologies qui permettent de communiquer autrement que via du son.

Notamment, pour contacter les services d’urgence en cas de maladie, les personnes sourdes, malentendantes, ou rencontrant des difficultés d’élocution doivent envoyer le mot "contact" au 8842. Il est également possible d’envoyer un mail à l'adresse sms@ibz.fgov.be. Elles reçoivent ensuite deux numéros d’urgence qui permettent soit d’alerter les ambulances et les services d’incendie, ou bien de contacter la police.

Un suivi de ce type de sollicitation est assuré par le SPF intérieur pour éviter qu’aucun appel ne reste sans suite.